Les trois lectures principales de ce dimanche nous présentent trois personnages, le prophète Élie, l’apôtre Paul et le disciple Pierre, alors qu’ils sont aux prises avec le doute, la peur et la tristesse. Voici qu’ils sont amenés par le Seigneur chacun leur tour, dans un contexte différent, à surmonter ces états intérieurs difficiles, et cela à travers une purification de leur foi.  Les trois hommes vivent en fait des situations analogues.

Matthieu 14, 22-33

Pour en finir avec la peur!

Les trois lectures principales de ce dimanche nous présentent trois personnages, le prophète Élie, l’apôtre Paul et le disciple Pierre, alors qu’ils sont aux prises avec le doute, la peur et la tristesse. Voici qu’ils sont amenés par le Seigneur chacun leur tour, dans un contexte différent, à surmonter ces états intérieurs difficiles, et cela à travers une purification de leur foi.  Les trois hommes vivent en fait des situations analogues. Si la liturgie évoquent pour nous quelque chose de leurs aventures spirituelles, c’est certainement pour que nous puissions apprendre d’eux à mieux gérer notre appel à suivre le Christ dans la foi.

D’abord le prophète Élie. Rappelons-nous qu’il est alors poursuivi par la reine Jézabel, l’épouse du roi Achab, après qu’il eut combattu avec violence les prêtres de Baal sur le Mont Carmel. Élie le champion de l’Alliance, l’homme de Dieu, intransigeant et intraitable avec l’idolâtrie, s’en va au désert, apeuré, épuisé, découragé… Le voici à la montagne de l’Horeb, où il apprend enfin qui est Dieu, que Dieu n’est pas associé à l’orage, ni au tremblement de terre, ni au feu. Il n’est pas celui qui écrase et qui fait peur, mais il est tendre et proche. Il est comme « le murmure d’une brise légère. » Dieu fidèle, qui s’offre à rejoindre au cœur l’homme démuni, pauvre et fragile qu’est devenu le prophète Élie, autrefois trop sûr de lui.

Puis il y a Saint Paul, le juif converti au Christ, qui s’attriste de voir ses frères en Israël ne pas suivre la même voie que lui, eux qui sont devenus plutôt les persécuteurs de la Bonne Nouvelle. Paul se pose de douloureuse questions : qu’est ce qui va arriver avec eux, ces frères de race, qui sont eux aussi héritiers des promesses ? Que va faire Dieu de leur résistance ?  C’est l’occasion pour l’Apôtre de lâcher prise et de faire confiance à Dieu et à son Christ qui sauront bien tirer parti du passé merveilleux d’Israël, et donner suite à tous ces privilèges accordés depuis si longtemps au peuple élu. Dieu saura bien faire grâce et lumière et montrer sa fidélité souveraine au temps voulu. « N’est-ce pas de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. »

Enfin il y a Pierre, le pauvre Pierre, qui cette nuit-là a failli se noyer en voulant faire le brave, comme s’il voulait rejoindre Dieu par ses propres moyens. Paralysé par la peur il apprend vite qu’il a besoin de son Seigneur pour tenir et même pouvoir aller le rejoindre. Il apprend que le Seigneur lui aussi le cherche et l’attend. Qu’il l’appelle. Que jamais le ressuscité ne va se dérober aux siens ni perdre contact avec eux, même s’il paraît s’absenter pour un temps.

Élie, Paul et Pierre… la liste pourrait s’allonger avec chacun, chacune de nous, qui voulons bien croire, qui pensons bien croire et bien pratiquer notre foi, mais qui parfois sommes dans l’illusion, allant jusqu’à nous penser capables de nous sauver tout seul, par nous-mêmes.  Or c’est Dieu qui sauve et qui nous sauve dans le Christ. Les épreuves par lesquelles nous passons sont, si nous le voulons bien, des lieux et des creusets pour apprendre, pour nous laisser modeler dans la vraie foi, celle qui nous fait lâcher prise et nous abandonner au Dieu de l’Alliance, Dieu d’amour et de fidélité. Tant mieux si nous apprenons vite et tout de suite qui il est, pour ne plus jamais sombrer dans la peur, la tristesse, le doute et le désenchantement.

Que cette eucharistie soit pour notre paix et pour notre confiance renouvelée au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus, le Christ, Dieu d’amour et de fidélité.
Par Jacques Marcotte, o.p.

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Voilà une image concrète de l’Eglise

L’Evangile d’aujourd’hui nous présente l’épisode de Jésus qui marche sur les eaux du lac (cf. Mt 14, 22-33). Après la multiplication des pains et des poissons, Il invite les disciples à monter sur la barque et à le devancer sur l’autre rive, tandis qu’il renvoie les foules, puis il se retire seul pour prier sur la montagne jusque tard dans la nuit. Entre temps, sur le lac se lève une forte tempête, et précisément au milieu de la tempête, Jésus rejoint la barque des disciples en marchant sur les eaux du lac. Lorsqu’ils le voient, les disciples prennent peur, croyant voir un fantôme, mais Il les tranquillise: «Ayez confiance, c’est moi, soyez sans crainte» (v. 27). Pierre, avec son élan typique, lui demande presque une preuve: «Seigneur, si c’est bien toi, donne-moi l’ordre de venir à toi sur les eaux»; et Jésus lui dit «Viens»! (vv. 28-29). Pierre descend de la barque et se met à marcher sur les eaux; mais le vent fort le frappe et il commence à couler. Alors il se met à crier: «Seigneur, sauve-moi!» (v. 30), et Jésus lui tend la main et le relève.

Ce récit est une belle icône de la foi de l’apôtre Pierre. Dans la voix de Jésus qui lui dit: «Viens!», il reconnaît l’écho de la première rencontre sur la rive de ce même lac, et immédiatement, une fois de plus, quitte la barque et va vers le Maître. Et il marche sur les eaux! La réponse confiante et prompte à l’appel du Seigneur fait accomplir des choses toujours extraordinaires. Mais Jésus lui-même nous a dit que nous sommes capables de faire des miracles avec notre foi, la foi en Lui, la foi en sa parole, la foi en sa voix. Au contraire, Pierre commence à couler au moment où il détache son regard de Jésus et se laisse emporter par les adversités qui l’entourent. Mais le Seigneur est toujours là, et lorsque Pierre l’invoque, Jésus le sauve du danger. Dans le personnage de Pierre, avec ses élans et ses faiblesses est décrite notre foi: toujours fragile et pauvre, inquiète et toutefois victorieuse, la foi du chrétien marche vers le Seigneur ressuscité, au milieu des tempêtes et des dangers du monde.

La scène finale aussi est très importante. «Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, en disant: “Vraiment, tu es Fils de Dieu!”» (vv. 32-33). Sur la barque, il y a tous les disciples, réunis par l’expérience de la faiblesse, du doute, de la peur, du «peu de foi». Mais lorsque Jésus remonte sur cette barque, le climat change immédiatement: tous se sentent unis dans la foi en Lui. Tous, petits et effrayés, deviennent grands au moment où ils tombent à genoux et reconnaissent dans leur maître le Fils de Dieu. Combien de fois nous arrive-t-il à nous aussi la même chose! Sans Jésus, loin de Jésus, nous avons peur et nous nous sentons inadéquats au point de penser ne pas réussir. Il manque la foi! Mais Jésus est toujours avec nous, sans doute caché, mais présent et prêt à nous soutenir.

Voilà une image concrète de l’Eglise: une barque qui doit affronter les tempêtes et qui semble parfois sur le point d’être renversée. Ce qui la sauve ne sont pas les qualités et le courage de ses hommes, mais la foi, qui permet de marcher également dans l’obscurité, dans les difficultés. La foi nous donne la certitude de la présence de Jésus toujours à nos côtés, de sa main qui nous prend pour nous soustraire au danger. Nous sommes tous sur cette barque, et là, nous nous sentons en sécurité en dépit de nos limites et de nos faiblesses. Nous sommes en sécurité surtout lorsque nous savons nous mettre à genoux et adorer Jésus, l’unique Seigneur de notre vie. A cela nous rappelle toujours notre Mère, la Vierge. Nous nous adressons à elle avec confiance.
PAPE FRANÇOIS
Angelus 10/08/2014

“Courage! c’est moi;
n’ayez pas peur!”

Tous les commentateurs depuis les premiers siècles ont vu dans cette «barque» battue par les vents, un symbole de l’Église au milieu de la tempête. Lorsque Matthieu écrit son évangile, les communautés chrétiennes n’étaient, effectivement, qu’une barque sans défense voguant difficilement sur la mer déchaînée de l’Empire romain, ramant à contre‑courant !  Les dirigeants de l’Empire les persécutaient et les responsables du judaïsme les chassaient des synagogues. Il y avait dissension au sein même des communautés chrétiennes, entre celles venus du judaïsme et celles originaires du monde gréco-romain.

Le récit de la tempête apaisée est un texte plein d’images et de symboles, qui s’appliquent aussi bien aux conditions difficiles du temps de Matthieu qu’aux conditions actuelles de notre Église. Aujourd’hui encore nous sommes dans la tempête. Notre monde est secoué par les guerres, les batailles entre partis politiques, le terrorisme, les ouragans, les épidémies, les famines, les tremblements de terre, les feux de forêts et les inondations. Les maladies de toutes sortes, les faillites immobilières, la flambée des prix, les pertes d’emploie, la pornographie, la drogue, la violence, les abus sexuels font parti de notre quotidien. L’Église se retrouve en période de décroissance et semble faire face à des problèmes insurmontables : L’assistance diminue, la «population pratiquante» vieillit, les églises ferment leurs portes et le nombre de prêtres ne suffit plus.

Ce sont les tempêtes dont parle l’Évangile. À travers tout cela, le Christ ne semble pas se rendre compte de ce qui se passe dans le monde. Il répète aux disciples : «Courage, c’est moi, n’ayez pas peur! Je suis là, avec vous

Pierre, qui nous représente tous, fait un acte de bravoure et demande au Christ d’aller le rejoindre sur les eaux en furie, mais sa foi n’est pas à la hauteur de ses aspirations. La peur le prend et il commence à couler. «Homme de peu de foi! Pourquoi as-tu douté?», lui dit Jésus, tout en lui tendant la main.

Il est intéressant de noter que Pierre, celui qui doute, qui s’enfonce dans la mer en furie, qui renie le Christ, est celui choisi pour devenir le chef de l’Église. Il aura pour tâche «d’affermir ses soeurs et ses frères dans la foi»! Ceci nous rappelle que notre foi n’est pas basée sur les dirigeants de l’Église, qui sont humains et faibles, mais sur le Christ lui-même qui assure la paix, la sérénité, la continuité de notre communauté chrétienne à travers les tempêtes de notre monde.

La «foi» est un combat contre le doute et contre la peur. Pierre, le «premier des croyants», n’est pas choisi à cause de ses qualités personnelles. Après toutes ses grandes déclarations de fidélité, nous le voyons perdre pied au procès de Jésus où il affirme «qu’il ne connaît pas cet homme». Au milieu de son doute et de sa peur, le chef des apôtres prie aujourd’hui avec insistance : «Seigneur, sauve‑moi! Kyrie eleison!» Tout comme chacun et chacune d’entre nous, le chef des premières communautés chrétiennes, le premier Pape, possède une foi fragile, il est plein de peurs et d’angoisses. Cependant, lorsque Jésus est avec lui, lorsqu’il lui prend la main, il se sent en sécurité. Dans notre monde de turbulence extrême, le Christ est là au coeur de nos tempêtes, il est source de paix.

À certains moments de la vie, notre horizon s’assombrit, à cause des échecs, des maladies, des deuils, des problèmes familiaux, des difficultés de toutes sortes. Dans la nuit, nous sommes sur une barque battue par les vagues, sous les rafales meurtrières des vents contraires. Et le Christ nous répète: «N’ayez pas peur, c’est moi, voici que je suis avec vous, jusqu’à la fin des temps.» Il est toujours prêt à nous tendre la main pour nous empêcher d’être engloutis par les flots. Le soir du Jeudi Saint, il avait dit à ses disciples : «Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix, mais je ne vous la donne non pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie.» (Jean 14, 27).

Chaque dimanche, nous nous rassemblons pour expérimenter cette présence du Christ dans nos vies et chaque dimanche, il nous répète ce qu’il dit à ses apôtres sur les eaux en furie : «Courage, c’est moi! N’ayez pas peur.»
Par Père Yvon-Michel Allard, s.v.d.
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