J’ai connu le P. Michele Bonfitto quand j’étais à l’école secondaire à Carraia. Etant donné que j’étais le responsable des chants et intéressé à la musique, j’ai eu la possibilité de le rencontrer plusieurs fois et de collaborer avec lui.
Après les études de théologie en Italie, il avait été affecté à l’Angleterre, où il fut pendant quelque temps collaborateur dans notre petit séminaire. Le p. Général de ce temps-là, le p. Todesco, lui permit de suivre des études approfondies de musique. Il eut le diplôme en piano, orgues, chant choral, chant grégorien, composition et direction chorale et d’orchestre. Il suivit des cours à Londres et d’autres, dont un en composition musicale, à Durham. Il reçut le deuxième prix pour la composition d’un hymne en l’honneur de la reine, dans une composition chorale à la Royal Albert Hall de Londres. La reine lui donna une baguette de chef de chorale que le père tenait en grande considération. Malheureusement, au cours d’une répétition, le P. Bonfitto cassa cette baguette, avec beaucoup de regret et quelques larmes.
Il composa plusieurs Messes et des chants en latin, avec des harmonies modernes plutôt recherchées, un oratoire sur Comboni qui avait comme titre Aube de Gloire, pour chœur, des solistes et orchestre. Parmi ses messes, se distingue la Missa Martyrum, composée en Angleterre et que nous avons chanté quand nous étions des enfants, à l’occasion de l’ordination sacerdotale d’un grand groupe de Comboniens, dans le Tempio Votivo de Vérone, présidée par le Cardinal Agagianian. C’était l’année 1964.
Le P. Bonfitto composa une Messe en latin à plusieurs voix et orgues à l’occasion du Concile Vatican II. Les deux Messes postconciliaires en italien les plus connues, chantées dans beaucoup de paroisses en Italie sont la Messa dei Fedeli et la Messe Sei Grande nell’Amore, avec des chants rythmées intéressants, les uns arrangés par le p. Bonfitto, d’autres originels, composés par lui-même. Il savait créer des harmonies avec goût et créativité, en évitant les banalités. Il avait un sens profond du chant liturgique et il était un véritable magicien dans la direction des chorales.
Son caractère n’était pas facile, et il devenait plutôt agité quand il sentait peu de considération envers sa personne. Il avait des moments de dépression. Parfois nous les étudiants nous devions l’encourager pour le ramener à la normalité. Parfois il ‘créait le mythe’ de lui-même comme musicien, comme le jour où il raconta que pendant un hiver froid en Angleterre, pendant qu’il se chauffait près du feu, il s’était endormi et fit tomber dans le feu les papiers d’une composition pour orchestre et chœur qu’il venait d’achever. Quand il se réveilla, il vit les dernières feuilles disparaître au milieu des flammes. J’avais déjà lu d’un autre compositeur qui avait fait la même chose. Une fois il me dit qu’il gardait des compositions de musique moderne auprès de son frère, un avocat de Florence, et qu’il s’agissait de musiques qu’on allait faire connaître quand les temps aurait mûris.
Le P. Bonfitto a été un homme avec de grandes qualités musicales, qu’il a su mettre au service de la liturgie et de l’Eglise. J’ai admiré en lui aussi sa capacité de savoir s’adapter aux temps nouveaux pour être significatif du point de vue musical aussi parmi les jeunes. Tout en ayant reçu une formation musicale classique, il était disponible à assumer un style plus rythmique et avec des accompagnements sur base de guitares et d’instruments à percussion. Beaucoup de mes connaissances dans le domaine de la musique et de la composition chorale viennent de lui.
(P. Guido Oliana).