Comboni, en ce jour

Dans l’homélie pour l’entrée à Khartoum (1873) comme Pro vicaire, il dit:
Mon premier amour dès ma jeunesse fut pour la malheureuse Nigrizia, et laissant tout ce qui m’était très cher je suis venu en ces contrées. Ensuite une obéissance m’a rappelé dans ma patrie pour des raisons de santé car les miasmes. Et finalement aujourd'hui, en revenant parmi vous, je retrouve mon cœur.

Écrits

Recherche
Recherche avancée – cliquez ici pour affiner la recherche
N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
991
Card. Giovanni Simeoni
0
Le Caire
21.12.1880

N° 991; (949) - AU CARDINAL GIOVANNI SIMEONI

AP SC Afr. C., v. 8, ff ; 1122-1125

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Le Caire, le 21 décembre 1880


Eminent et Révérend Prince,

[6190]

J'ai attendu en vain jusqu'à présent le secours que j'ai invoqué dans la situation difficile due à la faillite de Brown; mais le cher Saint Joseph ne fait jamais faillite. J'espère que le secours me sera accordé par la Sacrée Congrégation: Saint Joseph est concerné.

Je me suis occupé le mieux possible de mes affaires du Caire, aidé par les sages conseils des Révérends Pères Jésuites, qui sont si bons envers moi, bien que j'en sois indigne, et envers mon Œuvre ardue et laborieuse, qui appartient entièrement à Dieu. Je vous donnerai davantage de détails dans mon prochain courrier.


[6191]

L'Egypte est le quartier général le plus important, et le point de départ le plus opportun pour la régénération chrétienne de presque la moitié de l'Afrique. C'est avec un grand plaisir que je l'ai trouvée dotée d'une nouvelle Institution très importante qui manquait sur cette terre, et qui est vraiment nécessaire pour les besoins des femmes aisées et nobles; il s'agit du pieux Institut des Dames de la Mère de Dieu, dirigé par une sage Supérieure, et qui se développe déjà admirablement. Il est situé près de mes Etablissements, j'y suis donc allé plusieurs fois, et j'en ai été très édifié. Son Altesse le Khédive m'a fait part de sa satisfaction de voir naître un si bel Institut, il y fait éduquer une de ses filles adoptives qu'il a déclarée princesse. Après m'avoir embrassé la main, cette dernière, bien qu'âgée de 8 ans, a eu le courage de me dire qu'elle étudiera et qu'elle sera sage; puis, quand j'ai béni les nobles demoiselles agenouillées dans la salle, elle a eu le courage de rester debout.


[6192]

J'ai vu aussi la fille catholique de l'Israélite Blum Pacha, Ministre des Finances, il m'a déclaré qu'il était content que sa fille soit catholique et élevée chez ces Sœurs. Mais le plus bel éloge de ces Religieuses, Dames de la Légion d'honneur, ce sont les Jésuites qui les dirigent qui me l'on fait: ils m'ont dit que ces Sœurs étaient des religieuses de tout premier ordre.

Je vous dis tout cela pour vous faire part de ma consolation car mes Sœurs les Pieuses Mères de la Nigrizia sont voisines de ce digne Institut, dont elles ne peuvent qu'apprendre et recevoir des exemples édifiants et profitables.


[6193]

J'ai rendu visite à tous les ministres du Khédive d'Egypte, qu'ils soient Turcs ou Juifs, et certains m'ont ensuite rendu visite.

L'Excellent Monsieur le Baron de Schoeffer, ministre résident de Sa Majesté Apostolique m'a donné toutes les aides nécessaires pour l'importante expédition. Mais l'accueil le plus cordial m'a été offert par Son Altesse le Khédive, une vieille connaissance, il s'est entretenu avec moi pendant plus de trois-quarts d'heure, en me servant un cigare et du café; il a montré son entière satisfaction à l'idée que je lui écrive et que je le renseigne depuis l'Afrique Centrale (où il possède un territoire uni à l'Egypte, 5 fois plus grand que la France, comme on peut le voir dans le texte de géographie imprimé à Tours par Mame en 1880: "Cours spécial de Géographie pour l'enseignement primaire" p. 242 ; et j'ai toujours affirmé cela). De plus, il m'a promis:


[6194]

1°. D'écrire une chaleureuse lettre de recommandation à Son Excellence Raüf Pacha, Gouverneur Général des possessions égyptiennes du Soudan à Khartoum, en lui ordonnant de nous protéger la Mission et moi-même, et de m'aider quand il le peut. J'avais déjà de bonnes relations avec Raüf Pacha.

2°. D'ordonner au même Gouverneur Général d'envoyer de Khartoum un bateau à vapeur de l'Etat pour me prendre à Berber (il y a environ 300 milles avec des cataractes, et il faut parfois 20 jours, et même un mois pour les parcourir).

3°. D'ordonner au Ministre des Finances de recevoir l'argent de la Mission au Caire, et de me le faire payer par l'administration régionale de Khartoum.

Ceci est un grand bénéfice, parce que la Mission n'aura plus besoin de dépendre des négociants usuriers pour donner les lettres de change à la Mission que nous payerons au Caire. Le Ministre des Finances m'a déjà communiqué les ordres reçus de ses supérieurs, et il les exécutera au pied de la lettre.


[6195]

Finalement, le Ministre des Affaires Etrangères, un Turc fanatique, m'a accordé un Firman pour que mon expédition soit aidée par toutes les autorités, pour qu'elle soit exempte de tout contrôle et de tout paiement aux douanes de Souakin et de Khartoum.

Son excellence le Président du Conseil des Ministres et Ministre de l'Intérieur, Riaz Pacha, une ancienne connaissance pour les questions géographiques africaines, m'a accordé un autre Firman pour tous les Gouverneurs de la Monarchie Egyptienne, qui s'étend jusqu'aux lacs Nyanza et aux frontières de l'empire de Waday, avec l'ordre de protéger toujours la Mission et moi-même ; il m'a autorisé à porter des armes et des munitions, etc. (ce qui est généralement interdit), car, au Djebel Nouba, il vaut mieux avoir des armes, parce que les Baggaras et les Bédouins nomades ont tendance à voler, à créer des problèmes...


[6196]

J'avais décidé de partir de Suez avec le Rubattino, qui devait quitter ce port le 20 décembre. Mais tout comme il n'était déjà pas là le 6, il n'était pas là le 20, parce qu'il était parti pour la Baie de Hassab sans avoir atteint Souakin, et on m'a annoncé qu'un bateau à vapeur partirait de Souakin le 6 janvier.

Mais, "chat échaudé, craint l'eau froide" j'ai décidé ainsi de partir de Suez le 31 avec le bateau à vapeur turc, lequel (grâce à l'intervention d'une haute personnalité turque) m'a fait une réduction de 60 % pour 15 personnes, et me faisant payer seulement un quart du prix normal pour le transport des 80 caisses que je transporte en Afrique Centrale.


[6197]

J'ai trouvé l'Egypte dans de meilleures conditions qu'avant, gouvernée avec plus de sagesse et plus paisiblement qu'auparavant.

L'actuel Khédive est un jeune ayant bon cœur, de bonnes intentions, et il est honnête. Il n'a pas l'intelligence et le talent de son père, le premier Khédive, qui est actuellement à Rome, mais il n'a pas non plus la malice, la duplicité et la corruption de celui-ci, qui a fait beaucoup de bien mais aussi du mal à l'Egypte.

Sous son règne il y avait une grande corruption. C'était un homme plein de vertus et de péchés. Le Fellah (paysan) est très content de payer les impôts une seule fois en obtenant un reçu, alors qu'autrefois il les payait plusieurs fois et de surcroît il recevait des coups de bâton ; dans les administrations, avant tout le monde volait, maintenant, il n'y a même pas un quart des voleurs d'autrefois.


[6198]

J'ai constaté de mes yeux le bien que les Jésuites font ici au Caire; j'ai visité leurs écoles, et pris connaissance de la culture qu'ils transmettent à leurs disciples, surtout Coptes. A mon modeste avis, la venue de ces grenadiers de l'apostolat catholique est une grande bénédiction pour l'Egypte.

Je connais l'Egypte depuis de nombreuses années, et j'ai des rapports avec la classe la plus élevée, catholique et non catholique, avec la classe moyenne, avec la plus basse, je connais bien la franc-maçonnerie, la fange et la crème de l'Egypte.

J'ai été très frappé en voyant comment, sans faire de bruit, avec calme et prudence, les Jésuites ont mis le nez partout; ils connaissent très bien les plaies et la situation du peuple égyptien. Ils sont seulement trois Prêtres, avec deux scolastiques et quelques laïques, mais ils savent tout, ils savent toucher le point faible d'une âme, et savent bien manœuvrer pour conduire les personnes vers le bien et vers Dieu. Hier, le Supérieur m'a amené chez Linant Pacha, un catholique, qui a été pendant 40 ans Ministre des travaux publics, et que je connais depuis 20 ans, afin de préparer le terrain, en suivant son projet, pour qu'il se confesse... Il a 82 ans, il a peuplé l'Egypte de fils de toutes couleurs, et il a toujours eu le souci de les faire baptiser tout de suite, dès leur naissance...


[6199]

C'est une âme que les Jésuites réussiront sûrement à sauver. Mais en attendant, j'ai constaté :

1°. Que les Jésuites, en dépit des loges maçonniques et de la lie européenne qui encombrent l'Egypte, sont très estimés de tous, même des Turcs et de tous les Orientaux.

2°. Que s'ils avaient un grand temple ou une église, où ils seraient autorisés à prêcher la parole de Dieu et à confesser, en très peu de temps beaucoup de personnes iraient les entendre, parce qu'en Egypte on a soif de la Parole de Dieu, et tout le monde viendrait les écouter. Mais pour l'instant, ils n'ont qu'une pièce pour chapelle.


[6200]

Pardonnez-moi, Eminent Prince, si je vous parle de choses qui ne semblent pas être de ma compétence. L'Egypte est la clef de la moitié de l'Afrique, je suis un humble et indigne ouvrier de l'Afrique, et les affaires de Jésus-Christ et de l'Eglise m'intéressent profondément, surtout si elles concernent l'Afrique.

Les intérêts de l'Afrique Centrale, de l'Abyssinie et des Galla, bref, de tout le Haut Plateau éthiopien, sont étroitement liés avec ceux de l'Egypte. Je parle des intérêts religieux, et je vous prouverai cette importante thèse chaque fois que je le pourrai.

En attendant, je vous souhaite de bonnes fêtes et une bonne année, et je vous prie de bien vouloir présenter mes vœux au Saint-Père, à Monseigneur le Secrétaire, etc. J'embrasse votre Pourpre Sacrée, et je suis votre


indigne et obéissant fils

+ Daniel Comboni Evêque


992
Abbé Vincenzo Marzano
0
Le Caire
26.12.1880

N° 992; (950) - A L'ABBE VINCENZO MARZANO

ACR, A, c. 15/57

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Le Caire, le 26 décembre 1880



Mon cher Abbé Vincenziello,

[6201]

Dans quelques jours, je viendrai pour visiter ton église; on me dit qu'elle est admirable.

Je suis très heureux de cette grande œuvre qui est la gloire de Dieu et une nouvelle preuve de ton zèle. Comme récompense pour tes efforts (outre celle que tu trouveras sûrement au Ciel), je te confirme ma satisfaction paternelle.

Je te confie encore une fois que j'ai éprouvé la plus grande satisfaction en voyant et en touchant de la main, que le monde est plein de brigands qui t'ont calomnié sans mesure.


[6202]

Cependant, par prudence, je ne t'ai rien fait savoir et j'ai attendu qu'ils soient démasqués, comme en effet cela s'est passé... à leur plus grande honte, et sans troubler la paix de ton cœur noble qui, comme le mien, aime l'Afrique.

J'ai donc eu une nouvelle preuve me confirmant qu'il ne faut pas accorder trop de crédit aux saints qui sont encore sur terre.

Mais je ne veux pas que tu te serves de cela comme argument pour t'enorgueillir : nous sommes des hommes, et nous pouvons toujours en faire de toutes les couleurs.

Prie plutôt le Seigneur (comme je le fais), et loue et remercie la Justice de Dieu en moi qui suis et serai toujours ton Père.

Je te bénis, ainsi que tous les autres,

bien à toi

+ Daniel


993
Déclaration
0
Le Caire
27.12.1880

N° 993; (951) - DECLARATION

ACR, A, c. 26/34 n.2

Le Caire, le 27 décembre 1880

Déclaration de la bénédiction du terrain pour la chapelle du Caire.

994
Note
0
Le Caire
28.12.1880

N° 994; (952) - NOTE

ACR, A, c. 22/3 n.3 et 4

Le Caire, le 28 décembre 1880

Note sur le projet de l'Eglise du Sacré-Cœur.

995
Père Giuseppe Sembianti
0
Le Caire
28.12.1880

N° 995; (953) - AU PERE GIUSEPPE SEMBIANTI

ACR, A, c. 15/105

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Le Caire, le 28 décembre 1880

Mon cher Recteur,

[6203]

Je suis si fatigué que je ne peux presque plus respirer. Les Grecs, et surtout les Coptes, les innombrables problèmes et les affaires, qui ont pour but la gloire de Dieu, m'ont occupé toutes les journées d'hier et d'aujourd'hui, et j'ai passé toute la nuit à travailler et à écrire.

L'Abbé Bortoli est parti hier matin pour Suez avec Pimazzoni (qui est un vrai Missionnaire), afin de tout embarquer sur le bateau à vapeur turc du Khédive (le Rubattino n'a pas de départ fixé, il manque de...).

Je pars demain avec les Sœurs, les prêtres et le reste de la caravane. Ce matin, dans la chapelle des Sœurs, j'ai baptisé notre brave jeune Noir, qui est très bon, que Dichtl a instruit, et qui connaît en arabe tout le catéchisme de Monseigneur Valerga et l'histoire des deux Testaments. Dichtl a beaucoup de talent et connaît l'arabe,(même si sa prononciation est mauvaise, comme tous les Allemands).

Il peut donc faire le catéchisme et prêcher; maintenant je me le suis complètement attaché à moi, ainsi qu'aux vrais intérêts de la gloire de Dieu et de l'Afrique. L'Abbé Joseph Ohrwalder a moins de talent, il est plus imprudent, mais il est bon et attaché jusqu'à la mort à la Mission, et il est prêt à mourir tout de suite.


[6204]

L'Abbé Paolo Rosignoli n'est pas très attaché à la Mission, il n'a pas trop envie de souffrir, et il n'est pas vertueux. Il a mis en mouvement tout le Caire, les Franciscains, les Frères, les Jésuites et le Visiteur Apostolique des Coptes pour me supplier de le prendre avec moi au Soudan. A vrai dire, j'avais décidé de ne pas le prendre, et je lui avais préparé l'autorisation exeat pour l'envoyer à Rome: mais il était désespéré, et ne voulait pas partir. Le bon Père de Villeneuve est venu me voir plusieurs fois en me proposant les conditions dans lesquelles je pourrai recevoir Rosignoli au Soudan, à savoir: le renouvellement du serment qu'il a fait à Rome, qu'il referait devant moi, et un document par lequel il s'engage à se faire envoyer de l'argent de sa famille dans le cas où il voudrait rentrer, etc. (c'est ce que l'Abbé Bortolo avait proposé).


[6205]

L'Abbé Paolo accepte tout, et de cœur... Après mille événements qu'il serait long de raconter, je suis allé chez les Jésuites (chez le Père de Villeneuve en particulier et chez Salzani), et après avoir examiné et discuté les points en question avec leurs conseils, j'ai presque décidé de le prendre avec moi.

Il est évident, comme l'ont fait remarquer les bons Pères Jésuites, que le cas de l'Abbé Rosignoli a été très exagéré. Certainement il jouit d'une bonne réputation auprès des Frères et des Franciscains qu'il a beaucoup fréquentés.

Le Père de Villeneuve lui a prêché les Exercices Spirituels. et de surcroît l'Abbé Paolo à fait chez lui sa confession générale. Le Père m'a dit que je peux le prendre avec moi, et que je peux être sûr que la terrible et injuste épreuve qu'il a endurée dernièrement, (à cause de Pennachi qui ne m'a même pas consulté auparavant, moi qui suis le seul et l'unique Supérieur de Rosignoli; pour cela Pennachi a été critiqué par Propaganda Fide, tout comme le Cardinal Consolini qui se laisse mener par le bout du nez par ce dernier, et qui par ailleurs est un homme pieux et savant), et la terreur qu'il a éprouvée après mon arrivée au Caire alors que je lui ordonnais de regagner Frascati, furent pour lui une grande leçon qui le pousseront, ou qui l'encourageront à se corriger ...


[6206]

Parmi les accusations que l'Abbé Bortolo a entendues de la part de l'Abbé Giulianelli (bon administrateur, saint, mais ni avisé ni constant pour diriger un établissement), une affirmait qu'il était mondain et ambitieux parce qu'il utilisait des parfums comme les femmes. Je lui ai fait ouvrir ses deux mallettes, et j'y ai trouvé 8 flacons d'eaux de La Scala. Ce produit est nécessaire : en effet l'Abbé Bortolo en avait envoyé plusieurs fois aux Sœurs en Afrique, car il est utile pour les convulsions. J'en ai parlé aux Jésuites, et ils se sont mis à rire en me disant : "Emmenez l'Abbé Paolo avec vous, et espérons qu'il se comporte bien".

Ce matin, j'ai baptisé le jeune Noir et une Noire de 22 ans qui demeure dans la maison de notre bon et brave Procureur Giuseppe Sciaui (l'Instituteur Gagliardoni, Monseigneur Stegagnani et l'Abbé Bricolo le saluent).


[6207]

In secreto inter multa. L'apostolat d'Egypte est le monopole des Franciscains qui contrarient avec acharnement tous ceux qui ne sont pas des Franciscains de la Terre Sainte. J'ai dû écrire plusieurs fois pour avoir l'autorisation du Délégué Apostolique l'Archevêque Ciurcia pour baptiser les deux jeunes Noirs. Il n'a pas permis que je pose la première pierre de notre chapelle, pour que cette petite église ne soit pas le prétexte pour les voisins de la fréquenter et d'y aller pour la Messe. Il a interdit les cloches, (et nous sommes ici au milieu de trois temples protestants qui ont des cloches...). J'ai tout raconté à Salzani (qui est une brave et fort prudente personne, le second après le Père Normand, Supérieur des Jésuites de Syrie et d'Egypte), et il m'a dit que je dois faire connaître tout cela à la Propaganda Fide et qu'il est temps d'en informer Rome.


[6208]

Mais je veux agir avec prudence. J'ai cependant pris quelques accords ad hoc avec le Père Salzani, qui m'a demandé d'aller avec lui en Syrie, pour nous accorder avec le Père Normand. J'ai refusé maintes fois parce qu'il était urgent que j'aille au Soudan. Le Père Supérieur Salzani alors envoya un télégramme au Père Normand à Beyrouth, qui répondit qu'il serait au Caire le dimanche. Mais je pars demain, et le courrier part maintenant. Je vous écrirai de Suez si j'en ai le temps. J'écrirai de Souakin à l'Eminent Cardinal, au Père Supérieur, à l'Abbé Luciano (j'ai reçu la nouvelle de la mort de son beau-frère, j'enverrais donc mes condoléances à sa sœur), etc.

Votre affectionné

+Daniel, Evêque


996
Signatures Messe
0
Suez
30.12.1880

N° 996; (954) - SIGNATURE DE LA MESSE CELEBREE A SUEZ

ACFS, Registro delle Messe

Le 30 décembre 1880

997
Son Père
0
Suez
31.12.1880

N° 997; (955) - A SON PERE

ACR, A, c. 14/126

Suez, sur la Mer Rouge,

le 31 décembre 1880

[6209]

Aujourd'hui, c'est le 26ème anniversaire de mon Ordination à Trente, et dans une heure (à trois heures de l'après-midi), je pars d'ici (près du passage du Pharaon... ) pour Souakin. Tout le monde vous salue affectueusement ; nous sommes 16.

Nous débarquerons à Souakin dans 5 jours. Saluez la famille, les amis, de ma part. Nous allons tous bien.

Votre affectionné fils

+ Daniel, Evêque


998
Prop. de la Foi, Lyon
0
1880

N° 998; (956) - A LA PROPAGATION DE LA FOI DE LYON

APFL, Afrique Centrale, Tableau 1880

Fin 1880

Statistiques et notes administratives.

999
Liste Miss.
0
1880

N° 999; (957) - LISTE DES MISSIONNAIRES PARTANT

ACR, A, c. 18/31

Fin 1880

1000
M. Moroni Gaetano
0
1880

N° 1000; (958) - A MONSIEUR LE COMMANDEUR MORONI GAETANO

"Museo delle Missioni Cattoliche" 23 (1880), pp. 519-520

1880

[6210]

Deux Pachas musulmans de grande intelligence sont venus me rendre visite en février 1879. Je les ai reçus dans mon salon de Khartoum, alors que j'étudiais un important article de votre Dictionnaire sur l'Ethiopie, et les articles correspondant à l'Egypte, à l'Abyssinie, etc. " Votre Révérence étudie tout le temps - m'a dit l'un d'eux, - vous êtes toujours penché sur les livres ". "Oui, j'étudie toujours - ai-je répondu- et j'étudie votre histoire, vos guerres, vos folies, et vos incessantes persécutions contre nous les chrétiens ". "Agiaib ! (merveille !) - se sont écriés ces deux grands Pachas - et ces guerres sont-elles écrites dans ce livre ? " "Oui - ai-je répondu - elles y sont toutes ".


[6211]

" Par exemple, ici en Nubie, la population était chrétienne, il y avait des Evêques chrétiens, des Prêtres et des Moines, et vous, mahométans, vous les avez tués et chassés, etc." "Agiaib ! - m'ont-ils dit- et tout cela se trouve dans ce livre ?" "Oui - ai-je répondu - tout est ici ; et vous pouvez voir aussi les autres livres du même auteur (je leur ai montré ma petite bibliothèque où étaient rangés les 103 volumes, et le n° 1 de l'Index). "Agiaib" - ont-ils ajouté - "et qui a écrit cette montagne de livres ? " "Un seul homme - ai-je répondu -" Impossible - ont-ils dit - aucun homme ne peut faire cela, même notre prophète (Mahomet) n'est pas capable de faire cela, mais seulement Dieu le Très-Haut : Allahel aazim fagket " "C'est vraiment un seul homme - ai-je répondu - c'est mon ami et il vit encore ".

" Il vit encore ? Allah iataual ümroh (que Dieu lui accorde une longue vie) ". "Et savez-vous qui c'est ? - ai-je répondu - c'est un certain Chevalier Moroni. " "Ah, ton frère Comboni" ajouta l'un des deux (en confondant le nom de Moroni avec Comboni). " Non, Moroni n'est pas mon frère. Savez-vous qui est ce grand homme ? Il était un serviteur, le serviteur du Pape, familier du grand Pontife Grégoire XVI". "Agiaib! " ont répondu les Pachas complètement hors d'eux.

" Le serviteur du Pape (Kadam el Baba) a écrit et a fait sortir de sa tête cette montagne de livres ?"


[6212]

" Oui - ai-je répondu- il a été le serviteur du Pape". Et Hassan Pacha ajouta : "ona scia Allah!! Si l'intelligence du serviteur du Pape a accouché de cette montagne de livres, quelle est donc l'intelligence du Pape, son chef ? Qui, parmi les mortels, peut atteindre l'intelligence de votre Pape ? Quelle merveille ! (Agiaib), personne, sauf Dieu, pas même le prophète ! Le Pape est le plus grand et le plus sage des mortels. Aucun de nos Muftis (grands prêtres) ne connaît même pas un millième de ce que sait le serviteur du Pape, il n'y a que Dieu qui peut faire cela..."


[6213]

Vous voyez bien, Monsieur le Commandeur, quelle réaction a provoqué votre magnifique dictionnaire dans l'esprit de deux grandes personnalités parmi les Turcs. Mais je m'arrête là.

Je suis de l'avis que l'Index vaut une fortune. Il fait honneur à celui qui l'a rédigé, et aussi à celui qui l'a imprimé. Dieu vous récompensera de ce service si important, ici sur terre, et là-haut, au ciel.

Je vous prie d'élever une fervente prière pour moi, car j'ai cent millions d'infidèles dans mon Vicariat. Au revoir et priez pour votre



très dévoué et très affectionné

+ Daniel Comboni

Evêque de Claudiopoli

et Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale