Lundi 15 septembre 2014
Avec ce message nous voulons célébrer les 150 ans du Plan pour la Régénération de l’Afrique, ce Plan en fonction duquel Daniele Comboni avertit la nécessité de fonder à Vérone l’Institut des Missions pour la Nigrizia, avec la variété de ses membres: hommes et femmes, religieux et laïcs. Nous, les responsables des Instituts qu’il a fondés – Sœurs Missionnaires Comboniennes “Pie Madri della Nigrizia” et Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus – et des autres expressions missionnaires qui s’inspirent à son charisme – Missionnaires Séculières Comboniennes et Laïcs Missionnaires Comboniens – nous avons voulu écrire cette lettre pour partager une petite réflexion sur le Plan qui continue à accompagner notre vie missionnaire et nous défie à devenir une réponse aux différentes situations missionnaires que nous vivons aujourd’hui en tous les endroits dans lesquels nous sommes présents.

 

LE PLAN DANS L’HISTOIRE
DES FILS ET DES FILLES DE COMBONI
LE LONG DE CES 150 ANS

“A partir de 1857, me trouvant ici, en Afrique Centrale, dans la Mission des Kichs sur le Fleuve Blanc, j’ai pu goûter toutes les épreuves de ce difficile apostolat et ayant été onze fois sur le point de mourir à cause du climat et des grosses fatigues, j’ai été obligé de retourner en Europe où, après quelques années de convalescence, j’ai pensé à la manière de retourner sur ce champ de bataille pour y sacrifier ma vie pour le salut des Noirs.
Ce fut le 18 septembre 1864 ; en sortant du Vatican, où j’avais assisté à la Béatification de Marie Marguerite Alacoque, qu’il m’est venu à l’esprit de présenter au Saint-Siège un Plan pour reprendre l’apostolat en Afrique Centrale. C’est le Sacré-Cœur de Jésus qui m’a fait surmonter les grandes difficultés pour réaliser mon Plan pour la Régénération de la Nigrizia par la Nigrizia elle-même”.
(Ecrits 3302)

Aux membres des Instituts comboniens
A tous ceux qui s’inspirent
au charisme de saint Daniele Comboni

1. Une salutation cordiale

Chères sœurs et Chers frères,
Avec ce message nous voulons célébrer les 150 ans du Plan pour la Régénération de l’Afrique, ce Plan en fonction duquel Daniele Comboni avertit la nécessité de fonder à Vérone l’Institut des Missions pour la Nigrizia, avec la variété de ses membres: hommes et femmes, religieux et laïcs.

Nés du Plan et pour le Plan, nous ne pouvons oublier que c’est l’héritage laissé par le Père Fondateur, un héritage précieux que, encore aujourd’hui, la Famille combonienne entend accueillir et conserver avec profonde reconnaissance, responsabilité et engagement.

Nous, les responsables des Instituts qu’il a fondés – Sœurs Missionnaires Comboniennes “Pie Madri della Nigrizia” et Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus – et des autres expressions missionnaires qui s’inspirent à son charisme – Missionnaires Séculières Comboniennes et Laïcs Missionnaires Comboniens – conscients aussi que tant d’autres gens et groupes de laïcs, de plus en plus nombreux et que d’une façon ou d’une autre vivent avec nous la passion combonienne missionnaire, nous avons voulu écrire cette lettre pour partager une petite réflexion sur le Plan qui continue à accompagner notre vie missionnaire et nous défie à devenir une réponse aux différentes situations missionnaires que nous vivons aujourd’hui en tous les endroits dans lesquels nous sommes présents.

Avec cette lettre nous voulons aussi exprimer notre désir de montrer l’actualité et la validité des intuitions que saint Daniele Comboni a su recueillir dans les pages du Plan, en reconnaissant qu’il a été un vrai et efficace instrument pour le travail missionnaire développé par beaucoup de frères et sœurs pendant ces 150 ans, d’abord en Afrique et puis en d’autres parties du monde.

Nous voulons que notre réflexion devienne, si possible, une façon de célébrer cet anniversaire, en nous laissant toucher par les urgences de la mission que, malgré les efforts considérables réalisés pour apporter l’Évangile à tous ceux qui sont lointains, continuent à nous défier.

Nous désirons écouter de nouveau, à travers les pensées imprimées dans le Plan, le cri de saint Daniele Comboni qui nous appelle à consacrer notre vie pour ceux qui sont dans le monde d’aujourd’hui les plus pauvres et les plus délaissés, lesquels ont droit à recevoir l’annonce de la Parole.

Nous pensons aussi qu’il est une occasion opportune pour remercier le Seigneur pour le don de l’Esprit qui a travaillé au cœur de notre Fondateur et dans les vies de beaucoup d’entre nous qui ont été en mesure de réaliser le Plan pour la Régénération de l’Afrique avec le don joyeux de la vie dans la mission et pour la mission.

Nous souhaitons que ces lignes deviennent une invitation à continuer à vivre notre consécration avec la même passion qui a poussé saint Daniele Comboni depuis le moment de la première rédaction.

2. Le Plan: une vie, plus qu’un document

Une des premières impressions qu’on ressent dans la lecture du Plan est sûrement celle de se trouver devant à un texte où on respire la vie, où il y a une passion intense et un grand désir de trouver les moyens les plus appropriés pour répondre au besoin que les hommes et les femmes de tous les temps ont de se rencontrer avec Dieu.

Donc, le Plan n’est pas un document froid, avec des règles précises, où tout a été programmé et calculé. Dans ses pages on respire un air qui exprime le rêve, le désir, l’urgence de soutenir la vie et les intuitions de qui croit dans la possibilité de réaliser ce que tant d’autres considèrent impossible. On perçoit une volonté décidée à ne pas abandonner la mission surtout dans le moment dans lequel les difficultés grandissent et l’avenir semble incertain. C’est un texte qui exhale le parfum de la foi, qui encourage à aller de l’avant, dans la conviction qu’on travaille pour une œuvre voulue par Dieu.

Dans le Plan on parle d’un projet qui accompagne la vie et conduit à concentrer toutes les forces sur un engagement unique, quelque chose qui s’approprie de tout le cœur et ne laisse aucune place pour une autre œuvre qui ne soit pas celle de la mission. C’est une idée qui habite avec toute sa force dans le cœur plus que dans la tête: dans ce sens c’est une manière concrète de traduire en œuvre l’amour qu’on a reconnu dans le cœur.

En effet, le Plan, n’est pas né dans la tête de Comboni, ce n’est pas le résultat de sa spéculation; il est né plutôt du désir de devenir instrument de Dieu pour manifester l’amour auquel ont droit tous ses fils et ses filles. Si nous rappelons ce que Comboni écrit dans sa lettre du 31 juillet 1873 à Mgr De Girardin, on voit bien que le Plan a été, avant tout, une expérience vécue et puis une proposition écrite.

 

3. Une réponse missionnaire née de la réalité

Ecoutons encore ce que dit Comboni: “ j’ai pu goûter toutes les épreuves de ce difficile apostolat…, j’ai pensé à la manière de retourner sur ce champ de bataille pour y sacrifier ma vie pour le salut des Noirs” (Ecrits 3302). Le Plan n’est pas une simple stratégie pastorale mais une lecture et une assimilation de la réalité, dont les défis font devenir saint Daniele créatif et capable de donner corps à une œuvre qui a la possibilité de réussite pour la mission.

Donc, il naît de la capacité de lire et de comprendre la réalité dans laquelle on est présent et d’interagir avec elle. Une réalité marquée par l’esclavage, par des critères de profit et d’exploitation, de l’impuissance, pour les Africains, de vivre selon leur dignité. Une réalité dans laquelle les valeurs du Royaume étaient ignorées ou niées. Dans ce contexte le Plan se révèle une œuvre humble et intelligente à la fois.

En regardant à nos présences missionnaires et à la réalité des milieux dans lesquels nous opérons, combien de fois nous sommes obligés de reconnaître que la réalité, encore aujourd’hui n’est pas très différente? Aujourd’hui encore, en fait, nous sommes souvent témoins de la violence, de la violation de tous les droits de l’homme, de l’exclusion et de l’esclavage de tant de nos frères et sœurs.

4. Une grande intuition

En lisant le Plan, il est facile de découvrir une prolifération d’idées, de projets, de moyens à utiliser qui s’articulent autour d’une intuition unique: c’est une œuvre à laquelle tous ceux qui se découvrent interpellés par la mission sont appelés à contribuer, faisant de la mission même une œuvre de l’Église.

L’œuvre doit être catholique et non pas espagnole, ni française, ni allemande ni italienne. Tous les catholiques doivent aider les pauvres Noirs, car une seule nation n’arrive pas à secourir la race noire. Les initiatives catholiques, comme celle du vénérable Olivieri, de l’Institut Mazza, du Père Lodovico, de la Société de Lyon etc. ont sans doute fait beaucoup de bien à quelques Noirs, mais jusqu’à présent, on n’a pas encore commencé à implanter le Catholicisme en Afrique et à l’assurer pour toujours.

Par contre, grâce à notre Plan, nous espérons ouvrir la route à la Foi catholique dans toutes les tribus, sur tout le territoire habité par les Noirs. Pour obtenir cela, il me semble nécessaire d’unir toutes les initiatives existantes jusqu’à présent. Ces initiatives, en gardant bien présent à l’esprit le noble but, doivent ignorer leurs intérêts particuliers” (Ecrits 944).

Il s’agit d’une œuvre dans laquelle il n’y a aucune place pour les protagonismes ou pour les prétentions de vouloir faire tout seul. Le Plan est une œuvre de collaboration impliquant tous ceux qui répondent avec un cœur généreux et il fait comprendre que la mission est un don reçu et offert gratuitement dans la joie.

Comboni pensait à un grand “mouvement missionnaire” pour impliquer tous et tout dans la mission pour l’Afrique, il comptait de trouver “l’approbation, l’appui et l’aide dans le cœur des catholiques de tout le monde”. Pour cela il voyagea en long et en large à travers l’Europe, en pensant aussi d’atteindre l’Amérique, pour chercher des collaborateurs, des moyens économiques, et un soutien spirituel…

De cet élan ont surgi les Instituts comboniens, et, par la suite, l’Institut des Missionnaires Séculières Comboniennes et les Laïcs Missionnaires Comboniens. Mais l’œuvre est encore plus ample et elle ne cesse pas d’inspirer et de mouvoir, soit qui a embrassé une forme de vie consacrée soit qui, comme baptisé, se découvre appelé à la mission. Il reste pour tous le défi de la façon d’unir les intentions et les forces pour collaborer et donner une impulsion continue à la mission.

5. Inspiré lors d’une rencontre

Je crois que ce Plan est l’œuvre de Dieu, parce qu’il m’est venu à l’esprit le 15 septembre pendant le triduum en l’honneur de la Bienheureuse Marguerite Marie Alacoque; et le 18 septembre, quand cette Servante de Dieu a été béatifiée, le Cardinal Barnabò terminait de lire mon Plan. J’ai travaillé pendant 60 heures d’affilée” (Ecrits 926).

Le Plan, par conséquent, est le résultat d’un long parcours de recherche, de questions, de consultations et d’expérience faite sur la propre peau, mais il n’est pas seulement cela.

Il y a un autre facteur qui ne doit pas être oublié: il est le fruit de l’expérience de rencontre avec le Seigneur, des heures passées en prière, de la recherche de la volonté de Dieu en toute cette aventure.

Comboni n’a pas de doutes reconnaissant que le Plan était un don de Dieu, une grâce médiée par Marie, par la force de l’Esprit qui s’est montré généreux avec ses inspirations. Dans ce sens, le Plan est une manière concrète de dire que l’œuvre missionnaire n’est pas l’affaire humaine. La Mission est l’œuvre de Dieu et, comme toutes ses œuvres, nécessite d’une grande foi qui peut naître seulement dans le silence de la prière, dans la rencontre qui permet l’écoute de la volonté de Dieu.

6. Une expérience vécue par les filles et les fils de Comboni

6.1 Un regard sur le passé, pour mieux tracer l’avenir

Ils étaient nombreux, ces fils et filles, à commencer par les premiers 22 qui le 29 novembre 1867, guidés par Daniele Comboni, partirent de Marseille vers l’Egypte. Ils étaient: seize “morette” – neuf d’entre elles venaient de l’institut Mazza de Vérone –, trois Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition et trois religieux Camilliens.

La première étape du voyage était le Caire, où commencer la réalisation du Plan en donnant vie aux premiers de ces “Instituts préparatoires” qui auraient dû “entourer l’Afrique”.

Deux ans plus tard, en 1869, toujours au Caire, Daniele Comboni a confié la direction d’un troisième institut, la “Sainte Famille”, à quatre instructrices africaines, une d’entre elles était la jeune Denka Domitilla Bakhita. Il s’agissait d’une école féminine paroissiale et publique, ouverte aux filles de chaque rite et religion, comprise celle musulmane.

Ce fut un moment important: l’objectif principal du Plan – régénérer l’Afrique avec l’Afrique – commençait à devenir réalité. Une réalité que Comboni renforça quatre ans plus tard, quand il inclut les jeunes institutrices africaines dans l’expédition qu’en 1873 lui-même conduit, d’abord du Caire à Khartoum et puis de Khartoum à El-Obeïd, où il confia à Domitilla, Fortunata Quascè et Faustina Stampais la fondation de l’“œuvre féminine” du Kordofan.

Finalement, en 1881, l’évêque Daniele envoya comme curé dans la communauté, pleine de promesses, de Malbes, dans le Kordofan, l’abbé Antonio Dobale, de la tribu des Galla, un des onze “enfants Noirs” que l’institut Mazza avait accueilli en 1860 et qu’en 1878 la Propagande Fide avait ordonné presbytre pour l’Afrique Centrale.

À ce point, Daniele Comboni se déclarait satisfait de ses missionnaires: prêtres, sœurs (Pie Madri della Nigrizia), et laïcs (hommes et femmes). Une confiance méritée, comme le montra l’événement tragique de cet automne de 1881, la mort inattendue du Fondateur.

A cette époque a émergé fortement, pour les “Pie Madri della Nigrizia”, la figure de Mère Maria Bollezzoli qui avec la lettre du 18 octobre 1881 exhortait avec fermeté les sœurs à rester solides sur les traces marquées par notre Fondateur: “ne vous tournez pas en arrière mais marchez franchement sur les traces suivies par votre magnanime Père”. Et elle continua à suivre l’inspiration du Plan, en formant dans le temps des centaines de sœurs qui partaient pour la mission en Afrique.

L’irruption de la Mahdie, quand tous les missionnaires durent affronter la captivité, le martyre, l’exode forcé, cela a été une expérience forte qui a laissé des marques et a mis à l’épreuve la fidélité au Plan de Comboni.

Qui réussit à réparer en Egypte avec Mgr. Sogaro dut aussi affronter le moment délicat du “passage”, de la transformation de l’Institut originaire dans une congrégation religieuse masculine (1885).

Et quand les premiers Fils du S. Cœur sont arrivés en Egypte, il devint évident que quelque chose avait changé aussi dans l’échelle des valeurs indiquées par le Fondateur: maintenant, avant même les exigences de la mission, était l’esprit religieux – très souligné pendant le noviciat par les pères Jésuites – qui devait inspirer et guider la vie de la communauté.

On était en train de créer une tension douloureuse et difficile entre institution et charisme. Dans ce temps de changements, qui en a souffert le plus et en a porté les conséquences, furent surtout les laïcs et les “morette” qui se trouvèrent d’une façon ou d’une autre exclues de l’institution. Ce ne fut pas l’unique moment dans lequel on a manqué la fidélité au charisme: nous ne pouvons pas oublier l’événement douloureux de la division des comboniens en deux Congrégations séparées.

6.2 Du Plan à l’Afrique et au monde

Continuons à tourner notre regard vers l’histoire: si la fidélité au Plan on ne pouvait plus la dire tellement évidente, parmi les nouvelles générations qui continuaient à arriver en Egypte pour tout le temps de la diaspora, certainement on ne pouvait pas dire que l’amour pour la mission ou la passion pour l’Afrique eut diminué.

En effet, la conclusion de la Mahdia, en 1898, les trouva tous – Fils du S. Cœur et Pie Madri della Nigrizia – prêts à retourner. D’autant plus que le Soudan avait été confié, comme territoire missionnaire, à la jeune congrégation masculine (1894).

Il suffit de parcourir les pages de Nigrizia pour voir combien se prodiguèrent, par exemple, les vicaires apostoliques Antonio Maria Roveggio et Francesco Saverio Geyer. Le célèbre bateau de la mission, remis en fonction, même si avec un nom différent, a repris vite, le long du Nil, l’exploration du territoire que la Mahdia avait contraint à abandonner. Déjà en 1902 a été ouverte, pas loin de Gondokoro, parmi les Shilluk, la station missionnaire de Lul.

Costanza Caldara (supérieure générale des Pie Madri dès 1901 à 1931) fut attentive aux exigences que l’ouverture des nouvelles stations missionnaires lui demandait; Francesca Dalmasso et Maria Bonetti, en 1900, ouvrirent le groupe des sœurs prêtes à rentrer au Soudan et, si nécessaire, à continuer au-delà. Dans les années suivantes des nouvelles communautés vinrent ouvertes en d’autres Pays de l’Europe et Moyen Orient; puis, dans les années cinquante du siècle passé, les comboniennes et les comboniens étendirent leur présence aux Amériques.

Des “morette” que Daniele Comboni avait suivi avec beaucoup de soin pour qu’elles puissent “être des apôtres dans leur nation sur les bases du Plan” (E 2012), malheureusement on n’en parla plus. Cela nous fait comprendre comment un aspect de l’intuition de Comboni à un moment donné a été omis. En partie il en est ainsi encore: aujourd’hui encore nous avons des difficultés à sortir d’un certain protagonisme institutionnel pour arriver à valoriser la catholicité du Plan, comme il a été désiré et prévu par Daniele Comboni.

Le Plan, cependant, n’était pas du tout oublié. Vers le 1938, pendant qu’en de différentes préfectures et vicariats de l’Afrique centrale confiés aux Fils du S. Cœur se multipliaient les séminaires qui accueillaient les jeunes Africains, un groupe de filles ougandaises manifestaient leur propre désir de se consacrer à Dieu dans la jeune Église locale.

Grâce à la sensibilité des comboniens et des comboniennes en accompagnant ces groupes – ainsi que d’autres, apparus au fil des ans – nous sommes heureux de voir aujourd’hui que plusieurs de ces groupes sont devenus des congrégations locales autonomes, quelques-unes avec un fort esprit missionnaire exprimé avec des communautés en d’autres continents, en donnant ainsi un caractère concret au rêve de Comboni.

Ceci signifie qu’aussi en absence d’une déclaration explicite d’intentions, il y avait parmi les fils et les filles de saint Daniele une spiritualité qui soutenait leur fidélité à l’esprit du Plan. Les Chapitres Généraux Spéciaux des Instituts et la célébration des centenaires de fondation ont été des moments forts dans lesquels on a pu faire une réflexion approfondie sur l’identité charismatique, sur la spiritualité et sur le Plan de Comboni. Ces événements ont donné un nouvel élan à la recherche et à la connaissance directe des Écrits de Comboni et de l’histoire des Instituts. A la lumière des documents du Concile Vatican II et de l’expansion des congrégations en dehors du continent Africain, s’est ouverte une réflexion approfondie sur l’identité du charisme en fidélité au Plan, qui a impliqué tous les membres.

Dans le cours des années, le travail – ensemble – des “hommes et femmes” comme religieux et religieuses, comme missionnaires, a porté de la joie, de l’aide réciproque, de la croissance, mais aussi de la fatigue, des incompréhensions et même quelques divisions et blessures. Avec la nouvelle conscience de la femme en ce qui concerne elle-même et son rôle dans l’Église et dans la société, aussi les “Pie Madri della Nigrizia” ont réévalué le profil que Comboni avait voulu pour elles à l’intérieur du Plan: “Moi le premier j’ai fait concourir le tout-puissant ministère de la femme de l’Évangile et de la Sœur de charité, qui est le bouclier, la force et la garantie du ministère du missionnaire” (Écrits 5284).

En procédant dans notre parcours historique, nous voyons que dans les années cinquante du siècle dernier, par l’intuition d’un Missionnaire Combonien, a commencé l’Institut des Missionnaires Séculières Comboniennes, avec le but de la coopération missionnaire, c’est-à-dire de susciter des initiatives et d’impliquer tous dans la mission. Cette intuition a été confirmée par le Concile Vatican II, qui a porté une nouvelle conscience du laïcat, de sa vocation spécifique à la mission et de son protagonisme à plein titre dans la mission.

Ceci est illustré par la dernière expression, dans l’ordre chronologique: la naissance des Laïcs Missionnaires Comboniens et la formation de groupes de laïcs (hommes et femmes) qu’en s’inspirant au charisme combonien, sont reconnus comme un enrichissement pour toute la Famille combonienne et pour l’Église missionnaire.

Le fruit le plus évident que l’esprit du Plan a continué à donner, c’est l’abondance des vocations religieuses et laïques à la mission, provenant de pays considérés un temps “terre de mission”. Nous sommes confrontés à un grand don que nous devons regarder conscients du fait qu’il nous défie à embrasser sans réserve et avec enthousiasme l’interculturalité de la mission aujourd’hui.

Comme on le voit bien, c’est un chemin long, riche et parfois fatigant à l’intérieur de la Famille combonienne, un chemin qui mérite et demande encore aujourd’hui de l’attention. Il s’agit de faire croître la conscience et la ferme volonté de chacun pour travailler et être des missionnaires (hommes et femmes) à l’intérieur de la perspective du Plan dans sa plus intime vivacité et originalité.


 

6.3 Vitalité et actualité du Plan

Nous sommes tous d’accord pour reconnaître que l’Église vit aujourd’hui un moment privilégié par rapport à sa conscience missionnaire. Le Pape François, depuis le début de son pontificat, en donnant à son ministère d’évêque de Rome un ton caractéristique, a souligné l’urgence, l’importance et la nécessité, de la part de chaque chrétien, de vivre la vocation missionnaire. Son invitation à sortir, à aller vers les banlieues existentielles et à la rencontre des frères les plus pauvres, est en train de réveiller en toute l’Église un nouvel esprit, qui nous rend conscients du trésor que nous avons dans l’Évangile et de l’importance de le communiquer pour faire expérience de la joie profonde.

Dans ce contexte de nouvel envoi et de clarté sur la nécessité d’assumer la dimension missionnaire de notre baptême, nous sommes face à un langage et à une proposition qui font voir la mission comme une œuvre qui appartient à tous, dans la mesure où nous nous reconnaissons disciples de Jésus et associés à sa mission.

Cet engagement – on nous le dit – ne peut pas être responsabilité d’un seul petit groupe ou de quelques-uns qui se sentent particulièrement appelés à donner la vie pour la mission; par contre il est engagement et travail de toute l’Église: il apparaît ici, incontestablement, la grande actualité et vitalité du Plan.

6.4 Repartir ensemble, come Famille combonienne et avec l’esprit du Plan

Depuis 1996, et particulièrement dès 2003, Comboni Saint se représente à nous tous, plus vivant et présent que jamais avec son charisme, en nous faisant retrouver ensemble pour le fêter. Des événements comme la béatification et la canonisation ont été des moments privilégiés pour une rencontre de récits, de connaissances et de célébrations qui a aussi permis la réconciliation et le renouvellement de forces autour du père commun. Avec joie nous avons pu voir que, pour célébrer des moments si importants, pour ne pas dire uniques, de l’histoire combonienne, de nouveau nous étions là tous: Pie Madri della Nigrizia, Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus, Missionnaires Séculières Comboniennes, Laïcs Missionnaires Comboniens et d’autres groupes de Laïcs (hommes/femmes). Unis, même si distincts, chacun avec ses propres Constitutions et un projet spécifique de travail apostolique. L’événement de l’anniversaire que nous célébrons cette année, nous encourage à faire mémoire de tout ce que nous avons déjà vécu pour un nouvel élan qui accueille les provocations et les questions que notre réalité et la vie missionnaire nous proposent. Comboni nous a laissé un style de ministérialité fortement enraciné dans son expérience mystique et dans la passion pour la personne et pour la mission. Son expérience et sa passion sont inséparablement présents dans les différents aspects – spirituel, mystique, prophétique et méthodologique – du Plan pour la Régénération de l’Afrique. Les changements rapides du monde d’aujourd’hui et les défis des Églises et des peuples parmi lesquels nous vivons, font naître en nous l’urgence d’approfondir, à travers une réflexion systématique, notre ministérialité combonienne vécue comme un appel profondément enraciné en Dieu, une participation à la maternité/paternité de Dieu qui engendre la vie dans un don total et gratuit, une fraternité avec Jésus, entre nous et avec les gens que nous servons dans la poussière de leur chemin, une incarnation de notre spiritualité, une présence dans l’histoire à côté des pauvres et des exclus, un chemin avec les peuples pour que tous aient la vie et vie en abondance, une conscience du caractère temporaire de notre présence et service, en croyant dans les gens, en leur capacité de se régénérer et dans la méthodologie du diminuer pour que d’autres grandissent. Alors il est important pour nous d’assumer la justice, la paix et l’intégrité de la Création (JPIC) et le dialogue et la réconciliation comme des valeurs transversales qui imprègnent tous les ministères. Il a autant d’importance pour nous revoir notre méthodologie dans les ministères: le faire cause commune, l’être pierre cachée pour que d’autres grandissent, l’inculturation et l’insertion, l’engagement à travailler en réseau/collaboration (avec les Églises locales, avec la Famille combonienne, avec d’autres congrégations, avec des différents organismes) ouverts au nouveau qui bouge dans la conscience de la société et dans ses expressions.

Dans le choix de nos ministères, il est nécessaire que nous nous laissions interpeller par des défis émergents, en particulier du phénomène de la traite, particulièrement de femmes et enfants, de l’immigration et des réfugiés, de la situation des peuples afro-descendants, autochtones et pasteurs nomades, pour donner aujourd’hui des réponses significatives.

La réflexion sur la mission en dialogue est d’une importance essentielle pour chacun/e de nous, car le monde est en train de bouger vers un pluralisme religieux et culturel, en défiant nos convictions et notre méthodologie.

L’héritage charismatique façonne notre approche pastorale dans les différents ministères et il ouvre nos esprits et nos cœurs à la dimension essentielle du dialogue, en nous appelant “à être signe de l’amour de Dieu dans le monde qui est amour sans aucune exclusion ni préférence”. Donc, nous sommes appelés/ées, à devenir des signes prophétiques dans le dialogue et dans le service, des ponts entre les peuples, à travers notre expérience quotidienne de mission, en vivant côte à côte avec les peuples de différentes cultures et croyances. Ce dialogue se révèle dans les simples gestes quotidiens et dans la rencontre avec d’autres Églises et Communautés chrétiennes, pour devenir signe et annonce du Christ source d’unité; avec les religions non chrétiennes, en particulier avec les religions traditionnelles et l’Islam, pour être signe prophétique dans la commune recherche de Dieu; avec les cultures, pour transformer l’humanité à travers l’engagement commun pour un monde plus juste. La spiritualité héritée du Plan, ce “sentir son propre cœur battre à l’unisson avec le Cœur de Christ”, nous pousse à porter le “baiser de paix” à chaque périphérie géographique et existentielle, car l’Afrique de Comboni est devenue le critère pour reconnaître dans le monde où se trouvent les “plus pauvres et délaissés” et où trouver les “empreintes de notre magnanime Père”, et continuer à être fidèles à son Plan dans l’aujourd’hui de l’histoire, après 150 ans.

7. Conclusion

Chères sœurs et chers frères,
Nous avons tellement de raisons de célébrer cet événement, plusieurs raisons d’être orgueilleux et provoqués dans le même temps, beaucoup de raisons de réfléchir.

Avec saint Paul, le grande apôtre missionnaire, nous disons: “Que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et Dieu notre Père qui nous a aimés et nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce, réconfortent vos cœurs et les affermissent en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien” (2 Ts 2, 16-17).

Nous sommes nombreux à nous mettre en marche grâce au don que Jésus a fait à son Église et à chacun d’entre nous en saint Daniele Comboni et dans le fruit de son obéissance créative, le Plan pour la régénération de l’Afrique. Nous travaillerons avec les yeux fixés dans le même but que Comboni avait dans les yeux et dans le cœur, même si nous ne ferons pas tous la même chose ou nous ne la ferons pas de la même manière. La reconnaissance réciproque, le respect et la valorisation de la diversité des services et des rôles, renforceront la communion et ils nous permettront d’être témoins, dans le monde missionnaire, d’une diversité enfin reconnue et réconciliée.

Nous voulons, en effet, que dans la Famille combonienne il y ait aujourd’hui de la place pour la diversité reconnue dans l’égalité du style de vie; nous voulons apprendre à reconnaître les talents de chaque groupe pour les faire fructifier en fonction du Royaume, travaillant en réseau…

Que tous nos frères et sœurs saints et martyrs, à commencer par les prisonniers de la Mahdia nous aident en cela. Qu’il nous aide, surtout, notre père saint Daniele qui nous voulait “saints et capables”, capables de relations nouvelles et vraiment évangéliques, capables de vivre l’égalité dans la diversité, en faisant cause commune avec les pauvres et les exclus, sans leur enlever le droit d’être les sujets des propres choix de vie et du propre chemin de foi.

Seulement ainsi nous pourrons répondre efficacement aux grands défis émergents que le monde nous présente.

Rome, le 15 septembre 2014
150° Anniversaire
du Plan pour la Régénération de l’Afrique

Les Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus
Les Sœurs Missionnaires Comboniennes
Les Missionnaires Séculières Comboniennes
Les Laïcs Missionnaires Comboniens