La rencontre avec Jean-Baptiste a été pour Jésus une expérience qui a bouleversé sa vie. Après le baptême dans les eaux du Jourdain, Jésus ne retourne plus à son travail à Nazareth; il n’adhère pas non plus au mouvement de Jean-Baptiste. Sa vie est maintenant centrée sur un seul objectif: proclamer à tout le monde la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui veut sauver l’être humain.

Matthieu 3,13-17

EXPÉRIENCE PERSONNELLE

La rencontre avec Jean-Baptiste a été pour Jésus une expérience qui a bouleversé sa vie. Après le baptême dans les eaux du Jourdain, Jésus ne retourne plus à son travail à Nazareth; il n’adhère pas non plus au mouvement de Jean-Baptiste. Sa vie est maintenant centrée sur un seul objectif: proclamer à tout le monde la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui veut sauver l’être humain.

Mais ce qui transforme la trajectoire de Jésus, ce ne sont pas les paroles qu’il entend des lèvres de Jean-Baptiste ni le rite purificateur du baptême. Jésus vit quelque chose de plus profond. Il se sent envahi par l’Esprit du Père. Il se reconnaît lui-même comme le Fils de Dieu. Sa vie consistera désormais à rayonner et à répandre cet amour insondable d’un Dieu- Père.

Cette expérience de Jésus a aussi un message pour nous. La foi est un cheminement personnel que chacun d’entre nous doit suivre. Ce que nous avons entendu depuis notre enfance, de nos parents et de nos éducateurs, est sans aucun doute très important. Ce que nous entendons des prêtres et des prédicateurs est aussi important. Mais, en fin de compte, nous devons toujours nous poser une question: En qui est-ce que je crois? Est-ce que je crois en Dieu ou est-ce que je crois en ceux qui me parlent de lui?

Nous ne devons pas oublier que la foi est toujours une expérience personnelle qui ne peut être remplacée par une obéissance aveugle à ce que les autres nous disent. De l’extérieur, on peut me guider vers la foi, mais c’est moi-même qui dois m’ouvrir à Dieu d’une manière confiante.

C’est pourquoi la foi ne consiste pas non plus à accepter simplement un certain nombre de formules. Être croyant ne dépend pas principalement du contenu doctrinal d’un catéchisme. Tout cela est sans doute très important pour façonner notre vision chrétienne de l’existence. Mais plutôt que cela, et en donnant un sens à tout cela, il y a ce dynamisme intime qui, de l’intérieur, nous amène à aimer, à croire et à toujours espérer en ce Dieu que Jésus nous a révélé.

La foi n’est pas non plus un capital que nous recevons au baptême et dont nous pouvons ensuite disposer tranquillement. Ce n’est pas quelque chose qui s’acquiert en propriété pour toujours. Être croyant, c’est vivre en permanence à l’écoute du Dieu incarné en Jésus, en apprenant à vivre jour après jour d’une manière plus épanouie et plus libre.

Cette foi n’est pas faite uniquement de certitudes. Tout au long de sa vie, le croyant vit souvent dans l’obscurité. Comme l’a dit le grand théologien Romano Guardini, «la foi, c’est avoir assez de lumière pour faire face à l’obscurité». La foi est faite, avant tout, de fidélité. Dans les moments d’obscurité, le vrai croyant sait croire en ce qu’il a vu aux moments de lumière. Il continue toujours à chercher ce Dieu qui est au-delà de toutes nos formules claires ou obscures.

Le père de Lubac a écrit que «les idées que nous nous faisons de Dieu sont comme les vagues de la mer, sur lesquelles le nageur s’appuie pour les surmonter». Ce qui est décisif, c’est la fidélité à ce Dieu qui se manifeste progressivement à nous à travers son Fils Jésus Christ.

Par José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna
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APRÈS LE DÉSERT, LA VIE DES HOMMES

Avec la célébration du baptême de Jésus le cycle de Noël se termine et commence le cycle de «l’année ordinaire». Luc nous présente Jésus «en prière» qui se prépare à recevoir l’Esprit Saint et fait de l’événement une catéchèse pour les chrétiens de tous les temps.

Des quatre évangélistes, Luc est toujours celui qui souligne le plus les prières de Jésus. Dans l’épisode du baptême, il est le seul à mentionner que c’est au moment où il priait que le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint est descendu sur lui et le Père l’a reconnu comme «son fils bien-aimé».

Jésus arrive seul devant Jean-Baptiste, s’étant fait accompagner par l’Esprit de Dieu qu’il priait. Il est donc encore un inconnu dans la foule, mais non pas auprès de Dieu. Comme au jour de la Visitation, au sein de sa mère, il est reconnu par celui qui lui ouvre le chemins. C’est encore Jean-Baptiste qui entend la voix de l’Esprit de Dieu qui couvre de son ombre l’envoyé de Dieu et lui révèle que Jésus sera à son tour le chemin.

Le fils de Marie et le cousin, fils d’Elisabeth, est bien celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Celui qui entre dans l’eau du Jourdain n’est pas qu’un homme ordinaire. Il est l’Incarnation et la plénitude de l’amour et de tout ce qui est joie et « plaisir » de Dieu.

Il nous faut alors relire côte à côte Marc 1-9, Mt 3-13, Luc 3-21 et Jean 1-24.

UNE NOUVELLE PÉRIODE DE L’HUMANITÉ

Après la révélation de notre Dieu dans l’histoire des mages de l’Orient, que nous a donné de vivre l’Épiphanie, vient celle du baptême de Jésus sur l’identité du Christ et de sa mission.

Jésus est celui qui rétablit le contact entre Dieu et nous. Le ciel s’ouvre de nouveau et le Père fait entendre sa voix. C’est le début d’une nouvelle période dans l’histoire de l’humanité. Comme ce fut le cas dans le texte de la création (Genèse 1, 2) l’Esprit Saint descend et inaugure un temps nouveau, une création nouvelle.

À plusieurs reprises dans l’Ancien Testament, à cause des péchés du peuple de Dieu, les prophètes avaient affirmé que le ciel était fermé, que la relation avec Dieu était interrompue. Au baptême de Jésus, qui demande le pardon au nom de toute l’humanité, l’alliance du premier matin de la Création est rétablie sur nos autels et le ciel s’ouvre de nouveau.

 » Puissions-nous être unis à l’humanité de celui qui a prit notre humanité. »

Comme sur les bords du Jourdain, non seulement Jésus rétablit le contact avec Dieu, mais il pose un geste de solidarité profonde avec chacune et chacun d’entre nous. Il prend place dans la file des pécheurs et pécheresses qui veulent se convertir. Ainsi il est notre frère qui partage notre condition humaine, avec toutes ses joies et toutes ses souffrances.

Cette révélation d’un Dieu solidaire fait suite à celle de la naissance de Jésus à Bethléem, où l’évangéliste nous présente le petit enfant comme l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous. Nous reconnaissons ici la grande tendresse de Dieu. Le Seigneur prendra place à la table des pécheurs, il partagera nos joies et nos misères.

Dans le texte du baptême de Jésus, saint Luc nous invite à réfléchir sur notre propre baptême. Nous avons été baptisés au moment où notre famille était en prière. Le ciel s’est ouvert et l’Esprit Saint est descendu sur chacun et chacune d’entre nous.

L’eau de notre baptême est beaucoup plus une source de fécondité qu’un rituel de purification ou que l’eau du Jourdain. Elle nous donne une nouvelle vie, une vie en abondance : «Je vous aspergerai d’une eau pure…, je vous donnerai un coeur nouveau et mettrai en vous un esprit nouveau», disait le prophète Ézéchiel. (Ez 36, 25-26)

Au cours de notre existence, il y a souvent des nouveaux départs : la fin des études, la première carrière, le jour du mariage, la naissance d’un enfant. Il nous faut assumer chaque nouvelle étape de notre vie, comme le réalisera le Fils de Dieu incarné parmi nous. Il faut assumer notre baptême, comme le dit saint Paul, afin «d’éviter de laisser éteindre l’Esprit», (1Thessaloniciens 5,19).

Le Seigneur devient notre Emmanuel, le Dieu-avec-nous. Il prend place dans la longue lignée des pécheurs que nous sommes. Il est solidaire, malgré nos faiblesses et nos péchés. «Jésus vit l’Esprit de Dieu descendre sur lui comme une colombe». Dans le poème de la création (Genèse 1, 2), l’Esprit de Dieu plane sur les eaux.

Mais la colombe est revenue quand cessa le déluge et, que la vie jaillissait à nouveau. Sous l’apparence d’une colombe, l’Esprit de Dieu couvre les eaux du Jourdain. Il s’agit d’une nouvelle création partagée avec Dieu, par Jésus. «Celui-ci est mon fils bien-aimé : en lui j’ai mis tout mon amour».

Pouvons-nous le rejoindre dès les bords du Jourdain comme André, Philippe Pierre et Jean.

Par Jacques Fournier
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