Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent plus très bien ce que c’est. Beaucoup pensent d’abord aux privations : on jeûne… on ne mange pas de viande… Les enfants ajoutent qu’on ne mange pas de bonbons…

Matthieu 4,1-11
Avec le Christ, retrouver le bon chemin

Alors que nous constatons les dégâts causés par les inondations, les feux et les sécheresses, et les méfaits de tempêtes hors de l’ordinaire, nous sommes consternés et inquiets. Nous prenons conscience de la fragilité de notre condition humaine face à de tels phénomènes. Nous sommes en danger sur la terre. Alors même que nous sommes bien chanceux d’y résider.

N’habitons-nous pas, en effet, un jardin merveilleux où il fait bon vivre ? Nous aimerions vivre toujours, tellement c’est beau et bon la vie. Pourquoi ne pas en profiter pleinement? Notre monde est stimulant, nous pouvons aussi le transformer. Avec les hommes et les femmes de notre entourage nous pouvons nous entendre et partager l’amitié, la vie de famille, des projets de toutes sortes. Nous pouvons rêver d’harmonie, de justice et de paix.

Tout cela, c’est beau et bon! Utopique aussi. Car nous connaissons bien des dérapages. Nos passions nous emportent vers le meilleur, mais aussi parfois vers le pire. Notre envie de possession et de domination n’a pas de limite. Nous avons du mal à nous contrôler, à nous discipliner. Et c’est le gâchis! À qui la faute? Difficile souvent de partager les torts. Ce qui est sûr, c’est que le beau jardin est en train de devenir un désert. Et c’est bien triste !

La scène des tentations que rapporte l’évangile nous invite à revoir avec le Christ nos options profondes si nous voulons retrouver en lui le chemin du Jardin perdu. La mise en scène de S. Matthieu nous montre Jésus conduit au désert par l’Esprit. Après 40 jours et 40 nuits de jeûne, Jésus a bien raison d’avoir faim. Que va-t-il faire, lui, le Fils de Dieu? Ne devrait-il pas être au-dessus de cela ? Ne peut-il pas arranger les choses en sa faveur ? N’est-il pas en mesure d’échapper aux limites de la condition humaine, pour sortir de l’impasse où il se trouve?  Or il choisit le pain que le Père lui offre, le projet d’alliance, de communion avec nous. Il restera pauvre et vulnérable par fidélité à notre condition charnelle. Il ira jusqu’à la croix. Et nous qui acceptons si mal nos limites, rêvant d’évasion, faisant tout pour échapper à nos servitudes.

Jésus parce qu’il est le Fils, n’a-t-il pas un statut qui oblige le Père à son endroit ? Or il choisit de faire confiance. S’exposer inutilement ce serait tenter Dieu, le mettre à l’épreuve. Ça ne se fait pas. Et nous qui courons les dangers, prenant des chances, nous disant que Dieu s’il est si bon nous tirera bien de tous nos embarras.

Enfin nous voulons tout voir, tout avoir, tout savoir, être comblés d’honneurs et de richesses. Cet appétit va-t-il trouver écho en lui ? Jésus bien sûr aime le monde, il croit en l’être humain. Mais il ne se met pas à genoux devant le premier venu. Il ne s’incline pas devant l’esprit du monde. Dieu seul compte, lui seul vaut qu’on se prosterne devant lui. Et nous qui fréquentons volontiers les gourous et les charlatans. Nous sommes prêts à tout pour la renommée, les honneurs, le pouvoir et la gloire.

Frères et sœurs, voilà le défi ou l’enjeu de notre carême : retrouver le juste chemin, les bonnes attitudes devant la vie, suivre le modèle corrigé, qui est le Christ, faire un avec lui. Car il est bien plus qu’un modèle. Il nous donne de retrouver dans le mystère de sa fidélité la juste orientation et la rectitude que nous avions perdues en Adam. Le Carême, c’est l’occasion de revenir au meilleur de nous-mêmes, de nous convertir, en communiant au Christ dans ses choix et ses valeurs, pour  retrouver en lui notre force, notre fidélité, notre beauté première.

Par Jacques Marcotte, o.p.
http://www.spiritualite2000.com

Le diable a joué sa dernière carte

Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent plus très bien ce que c’est. Beaucoup pensent d’abord aux privations : on jeûne… on ne mange pas de viande… Les enfants ajoutent qu’on ne mange pas de bonbons…

Oui, bien sûr, tout cela peut faire partie du Carême. Mais ces privations ne sont que des moyens. Le véritable but de ces quarante jours c’est de nous débarrasser. Notre seule priorité c’est Jésus mort et ressuscité. Quand on a compris cela, tout le reste est accessoire. Nous sommes invités à nous éloigner des bruits du monde et à nous libérer des bagages qui encombrent. Le Carême n’est pas une période de manque mais un temps de retrouvaille avec le Seigneur qui n’a jamais cessé de nous aimer.

Les textes bibliques de ce dimanche nous apportent un éclairage lumineux. Le récit de la Genèse (1ère lecture) nous dit que l’homme a été créé pour le bonheur, la paix et la joie. Dieu veut notre bien et celui de notre monde. Mais le tentateur cherche à nous détourner de Dieu. Il veut nous faire croire que Dieu a de mauvaises intentions sur nous. Ce n’est là que mensonge. Au désert, le peuple d’Israël a fait l’expérience de serpents venimeux. Le soupçon porté sur Dieu est un poison mortel qui empoisonne nos vies.

Aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur nous voit nous enfoncer dans le péché et nous détourner de lui. En ce début du Carême, il nous adresse un appel solennel : « Revenez à moi de tout votre cœur… » C’est une supplication pressante de notre Dieu. Il ne veut que notre bonheur. Toute la bible nous dit qu’il est « tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment ». Dieu n’est pas là pour nous  punir mais pour nous sauver et nous combler de ses bienfaits. C’est avec lui que nous trouvons la joie d’être pardonnés. Et du coup, nous retrouvons l’intimité avec notre Dieu. Et nous pourrons rendre grâce pour cette merveille qu’il réalise dans notre vie.

Voilà ce chemin qui nous est proposé. Mais sur ce chemin, nous rencontrons la tentation. L’Évangile de ce jour nous dit que Jésus y a été affronté. Derrière ces tentations, il y a quelqu’un : La bible le nomme « le diable ». Il est celui qui cherche à faire tomber l’homme. Il est présent dans toutes les luttes de notre vie et n’en démord pas. Jésus a été tenaillé par la faim. Mais il a refusé de céder à la tentation de posséder et de consommer. Il est le Fils bien-aimé du Père et il veut lui rester fidèle jusqu’au bout. Il répond par un rappel de la Parole de Dieu: « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu… »

Jésus sait très bien qu’avec Satan, on ne peut pas dialoguer. Il choisit de se réfugier dans la Parole de Dieu. Nous l’avons entendu : Ce n’est pas seulement de pain que vit l’homme. Manger c’est vital. Être en accord avec Dieu est encore plus vital : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ». Ne le provoque pas. À Dieu seul, tu rendras un culte… Ne te prosterne pas devant les idoles, devant les personnes et encore moins devant le diable. Ces tentations sont aussi appétissantes que le fruit défendu de la Genèse. À nous de choisir si nous voulons vivre en enfants de Dieu et être en relation de fraternité entre nous. Si nous choisissons de marcher à la suite du Christ, nous vivrons ; sinon c’est la jungle.

Jésus a résisté au tentateur et celui-ci a fini par le quitter. Le Seigneur nous montre comment faire face à toutes ses attaques. Il nous invite à nous réfugier, comme lui, dans la Parole de Dieu ; les Écritures nous ouvrent le cœur de Dieu. Leur méditation, leur mise en pratique auprès de nos frères nous rapprochent de Dieu. C’est avec lui que nous trouverons force et courage dans notre lutte contre le mal. Avec le Christ, nous apprendrons à rejeter toutes les publicités mensongères qui courent à travers le monde et nous détournent de l’Évangile. La Lumière de la Parole de Dieu nous est offerte pour éclairer notre vie.

Si nous approfondissons un peu plus les Évangiles, nous découvrons une bonne nouvelle : Tout ce que le diable lui promet, Jésus l’obtiendra de son Père : ce sera l’événement de la multiplication des pains, puis la résurrection d’entre les morts au matin de Pâques. Mais tandis que le diable lui offre de posséder tout cela immédiatement, Jésus ne veut le recevoir que de son Père, en acceptant la voie douloureuse qui l’établira en Messie glorieux.

À chaque Eucharistie, le Seigneur ne demande qu’à nous nourrir du « Pain vivant descendu du ciel ». Il nourrit la foi ; il fait grandir l’espérance et nous donne la force d’aimer. Puissions-nous, tout au long de ce Carême à avoir toujours faim du Christ, seul Pain vivant,  et de toute parole qui sort de sa bouche.

Par Abbé Jean Compazieu
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