L’Évangile nous redit constamment, et avec force, le sens de la voie chrétienne, où rien ne se fait sans amour et sans le don de soi.  Il faut aller avec le Christ comme il va avec nous. Il communie à nous dans nos épreuves et nos souffrances pour que nous passions la mort avec lui. Dans la grisaille des jours, la croix nous redit le chemin obligé de l’amour. L’amour plus fort que la mort. L’amour en nous qui épouse la cause du Christ puisque le Christ a lui-même épousé notre cause jusqu’au bout… par amour.

Matthieu 16,21-27

Pour des instants d’éternité!

Quand tout va bien, nous voulons, bien sûr, que ça dure tout le temps. C’est comme un bel été et des vacances que nous souhaiterions voir s’éterniser. Mais toujours trop vite viennent l’automne et la rentrée, et bientôt le dur hiver qui ne nous fait pas de cadeau, qui n’en finit plus.

Anticipés ou non, les défis du labeur quotidien et de l’endurance nous sollicitent.  Impossible de fuir, de nous esquiver.  Même dans le meilleur des mondes le temps de l’épreuve nous rattrape tôt ou tard.  Mieux vaut le prévenir, l’anticiper, l’apprivoiser pour bien le vivre et en survivre.

Au lendemain de la confession de Pierre à Césarée de Philippe, l’assurance et l’enthousiasme des disciples sont palpables; ils ont conscience de suivre un maître invincible, qui promet, leur semble-t-il, une gloire imminente et certaine. Or Jésus ne voit pas les choses de la même façon. Il n’entend pas passer à côté de notre condition humaine. Il a mission d’assumer les résistances et la douleur dont nous faisons si souvent l’expérience.

L’annonce de la passion survient alors comme une douche froide. Elle provoque une hésitation et même une certaine révolte dans la tête et le cœur de Pierre et des autres disciples. Jésus n’en démord pas. Il s’empresse d’ailleurs de mettre les points sur les « i ». Il y a là un incontournable.

L’Évangile nous redit constamment, et avec force, le sens de la voie chrétienne, où rien ne se fait sans amour et sans le don de soi.  Il faut aller avec le Christ comme il va avec nous. Il communie à nous dans nos épreuves et nos souffrances pour que nous passions la mort avec lui. Dans la grisaille des jours, la croix nous redit le chemin obligé de l’amour. L’amour plus fort que la mort. L’amour en nous qui épouse la cause du Christ puisque le Christ a lui-même épousé notre cause jusqu’au bout… par amour.

Dans le monde scolaire et même un peu partout, c’est la rentrée d’automne très bientôt, si ce n’est pas encore fait. Pour plusieurs elle est joyeuse et attendue cette rentrée. Mais elle est aussi un arrachement inévitable aux vacances et aux temps heureux.  Chacun est remis en présence de soi, de ses limites, de ses rêves, de ses vielles habitudes, de ses ressources nouvelles.  Chacun est à la recherche d’un modèle de vie.  Quelles grandes valeurs et quelles inspirations pourraient le relancer sur la route?

Nous aimons bien planifier, organiser notre vie, nous donner des objectifs personnels.  C’est alors le temps pour nous de nous tourner vers notre intérieur pour y reconnaître Dieu nous parlant un langage d’amour et de tendresse, d’appel pressant à donner notre vie.

Il s’agit alors d’entrer dans les pensées de Dieu. Avec lui, il ne s’agit pas de sauver d’abord notre propre vie. Mais de servir comme lui, d’aimer et de donner sa vie comme lui, avec lui. Et alors nous vivrons de lui.

C’est dans le cœur que notre avenir se joue. Dans cet espace de liberté, de dialogue avec l’hôte intérieur, en silence et paix avec lui.  De là, nous pourrons aller d’autant mieux sur tous les fronts, si nous avons cette capacité accrue en nous-mêmes de discerner le dehors, de nous engager vraiment, ayant trouver la force et l’énergie que Dieu donne au dedans de chacun de nous, son Esprit Saint.
Par Jacques Marcotte, o.p.

http://www.spiritualite2000.com

PRENDRE SA CROIX,
C’EST ENTRER EN GÉNÉROSITÉ

Quelle valeur refuser à un être qui est mesuré à la mesure de la Croix? Si vraiment le Christ a donné sa vie pour tous et chacun, c’est que chacun a une valeur infinie.

C’est que chacun est indispensable, c’est que chacun est unique, c’est qu’en chacun le monde commence, c’est que chacun doit devenir origine, c’est que chaque regard peut imprimer au monde un nouveau mouvement et, à travers le monde, communiquer aux hommes une nouvelle révélation.

Et il y a cette chose prodigieuse dans le Christ: l’homme grandit à l’infini, à mesure que Dieu se révèle davantage comme la pauvreté d’un amour où il n’y a rien que l’amour.

Mais la grandeur de l’homme est une grandeur de pauvreté. Aussi, c’est une grandeur de démission, parce que Jésus a introduit dans le monde une nouvelle échelle de valeur qui est celle de la générosité.

Le monde est encore tout infecté de ces faux dieux, c’est-à-dire de ces fausses représentations de Dieu qui sont uniquement le fait de l’homme et le monde ne cesse de concevoir la grandeur comme une domination.

Dominer, écraser, avoir des inférieurs, commander, employer le mode impératif, avoir des courtisans et des thuriféraires, être loué, considéré comme celui qui est en haut par ceux qui sont en bas, c’est la vision de la grandeur humaine, c’est la vision mortelle, absurde, irréalisable qui aboutit toujours finalement à l’esclavage du despote et à l’avilissement des esclaves.

Le plus grand, c’est celui qui se donne le plus

Jésus nous introduit dans un nouveau monde qui est un monde de générosité où la seule grandeur est de se donner. Le plus grand, c’est celui qui se donne le plus et Dieu est au sommet de la grandeur parce qu’il est uniquement celui qui se donne.

Nous commençons maintenant à être introduits au cœur de cette mystique étrange, de cette mystique unique, bouleversante où il ne s’agit plus de notre accomplissement: le monde que Dieu veut, ce n’est pas ce monde qui gît dans les gémissements de la douleur et de l’enfantement, comme dit saint Paul, ce monde soumis à la vanité et qui attend la révélation de la gloire du Fils de Dieu.

C’est un autre monde, celui qui naîtra de l’amour quand nous aurons fermé l’anneau d’or des fiançailles éternelles, quand notre vie elle-même sera devenue un consentement d’amour et quand nous aurons protégé Dieu contre nous-même au point de devenir le berceau vivant de sa naissance.

C’est cela qu’il faut retenir: ce renversement total des perspectives, cet anoblissement de l’homme qui devient le partenaire à égalité car, dans l’amour, il n’y a pas de juridisme possible: le partenaire d’un Dieu qui est tout amour, d’un Dieu qui est sans défense, d’un Dieu désarmé, d’un Dieu qui a absolument besoin de nous, d’un Dieu dont chacun de nous a à être le berceau silencieux et transparent.

Maurice Zundel
Conférence, Cénacle (Paris) 1964
https://www.mauricezundel.com