Centième anniversaire de la naissance du Père Pietro Tiboni. Une vie donnée

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Lundi 26 mai 2025
En Ouganda, célébrations du centième anniversaire de la naissance du missionnaire combonien, qui a formé des générations de prêtres et a donné vie à des œuvres de charité et d’éducation. C’est l’occasion de recueillir le témoignage de ceux qui l’ont rencontré et ont marché à ses côtés.

Père Pietro Tiboni, mccj

Le 25 mai 2025, dans la paroisse du Christ-Roi à Kitgum, dans le nord de l’Ouganda, une messe solennelle a été célébrée pour le centième anniversaire de la naissance du Père Pietro Tiboni (Tiarno di Sopra, Trente, 6 avril 1925). Celle-ci a été présidée par l’archevêque de Gulu, Monseigneur Raphaël P’Mony Wokorach, avec la participation de nombreux prêtres, paroissiens, amis et fidèles, venus également de Kampala pour faire mémoire du missionnaire qui pendant des décennies a profondément marqué la vie de l’Église ougandaise. « C’était une encyclopédie », a déclaré l’archevêque : « Il pouvait nous enseigner n’importe quel sujet, sans notes, en essayant de rendre le sujet compréhensible et concret. Il enseignait avec sa vie. Il enseignait la foi ».

C’est précisément à Kitgum, au début des années soixante-dix, que le Père Tiboni a connu un tournant décisif dans sa vocation missionnaire. Il a d’abord rencontré un groupe de jeunes laïcs de CL puis, en mai 1971, don Luigi Giussani. À une époque où la mission traversait une crise profonde, marquée par des tensions théologiques et des désorientations pastorales, cette rencontre lui a redonné souffle et élan, en lui offrant une vision de la mission enracinée dans le témoignage communautaire et dans la charité qui s’exprime dans l’éducation à la Vérité. Il le racontait lui-même : « Je ne me souviens pas d’un seul mot de notre rencontre, mais l’impression que j’ai eue était celle de la présence de quelque chose d’exceptionnel… Pour moi, c’était vraiment une grâce extraordinaire, parce qu’à cette époque, dans les années soixante-dix, la mission était pratiquement entrée en crise, à cause de la théologie de la libération, pour une histoire ou une autre. Par conséquent, avoir rencontré Giussani a été comme un grand souffle pour la vie missionnaire. Depuis lors, ma préoccupation a été de comprendre ce qui m’est arrivé ».

Le 25 mai 2025, dans la paroisse du Christ-Roi à Kitgum, dans le nord de l’Ouganda, une messe solennelle a été célébrée
pour le centième anniversaire de la naissance du Père Pietro Tiboni (Tiarno di Sopra, Trente, 6 avril 1925).
Celle-ci a été présidée par l’archevêque de Gulu, Monseigneur Raphaël P’Mony Wokorach
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Tiboni a fondé le Pastoral l’Institut de Kitgum (PIK), un séminaire pour les vocations adultes, mais il a été contraint de quitter l’Ouganda en 1975 par le régime d’Idi Amin. Le Père Tiboni y retourna après la chute du dictateur, il reprit son engagement éducatif, et continua son travail de formateur dans les séminaires. Dans la même période, l’expérience du Meeting Point de Kitgum est née pour affronter la dramatique pandémie de sida ; elle était dirigée par Ketty Opoka (décédée quelques semaines avant le Père Pietro, qui lui est décédé à Gulu le 13 juin 2017). Cette expérience s’est ensuite répandue dans tout le pays et continue encore aujourd’hui de prendre soin de milliers de malades et d’orphelins.

En 1981, au cours d’une semaine théologique au séminaire de Katigondo, le Père Tiboni a compris la nécessité de générer une présence chrétienne vécue comme communion et responsabilité personnelle. C’est ainsi qu’est né Christ is Communion and Life (CCL), un mouvement qui s’est rapidement répandu en Ouganda, impliquant des laïcs et des prêtres dans une vie chrétienne concrète, enracinée dans la réalité et capable d’attirer de nombreuses personnes au Christ.

Les célébrations du centenaire se sont poursuivies à Kampala, avec des rencontres à l’école secondaire Saint-Kizito et à la Luigi Giussani High School, avec des émissions de radio sur Radio Maria et, le 1er juin, avec la présentation du livre Père Tiboni, l’un des hommes les plus saints que nous ayons à la paroisse Notre-Dame d’Afrique à Mbuya. De nombreux témoignages émouvants et profonds ont été offerts en présence du Nonce Apostolique, Monseigneur Luigi Bianco, de l’évêque d’Arua, Monseigneur Sabino Odoki, du Supérieur provincial des Missionnaires Comboniens, le Père Anthony Kibira, ainsi que de nombreux amis et témoins.

Monseigneur Giuseppe Filippi, combonien, évêque émérite de Kotido, a rappelé son courage pour renouveler la formation des prêtres, en plaçant au centre la vie communautaire et l’amitié, « C’est une parole-clé pour Tiboni, une parole qui rend les communautés réelles et profondément unies ». Le Père Alfonso Poppi, de la Fraternité Saint-Charles-Borromée, a raconté comment la rencontre avec Tiboni a suscité en lui une vocation au sacerdoce libre et humainement riche : « La rencontre avec lui a suscité en moi une expression d’émerveillement et dans mon cœur je me suis exclamé avec joie : “ça c’est un homme ! C’est un homme vraiment libre !”. Depuis l’enfance, j’avais développé une sorte d’antipathie et de préjugés envers les prêtres. Ma conversion chrétienne avait eu lieu trois ans avant, lorsque j’ai rencontré le mouvement CL, mais la rencontre avec “Tibo” m’a fait admirer combien la vocation sacerdotale est humaine et belle ». Rose Busingye, fondatrice de Meeting Point International à Kampala, qui se définit elle-même comme “fille de Tibo”, a décrit son propre parcours de foi et de consécration au service des pauvres : il a commencé avec la rencontre avec Tiboni, qui lui a permis de rencontrer et de suivre don Giussani. « Avec lui, j’ai vécu une compagnie à la découverte de mon cœur et mon destin. Il m’a accompagnée en 1990 en Italie, à la rencontre qui a décidé de ma vie. De ce jour-là, je me souviens comment Giussani et Tiboni m’ont regardée : c’était le regard de Dieu ». Enfin, Donatella Whitney a témoigné de sa présence paternelle et aimante depuis l’enfance, soulignant comment son héritage spirituel continue encore aujourd’hui de façonner la vie de tant de personnes : « Je n’ai jamais rencontré une personne aussi pure de ma vie. Quelle bénédiction d’être nés dans cette expérience ».

Le centenaire a donc été l’occasion d’une mémoire vivante et pleine de gratitude pour une vie entièrement donnée, enracinée dans la certitude que « le monde a besoin de voir l’unité de ceux qui croient ». Dans le Père Tiboni, reste vivant le témoignage d’une communion qui génère la charité, l’éducation et la mission, encore féconde aujourd’hui en Ouganda et dans le monde.

La prière de la consécration au Christ par Marie, qui s’est tant répandue partout dans le monde, reste le symbole précieux de la prise de conscience que le monde a besoin de témoins joyeux et prêts à donner leur propre vie pour que le monde croie.

Filippo Ciantia