Le P. Luigi Peranzoni naquit à Verona dans le quartier “Paradiso”, le dernier de quatre frères. Son papa était un employé de l'Etat et sa maman ménagère. Encore enfant, il commença à fréquenter le Centre de Spiritualité Camillien qui avait son siège dans ce quartier. C'était un garçon très vivant, aimant le sport, engagé spirituellement et capable d'entraîner les autres jeunes vers le bien. A ses funérailles, quelques “paradisiens” ont rapporté des témoignages émouvants.
Après ses classes primaires, Luigi s'inscrivit à l’Institut Technique et, dans le concours, après l'obtention de son diplôme, il sortit le deuxième d’Italie. Cela lui assura une bonne place chez Alfa Romeo comme dessinateur mécanique. Quand il atteignit l’âge, il fut appelé au service militaire et envoyé dans la région du Alto Adige avec le grade d'officier. Là, il montra encore une fois la spiritualité qu'il avait intériorisée chez les Camilliens. Etant donné que le curé du pays se refusait de recevoir les confessions des soldats italiens, Luigi allait dans d'autres endroits en recherche de qui pourrait nourrir son âme avec le sacrement de la réconciliation. Cela constitua un bon exemple pour ses compagnons militaires.
Les soldats italiens étaient mal vus des gens du pays parce qu'ils étaient considérés comme des excommuniés et des sans Dieu. Quelle fut la surprise du curé quand, le jour de la Fête-Dieu, sortant de l'église avec la procession, il trouva aligné en double file le peloton militaire qui, au passage du Très Saint Sacrement, se mit au garde-à-vous et fit le salut. A partir de ce jour-là, les relations entre les chrétiens du lieu et les soldats s'améliorèrent franchement.
A la fin de la guerre, Luigi revint chez lui et exprima à son père spirituel (un camillien) le désir de devenir prêtre missionnaire. Logiquement le prêtre l'invita à se faire camillien, mais à cette époque-là les Camilliens de Verona n'avaient pas de missions, tandis que Luigi insistait pour la vie missionnaire. “Alors va chez les Comboniens” lui répondit le prêtre.
En 1939, Luigi était au noviciat de Venegono et le 29 juin 1945, il fut ordonné prêtre. En attendant, à cause de la guerre, il dût rester en Italie jusqu'à ce que s'ouvrirent les voies de la mission. En 1946, il fut un des premiers à s'embarquer pour le Soudan du Sud. Il fut envoyé à l'école technique de Torit comme professeur. Très compétent, avec un grand sens de la responsabilité et de la discipline (qu'il ne perdra jamais dans toute sa vie), il donna une impulsion déterminante à cette école.
Le Fr. Ottorino Gelmini écrit: “Moi aussi, j'ai eu la chance de vivre pendant quelque temps avec le P. Luigi. Il était professeur de mathématique dans l'école technique où je travaillais moi aussi. J'ai toujours admiré le grand sérieux de son enseignement, comme également sa fidélité. Chaque jour, il préparait avec scrupule ses leçons. En plus de son exemple, il a été pour moi également d'un grand encouragement, m'exprimant son estime pour le travail que j'étais en train de faire. Un jour, par exemple, il m'avoua qu'il trouvait vraiment préparés les enfants qui venaient de ma classe. Une telle reconnaissance fut pour moi comme un élan d'enthousiasme. Avec la sollicitude et l’attention qu'il avait pour les enfants, le P. Luigi fut d'une grande aide au P. Fernando Sembiante, le directeur de l'école, pour maintenir la discipline et le rythme d'étude.
En 1955, avec le passage du gouvernement des anglais aux arabes, éclata à Torit une émeute des soldats du Sud contre les arabes du Nord, qui détermina la fermeture provisoire des écoles. Le P. Luigi et le personnel rattaché à l'école durent se déplacer dans la mission d'Isoke. Je peux dire que la permanence du P. Luigi à Isoke représenta un moment de tranquillité, malgré les visites répétées des voleurs. Pour notre petite communauté, il fut de compagnie précieuse et de soutien sûr. J'ai admiré également sa sensibilité humaine: quand il allait en vacances, il ne manquait jamais de rendre visite à mes parents et à ma famille".
Après l’expérience soudanaise, le P. Luigi fut pendant dix ans en Ouganda, se dévouant toujours à l'enseignement et six ans avec les Apôtres de Jésus au Kenya. En 1986, il fut en Italie d'abord à Venegono, puis à Limone et enfin à Verona. Là, il a passé les dernières années de sa vie au Centre des Malades et des Personnes Agées, répandant la sérénité par son optimisme. La fracture d'un fémur le contraignit à entrer à l'hôpital. Il fut opéré, mais les troubles qu'il portait déjà avec lui et son âge ne lui permirent pas de surmonter ce traumatisme.
Le P. Luigi expira à deux heures du matin, le 12 novembre 2005 à l’hôpital de San Bonifacio. Maintenant il repose dans la tombe des Comboniens au cimetière de Verona.
(P. L. Gaiga)