In Pace Christi

Gaiga Lorenzo

Gaiga Lorenzo
Date de naissance : 03/09/1934
Lieu de naissance : Vestenanova
Premiers vœux : 09/09/1955
Vœux perpétuels : 09/09/1961
Date de l’ordination : 08/04/1962
Date du décès : 13/11/2007
Lieu du décès : Verona

Le P. Lorenzo Gaiga naquit à Vestenanova, dans la province et le diocèse de Vérone, de Silvino et Angelina, quatrième de 7 enfants, six garçons et une fille, Eliana, morte à 38 ans. Il fut élevé chrétiennement par ses parents (le papa se rendait tous les matins à la Messe). Il fréquentait l'école d son pays quand le P. Gino Sterza, le promoteur des vocations de ce temps-là (nous sommes en1948) passa dans sa région, allumant dans le coeur du petit Lorenzo la flamme de la vocation missionnaire. Il entra dans l'école apostolique de Trento, il suivit les cours du gymnase à Brescia et fit son noviciat à Gozzano à 19 ans. Son père maître fut le P. Pietro Rossi. C'était le temps de l’agere contra de l’ascétisme de l’époque. Malgré cela, Gozzano restait le lieu de sa jeunesse ardente, des saints désirs du martyre, se transformant en étonnement, en merveille et fraîcheur de vie. Il acheva son noviciat avec sa première profession à Gozzano, le 9 septembre 1955.

Après son noviciat, il fréquenta le lycée à Vérone pour aller ensuite à Venegono pour son scolasticat. Un étudiant de théologie normal qui ne laissait pas certes prévoir ce qu'il allait devenir. Il fut ordonné prêtre dans son pays (1962). Soudainement, il doit tenir compte de sa santé: on lui enlève un rein, qui s'était infecté probablement à cause d'une imprudence quand il était encore jeune lycéen à Brescia. La vie missionnaire dans des pays lointains lui devenait ainsi interdite. Il suivra la volonté de Dieu, exprimée par ses supérieurs qui l'appelèrent à travailler à la rédaction du Piccolo Missionario (Piemme), le mensuel pour enfants édité à Vérone par la province italienne. C'est ainsi que, partant presque de zéro, il créera son style unique d'écrivain, simple et spontané, subtil et plein d'esprit qu'il a certainement appris un peu de son directeur de Piemme de ce temps-là, le P. Neno Contran, et qui fera de lui “la plume des Comboniens”, comme l'a défini quelqu'un à Vérone. En arrivant au Piemme, il avait déjà commencé à rédiger de petits livres d'animation missionnaire et à publier des biographies de confrères et d'autres missionnaires (hommes et femmes). Les biographies devinrent sa spécialité. Le Seigneur lui avait permis d'écrire les Actes des apôtres se donnant à la mission réalisée par des Comboniens d'hier et d'aujourd'hui, lui qui ne verra que de loin la belle image, souriante et positive, de l'Esprit en action chez ses confrères.

Au Piemme, le P. Lorenzo travaillera pendant 16 ans, y devenant le directeur et développant ce mensuel jusqu'à atteindre 138 pages. Ce sont les temps glorieux du Piemme qui, avec le P. Cuniberto Zeziola, son administrateur et diffuseur, arriva à un tirage de 120 mille exemplaires. Mais combien de voyages pour contacter les enfants dans les colonies de vacances et dans les écoles! Quand viendra le moment de quitter le Piemme, ce sera le P. Tonino Falaguasta qui lui succédera comme directeur. Le P. Lorenzo sera libre pour se consacrer à ses livres et surtout à rédiger la nécrologie des confrères défunts (plus d'une centaine!), publiées dans le Bulletin de l’Institut. Tous les italiens ou presque tous ont été présentés par lui, avec la conviction que quiconque mourait dans l’Institut était prédestiné. Avec discrétion, il pénétrait dans l'intimité des dossiers personnels sans que jamais ne transparaisse ce qui devait rester confidentiel et secret. Combien d'amour et de passion n'a-t-il répandu pour nous faire part de la vie, des vertus et des limites humaines de ses confrères, toujours présentés sur une note bon enfant et souriante. En résumé, une vie, celle du P. Lorenzo, dépensée à raconter la mission.

Quant aux biographies de missionnaires et autres, il en a publié des dizaines et des dizaines. L'année dernière, ses livres publiés s'élevaient à 102, mais lui préférait les compter en… mètres (trois mètres et…). Parmi les biographies – beaucoup consacrées à nos martyrs dont il était devenu un expert – la plus célèbre est certainement celle du P. Bernardo Sartori, un Combonien qui, de ses 60 années de sacerdoce, en avait passé 50 en Afrique (Ouganda).

Du P. Lorenzo, il ne faut pas oublier ses 10 années à la tête de Amici dei lebbrosi, bulletin de l’Association Raoul Follereau, avec son siège à Bologne, créé pour coordonner l’aide aux frères lépreux dispersés dans le monde (plusieurs millions de personnes).

Le P. Lorenzo resta également à Naples, Rome, Limone, Gozzano et Brescia, comme animateur missionnaire, continuant toujours à développer son travail de biographe officiel des confrères italiens. A l'occasion de ses 25 ans de sacerdoce, il avait avoué: “La maladie a été pour moi un grand acte d'amour de la part de Dieu. Autre chose qu'une malédiction! Il m'en a fallu du temps pour le comprendre. Mais j'y suis arrivé, au point qu'aujourd'hui je referai la même route et accepterai le même mal”.

Comme nous tous qui le lisons, le P. Lorenzo avait également son caractère et ses faiblesses. Il en avait parfois souffert et le caractère avait été l'occasion de quelques incompréhensions avec les confrères missionnaires, ce qui est très normal entre "saints qui mènent une vie normale", comme l'aurait dit Comboni. La souffrance l'a purifié, comme il l'avait d'ailleurs écrit sur tant de confrères. Ça ne lui a pas été facile de monter au calvaire. Surtout depuis que, l'année dernière, le second rein lui avait été également enlevé, l'obligeant à de continuelles dialyses qui l'affaiblissaient beaucoup.

Les funérailles se sont déroulées à Vérone, le vendredi 16 novembre, dans la chapelle de la Maison Mère avec la participation de nombreux prêtres et confrères et d'une grande foule de religieuses et de laïcs qui montraient combien ils étaient à lui devoir une reconnaissance comme leur directeur spirituel et confesseur. C'était un confrère qui connaissait les plaies les plus secrètes du coeur humain et il en annonçait la miséricorde divine. Il a été enterré dans le village où il était né et auquel il était resté très attaché. Il restera parmi les gens et dans le coeur de tant d'êtres qui l'ont estimé et aimé, dans l’attente de la résurrection.
(P. Aurelio Boscaini)