Le silence de Dieu a été toujours l’expérience de ceux qui chemine dans la foi.Le dernier livre sur le silence de Dieu dans la vie de Mère Thérèse, inspire une réflexion au pape Benoît XVI. Le p. Antonio Furioli analyse cette expérience comme étant une des composantes de la vie apostolique, en partant aussi de l’exemple de Comboni.
par P. Antoine Furioli m.c.c.j.

Introduction

La lumière inonde de vie chacun des êtres vivants et lui donne de vivre ce qu’il est en réalité, c'est-à-dire une personne qui se comprend elle-même et les autres, comme vivants, existants, libres, en relation, etc.…Lumière est synonyme de fiabilité, de concorde, d’unité, confiance, familiarité, alors que son contraire est l’équivalent de séparation, isolement, non fiabilité, de peur. L’Ade grec, les Enfers des Romains, le Walhalla des Vikings, le Schéol des Hébreux ou bien l’Enfer chrétien sont le domaine des ténèbres impénétrables, épaisses comme une  couche  d’ombre hostile et perpétuelle, ou une solitude glaciale sépare l’être vivant et le fixe pour toujours dans sa pauvreté désespérée, où aucun regard ne viendra rencontrer celui d’un autre, comme dans un instantané volé à la vie d’une personne par un appareil photo, ou l’instant de la durée d’un battement de cils fixé sur une pellicule. C’est le lieu de l’individualisme irréversible, de l’éternelle incapacité de relation, de communion, de solidarité. De tout cela, nous trouvons des témoignages  très importants dans la Bible: «Ils habitaient dans les ténèbres et l’ombre de la mort » (Ps. 107,10) et spécialement dans l’expérience déchirante de Job, le premier mystique pré-chrétien de la nuit obscure du croyant: « … avant que je m’en aille, sans possibilité de retour, vers la terre des ténèbres et l’ombre de la mort, terre de brume et de chaos, où la Lumière est Ténèbre » (Jb. 10,21-22) ou encore des grands priants d’Israël: « Tu as éloigné de moi mes amis et mes connaissances, les ténèbres seules sont mes compagnes» (Ps. 87,19).

Lumière et ténèbres dans le lexique métaphorique

 «Dieu dit:Que la lumière soit et la lumière fût. Dieu vit que cela était bon et sépara la lumière des ténèbres et appela la ténèbre nuit » (Gn. 1,3-5). La nuit comme telle est une réalité inconnue et totalement étrangère à l’Hexaméron1. Les ténèbres et la nuit sombre  n’ont pas été créées par Dieu ni voulues par Lui, parce qu’elles ne sont que négativité, l’avortement de l’acte créateur et inventif de Dieu. Elles ne sont pas ses créatures , elles ne participent pas à la plénitude de son être passionné du bien de l’homme. « A l’origine, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et déserte et les ténèbres recouvraient l’abîme et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux » (Gn. 1,12). Ténèbres et abîme sont deux réalités négatives, qui s’attirent et se repoussent l’une l’autre. Selon la description de la Bible, les ténèbres semblent quasi préexistantes à l’action créatrice de Dieu. Elles sont le symbole du chaos primitif qui régnait, la subversion de l’ordre harmonieux qui s’oppose a la Lumière radieuse  qui assigne aux créatures  la place que leur donne leur Créateur. La nuit et les ténèbres sont le signe de l’inexistant, du rien, du « séparé » de tout, l’interruption de la chaleur naturelle de la Vie2, qui vibre pleinement, de source, seulement en Dieu. Les ténèbres  sont symbole de désordre, de confusion, de tout ce qui est amorphe, et indéterminé, grumeau informe non voulu du Créateur suprême, du généreux Pantocrator du cosmos. Les ténèbres donnent l’idée d’un complot contre l’innocent et de qui est sans défense, symbole de la loi du silence qui véhicule un sens  d’impossibilité totale à la communication, de pouvoir transmettre quelque chose à quelqu’un. Le « matin » et le « soir » délimitent et contiennent  la succession ininterrompue des événements de la Création: «Il y eût un soir, el y eût un matin : premier jour » (Gn. 1,5), désignent la progression harmonieuse et généreuse de l’œuvre de Dieu. Quand la nuit cesse et s’endort, le matin s’éveille et commence son labeur. La nuit sombre n’est pas encore la puissance effective des ténèbres, mais elle est  radicalement incapable de leur opposer une résistance durable et signifiante. La nuit dévastatrice et dominatrice dans le sens que lui donne St. Jean (cf. Jn. 1, 4-9) apparaît seulement au moment de la chute, et depuis, sa course a été continue et ininterrompue jusqu’à nos jours. JWHW est le KYRIOS de la lumière et du matin, domaine incontestable de la lumière pure et transparente « Lumière véritable qui illumine tout homme » (Jn. 1,9), tandis que Satan est le prince des ténèbres et de tout ce qui est volontairement occulte, tenu caché par une jalousie secrète et pervers. Satan est « l’incapable de communion » par excellence. « Quel rapport peut exister entre la lumière et les ténèbres » (2 Cor. 6,14) se demande, avec une indignation à peine cachée, un grand expert des textes sacrés, Paul de Tarse, disciple de Gamaliel3 un célèbre rabbi de la Thorah, dans sa recherche inquiète du sens des Ecritures. La nuit n’est pas seulement la simple absence passive de lumière. Les psychiatres savent bien que toute forme de passivité apparente, occulte une résistance sourde et active à la communication. Les ténèbres dont on parle dans ce contexte particulier sont une fugue désespérée à l’intérieur de soi, comme dans un labyrinthe inextricable, parce que dans l’incapacité d’échapper à la lumière et pour se cacher, elles se vêtent d’une obscurité coupable, qui se manifestent à travers des attitudes démoniaques, pleinement conscientes de leur négativité ou de leur refus de s’ouvrir, et de dévoiler un secret tenu jalousement et continuellement caché.

Dans la Dernière Cène, la salle haute ou supérieure (cf. Mc. 14,15; Lc. 22,12) où le Seigneur Jésus a institué  l’Eucharistie était lumineuse. Et c’est précisément dans cette circonstance que Satan entra en Judas (cf. Lc. 22,3) et que Judas, depuis ce moment, ne put rester immergé dans cette lumière resplendissante: « Il sortit. Et il faisait nuit » (Jn. 13, 30). Les ténèbres épaisses de cette sombre nuit du mal prirent  avidement possession de Judas pour ne jamais plus le lâcher, et se rendirent ainsi complices de son terrible secret, celui de trahir le Fils de l’Homme (cf. Lc. 22,6-48).

La trahison de Pierre se produit aussi au cœur de la nuit (cf. Jn. 18,17.25-27), comme si les profondes ténèbres devenaient le sein caché et immonde, protecteur d’une réalité  perverse et sinistre: « C’est votre heure, celle de l’empire des ténèbres » (Lc. 22,53). Et Jésus nous met en garde contre un fait historiquement incontournable, dont chacun d’entre nous est le témoin impuissant et consterné tous les jours4: « Les fils de ce monde …sont plus rusés que les fils de la lumière » (Lc. 16,8). « La lumière resplendit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont pas accueillie» (Jn. 1,5); «  Moi, je suis venu dans le mande comme lumière, afin que qui croit en moi ne reste pas dans les ténèbres» (Jn. 12,46). Si d’un côté cela nous afflige a cause de nos connivences complices du mal, de l’autre, St. Paul nous restitue l’espérance perdue et nous rassure: nous aussi nous sommes illuminés par le Christ, et nous sommes transformés radicalement en passant des ténèbres à la lumière: « Vous êtes tous fils de la lumière et fils du jour; nous ne sommes pas fils de la nuit ni des ténèbres » (1 Tite 5,5) et ceci parce que « Dieu habite une demeure inaccessible » (1 Tim. 6,16).

Le sens profond de la nuit spirituelle

La vie mystique pour un observateur extérieur, peut évoquer l’idée d’une île heureuse, une sorte de Paradis sur terre, où le croyant, comblé de grâces, n’a rien d’autre à faire que de les accueillir d’un cœur humble et reconnaissant,  en se laissant conduire jusqu’à l’union transformante en Dieu. Une idée similaire de la vie mystique ne correspond en rien à la vérité et en donne une idée fausse. Pour en être convaincu il nous suffit d’écouter les maîtres de la mystique, docteurs de l’Eglise, qui font autorité en la matière. La joie que Dieu leur accorde est seulement une petite anticipation de la joie éternelle qui, dans l’eschatologie finale, sera offerte par Dieu dans la vision béatifique. Mais avant d’y arriver, les mystiques ont dû affronter et dépasser les purifications les plus douloureuses et difficiles5. Aspirer à la vie mystique est une pure présomption si on n’est pas passé auparavant au travers d’une ascèse sévère et rigoureuse. Mais en même temps que la vie devient plus austère et que s’intensifie la mortification de nos appétits désordonnés, les grâces de Dieu deviennent plus importantes. Les faveurs divines ont une identité propre que l’on ne peut confondre: elles blessent le cœur comme les réprimandes les plus sévères et on ne les oubliera plus. Dieu refusera d’accorder sa joie la plus pure  et la plus élevée à qui s’attache aux joies sensibles, mais si le croyant est fidèle, Dieu le configurera à Lui.

Dans l’Evangile, nous lisons que Jésus avait mis en garde les disciples de tous les temps des illusions faciles mais trompeuses: « Si quelqu’un ne renaît pas d’En-Haut, il ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jn. 3,3). Condition préliminaire et indispensable pour renaître et donc pour mourir à nous-mêmes. « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul. S’il meurt il porte beaucoup de fruits. Qui aime sa propre vie la perd, et qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle » (Jn. 12,24-25). Mourir à soi-même pour renaître en Dieu est une condition impérative  pour tous les chrétiens, sans raccourci ni escompte. Les mystiques n’en sont pas exempt, justement parce que la vie mystique est une forme très spéciale d’union avec Dieu qui exige un continuel et profond dépouillement intérieur6. Bien au contraire, les mystiques, plus que les autres croyants sont soumis aux dures exigences de l’ascèse évangélique: « pour arriver à cette union avec Dieu, il faut que l’âme passe nécessairement à travers cette nuit obscure, c'est-à-dire à travers la mortification des appétits et le renoncement à tout les plaisirs qui découlent des biens sensibles, pour le motif suivant: toutes les affections sensibles qu’elle nourrit pour les créatures sont ténèbres devant Dieu. Tout pendant que l’âme en est encombrée, elle ne pourra pas être illuminée et possédée de la pure et simple lumière de Dieu. Elle doit premièrement s’en libérer car la lumière ne peut habiter avec les ténèbres»7. Le croyant s’emploiera à rechercher la nudité et la pauvreté spirituelle et celle des sens, qui consiste dans le désir sincère d’aller à Dieu sans le secours d’appuis ni de réconfort intérieur ou extérieur8. Plus quelqu’un se dépouille de soi-même, et plus croît en lui la fascination pour le mystère de Dieu que donne une connaissance pure, spirituelle, joyeuse et pleine d’un amour qui comble l’âme9. Pressé sans trêve par l’amour, le cœur se dilate; le Seigneur s’incline sur le disciple et se révèle à lui dans une intimité inconnue jusqu’alors: « Ma nuit ne connaît pas les ténèbres, elle resplendit de lumière »10. Cette communion intime avec Lui, lui donnera la force et le courage de supporter les épreuves les plus dures et de les affronter avec des efforts les plus héroïques. Expérimenter en soi la fascination irrésistible de la présence de Dieu, est signe que la vie mystique est déjà en cours. Qu’on se souvienne toutefois que la grâce de Dieu sans notre collaboration ne nous conduira nulle part. En fait, aux grâces spéciales de Dieu, il faut correspondre avec une générosité égale. A l’école des mystiques cherchons à comprendre en quoi consiste la vie mystique et de reconnaître les dispositions indispensables pour aller jusqu’au bout  sur ce chemin accidenté, qui porte à l’union transformante avec Dieu.

Pour St. Jean de la Croix, la vie mystique a un double aspect doctrinal que nous pouvons distinguer de cette façon:

( 1 ) - un aspect ético-moral qui rappelle aux croyants qu’ils doivent devenir toujours plus dignes de Dieu (cf. Lév. 11,44). A ce niveau le croyant vit une expérience très vive de ses péchés, parce qu’ils déplaisent profondément à Dieu et que pour lui cela constitue une vraie agonie intérieure11. Il aime Dieu a un tel degré qu’il donnerait bien volontiers sa vie pour un seul regard, tout en sachant qu’il ne pourrait le soutenir (cf. Is. 33,20).

( 2 ) - un aspect ascetique-spirituel qui souligne l’incompatibilité de l’amour de Dieu et de l’amour de soi12. Cette doctrine met en évidence le lien entre purification active et contemplation mystique. Ceci ne doit pas être compris comme un « avantage » pour Dieu, mais comme une initiation a ce genre de vie qu’il réserve à ces amis (cf. Jn. 15,15). Dieu ne peut les attirer efficacement  à Lui qu’en les rendant toujours plus digne de Lui, c'est-à-dire « capax Dei »13. C’est une illusion grave que de vouloir se soustraire à cette logique ou de rêver qu’un chemin plus facile se substitue à cette lente et coûteuse transformation de la nature humaine. En fait, à la fin, seuls « ceux qui ont le cœur pur » (Mt. 5,8) seront admis à contempler le visage resplendissant et aimant de Dieu: « Mon cœur brûle: je veux voir mon Seigneur »14 (Ps.11,7 ; 17,15). L’ascèse exigée par cette doctrine est très exigeante, mais la joie intérieure qu’elle transmet est une anticipation de cette  joie indicible de la communion avec Dieu dont nous jouirons le jour de la Parousie finale, au moment où le Seigneur apparaîtra « il n’y aura plus de nuit » (Ap. 21,25), et qu’Il nous offrira la plénitude de ses dons et nous, nous Le contemplerons comme Il est: « Dans sa lumière nous verrons la lumière» (Ps.36,9).

Pendant la période de purification passive, le croyant éprouve de temps en temps les angoisses de la mort, qui lui laissent présager le caractère difficile et punitif de la nuit spirituelle. Pour ceux qui ne sont pas appelés a un niveau supérieur d’intimité avec Dieu, la nuit de purification sera brève mais très fréquente15; au contraire pour ceux que Dieu appelle à un étape plus avancée de l’union avec Lui et qui ont la grâce de répondre avec promptitude et générosité, la nuit de l’esprit sera longue et terrifiante: « La nuit, mon âme soupire après Toi » ( Ps. 26, 9 ). Dans la vie mystique à ses débuts, Dieu demande au croyant le don inconditionnel de lui-même. La docilité héroïque de qui ne refuse pas le plus petit sacrifice à Dieu. Ces caractéristiques se retrouvent dans le mystère de joie et de douleur qui qualifient la vie du croyant chrétien.

Finalité de la nuit spirituelle

La nuit des sens et la nuit de l’esprit constituent le double rôle de la purification passive. La nuit des sens n’est que la première étape du long chemin que le croyant entreprend pour arriver à l’union transformante avec Dieu. La purification des appétits sensibles est déjà une grande grâce. Mais tant que le croyant n’a pas été purifié par ce feu divin qui consume et n’est pas consumé (cf. Es. 3,2), il est incapable de s‘approcher de Dieu. Cette phase douloureuse de la purification passive a pour but la lente et graduelle transformation du croyant. Paradoxalement l’instrument dont Dieu se sert est la contemplation à laquelle il aspire de toutes ses forces. Le but de son désir devient ainsi l’instrument cruel de ses souffrances les plus intimes:  « Je ne voudrais pas, je ne veux pas parler de ce mourir, plein d’amour, de gloire et d’amitié si délicate de Dieu pour l’âme, parce que je me rends parfaitement compte de ne pas savoir le faire, et si j’en parlais, mes paroles n’exprimeraient pas ce que c’est en réalité. Il s’agit d’aspirer Dieu dans l'âme, à travers ce réveil de la sublime connaissance de la Divinité. L’Esprit Saint, en fait, l’aspire en lui avec la même proportion d’intelligence et de connaissance. A ce point, Dieu l’absorbe complètement dans l’Esprit Saint, et la rend amoureuse avec une perfection et une délicatesse suprême, qui correspond a ce qu’elle entrevu de Lui. Parce que c’est une aspiration pleine d’amour et de gloire, l’Esprit Saint comble cette âme d’amour et de gloire, et la rend amoureuse de Dieu, bien plus de ce l’on peut exprimer  et sentir,  en même temps qu’Il l’immerge dans les profondeurs du divin »16.

Le désir continuel, la ferveur intérieure pour  vivre cette communion avec Dieu, sont si exigeants pour la constitution fragile du croyant, qu’au départ tout ceci est motif d’une grave souffrance. « Le Seigneur les dépouille de leurs facultés, de leurs affections et de leurs sentiments, spirituels ou sensibles, intérieurs ou extérieurs. Il laisse l’intelligence dans l’obscurité, la volonté devient aride et la mémoire est vide. Les affections de l’âme se transforment en afflictions, dans l’amertume et l’angoisse; l’âme est privée des sentiments et du goût des biens spirituels qu’elle trouvait auparavant. Cette privation est une des conditions nécessaires pour que la forme spirituelle de l’Esprit qui est l’union d’amour, s’introduise dans l’âme  et s’unisse à elle. C’est cela que le Seigneur opère en elle par le moyen de la pure et obscure contemplation »17. La douleur que le croyant expérimente est si intense qu’il a l’impression d’avoir Dieu contre lui, et que lui-même, de son côté se retourne contre Dieu. Il a l’impression que Dieu l’a abandonné et c’est un sentiment si déchirant et déprimant qu’il hurle, presque avec rage: «  Seigneur pourquoi  te retournes-tu contre moi, je suis devenu un poids pour moi-même » ( Jb. 7,20). « Quand le Christ appelle un homme, il lui demande de mourir » écrivait Dietrich Bonhoeffer18 en plein conflit mondial. La souffrance a pour but de fortifier intérieurement le croyant, en lui faisant expérimenter sa fragilité intrinsèque, de façon à ne plus pouvoir résister. Les sens et les facultés de l’âme sont anéanties, écrasées, et provoquent une douleur si intense que si un choix était laissé au croyant, il  préfèrerait la mort à cette lente et continuelle agonie: « La mort plutôt que mes douleurs ! » ( Jb. 7,15). Personne ne pourrait supporter une telle agonie s’il n’était soutenu d’une grâce particulière. Cette grâce lui vient de son union à Dieu.

Tous les actes du croyant lui paraissent à l’improviste dépourvus de toute valeur, et le bien qu’il pensait avoir fait, semble tout à coup disparaître dans le néant.  Ses œuvres, soutenues jusqu’à ce moment par tout ce qui habitait heureusement sa mémoire, son imagination, ses perceptions sensorielles, ses capacités de relation, etc.…tout cela vient à lui manquer, c’est un épouvantable précipice qui s’ouvre sous ses pieds, un horrible vide existentiel, un abîme  de pauvreté et de misère. L’intelligence ne perçoit plus que l’incertitude et le détresse intérieure parce que Dieu purifie la sensibilité du croyant à travers cette aridité. Les facultés humaines, dans leurs expressions sensorielles et opératives, se  démenant  dans la nuit totale. C’est un tourment indicible, plein de doutes, de peurs, d’anxiété. Dieu purifie ainsi le croyant, tranchant, annulant, brûlant tout ce qui représente sa réalité sensible et affective. Cette purification a une double finalité :

1- c’est un dépouillement qui libère l’intelligence de toutes les considérations purement humaines pour les familiariser avec les valeurs, les méthodes et les critères de Dieu.

2- c’est une purification qui guérit les blessures dues à l’orgueil, à l’affirmation de soi, et rend le cœur pur et disponible à l’intention droite.

Le chemin est long et difficile, mais on doit répondre à ces purifications avec générosité constante, sans se rebeller et sans rien refuser à Dieu. Bien peu persévèrent jusqu’à la fin19. Mais là où l’homme faillit, Dieu intervient pour l’aider. Tout ce que Dieu demande au croyant c’est de s’abandonner à Lui, et de lui faire confiance, en répétant comme Job: « Même si Dieu me tuait, je  continuerais d’espérer en Lui. » (Jb 13,15 Vulgate ), ou encore avec le grand livre de la prière d’Israël: « Espère dans le Seigneur, sois fort, que ton cœur prenne courage, espère dans le Seigneur » (Ps. 27,14). Cette lente et douloureuse purification est œuvre de Dieu, donc elle ne doit pas être interprétée comme une négligence coupable ou de la tiédeur de la part du croyant, ou une perte de ferveur ou autre manquement. Au départ de cette transformation, le croyant ne comprend pas et n’en ressent pas les bienfaits. Habitué comme il était à des consolations sensibles, il se met de nouveau à les rechercher et ne les trouve plus; ce manque lui fait éprouver une sensation de vide, d’aridité et de dégoût; mais s’il persévère avec courage, il commencera très vite a goûter les joies plus pures qu’il ait jamais connues »20. L’unique soutien efficace dans cette situation désolante, est la compagnie réconfortante et rassurante de la foi: « Dieu est ténèbre pour notre intelligence. La foi est l’unique moyen par lequel Dieu se manifeste à l’âme dans la lumière divine qui dépasse toute intelligence. Et ainsi, plus l’âme croit, plus elle est unie à Dieu ». « Qui s’approche de Dieu doit croire qu’Il existe » (Hé. 11,6), c'est-à-dire qu’il est indispensable de marcher vers Lui dans la foi. L’intelligence doit rester dans l’obscurité et les ténèbres, se laissant guider seulement par la foi, parce que dans ces ténèbres Dieu se communique à l’intelligence et se cache en elle »21. Les ténèbres de la nuit mystique, ne sont pas un obstacle, au contraire, elles favorisent et intensifient l’action de Dieu dans le cœur du croyant. La ferveur et le désir de servir Dieu comme Il le mérite sont si forts que le croyant se retourne contre  lui-même, se sentant incapable et dans l’impossibilité de réaliser ses propres aspirations. Il  n’a plus aucune forme d’estime de soi et ne recherche plus l’approbation des autres, car il n’est plus préoccupé comme avant de leur opinion et de leur acceptation. Le croyant se livrera docilement au Christ et ne se permettra plus d’avoir une volonté propre, sinon la sienne, ni d’alimenter une autre ambition sinon celle de Lui être intimement uni dans la vie et dans la mort. Quelquefois, il aura la sensation douloureuse que Dieu s’ingénie de toutes les façons possible à l’humilier, à le punir, à le crucifier. Le tourment qui en dérive dépasse tout ce que le croyant a souffert jusqu’à présent. Plein d’émotions, il comprend la vérité des paroles des Pages Sacrées, selon lesquelles  personne ne peut résister à la colère de Dieu. «Jusques à quand, Seigneur seras-tu en colère contre moi? Pour toujours? Ta jalousie sera comme un feu dévorant » (Ps. 78,5 ); « Si tu regardes mes fautes Seigneur, Seigneur qui pourra résister ? » (Ps. 130,3; cf. 2 Cor. 20,6; Rom. 9,19, ss. ; Ap. 6,17).

Jour après jour le croyant expérimente avec une souffrance croissante son désir irréalisable de servir et d’aimer Dieu comme Il le mérite. Il répond à cette épreuve cruelle en s’abandonnant à Dieu avec amour. Immergé dans une longue nuit d’obscurité et d’angoisses de mort, il expérimente le feu dévorant de la purification passive qui le consume lentement comme une agonie cruelle et inexorable. Mais à la fin, de façon tout à fait imprévisible, le croyant encore immergé dans l’épreuve et l’obscurité,  se trouve à l’improviste, comme possédé, envahi, habité par une grande lumière, celle de Dieu, pendant que sa volonté est encore aride et ignorante de cette union intime avec Dieu: « Je transformerai devant eux, les ténèbres en lumière » (Is. 42,16)22. C’est un amour avide d’une intimité qui sera chaque jour plus étroite, dans la mesure où l’esprit filial grandira en lui; il pourra commencer alors à comprendre Dieu: « Mes passions sont vaincues, en moi il ne reste plus rien à purifier. Il y a seulement le chant de l’eau vive qui, dans le silence, murmure en moi et me dit: 'Viens vers le Père' »23. Cette douloureuse agonie, cette mort mystique24 sont le couronnement le plus beau de la vie du croyant.

Teresa des pauvres : une lumière dans la nuit.

Gonxha Agnès Bojaxhiu ( Skhopje 26 Août  1910- Calcutta 5 Septembre 1997) s’est transformée en 1948 en Teresa des pauvres par amour des derniers parmi les derniers et a partagé à un tel point la pauvreté, non seulement matérielle, mais aussi spirituelle avec les pauvres parmi les plus pauvres, qui lui a fait expérimenter d’être abandonnée dans une terrible obscurité, dans l’aridité spirituelle, au milieu des tourments  de la plus grande solitude intérieure. Dans un dialogue qui est une prière à Jésus Christ, Mère Teresa a entendu ces paroles: « Tu es la personne la plus incapable, faible et pécheresse, mais c’est justement pour tout cela que je veux me servir de toi pour ma gloire. Est-ce que tu peux me le refuser? »25. Mère Teresa s’est identifiée aux pauvres à un tel point qu’elle a été amenée à  partager avec eux la sensation très vive de ne pas être aimée, désirée, prise en charge par quelqu’un. Elle incarne l’idéal d’une foi indestructible qui devient amour total dans l’humble diaconie des pauvres, auxquels elle réserve le meilleur, parce qu’ils sont le sacrement du Christ souffrant. « Je ressens une obscurité terrible, comme si tout était mort en moi. Et ça a été plus ou moins toujours comme ça depuis que j’ai commencé mon travail (…) je suis comme dans un tunnel (…) je murmure les prières de ma communauté et je m’efforce de tirer de chaque parole la douceur qu’elle devrait me donner, mais ma prière d’union à Dieu n’existe plus, je ne prie plus ». Mère Teresa a vécu jusqu’à l’extrême  l’amour pour le Christ et pour les pauvres sans être soutenue sensiblement par la foi en Dieu. « Tu m’as repoussée, tu m’as rejetée, tu ne me veux plus, tu ne m’aimes plus . J’appelle, je crie, je m’obstine, je désire, mais personne ne me répond. Personne, personne. Seule… Où est ma foi? Jusqu’au plus profond, rien d’autre que le vide et l’obscurité. Mon Dieu comme cette souffrance inconnue me fait mal… Pourquoi je me tourmente? Si Dieu n’existe pas, l’âme non plus n’existe pas, et alors, Jésus, toi non plus tu n’existes pas… Je n’ai plus la foi. Plus de Foi, plus d’Amour, plus de zèle. Le salut des  âmes ne m’attire plus, le Paradis ne signifie rien pour moi… Je n’ai rien même pas la réalité de la présence de Dieu »26.

Comment Mère Teresa a-t-elle pu unir l’obscurité de la foi27 à son don inépuisable aux autres? La réponse jaillit spontanément de sa propre vie: pour faire naître une grande œuvre dans l’Eglise, parce que rien ne voit la lumière sinon au prix d’un grand prix à payer, c'est-à-dire avec beaucoup de souffrances. Mère Teresa des pauvres écrivait aux sœurs de la congrégation qu’elle avait fondée pour leur donner des directives qui les soutiennent dans leur apostolat de frontière, interprétant la douleur en termes de foi théologale et de coopération au plan de salut universel de Dieu: « (…) sans la souffrance, notre travail serait seulement un travail social, bon et utile, mais ce ne serait pas l’œuvre de Jésus Christ, ce serait pas notre contribution à la rédemption.». « Jésus a voulu nous aider, en nous faisant partager sa vie, sa solitude, son agonie et jusqu’à sa mort ». Benoît XVI justement a ce propos a dit durant la récente Agora des jeunes dans la plaine de Montorso, près de Lorette, (du 1er au 2 Septembre 2007):  « Nous tous, même les croyants, connaissons le silence de Dieu. Il y a quelque temps, un livre28 qui raconte l’expérience spirituelle de Mère Teresa a été publié, et ce que nous savions déjà devient encore plus évident: avec toute sa charité, toute la force de la Foi, Mère Teresa souffrait du silence de Dieu »29. Le Pape a touché un point délicat sur l’expérience faite par Mère Teresa du silence prolongé de Dieu et cela nous porte tout droit à la problématique que nous sommes en train de traiter, le Dieu qui se tait et se retire, « le Dieu qui se cache »30. « Le silence et le vide sont si grands, que je regarde, mais je ne vois pas, j’écoute mais je ne sens pas »31. Il s’agit d’une présence-absence de Dieu, qui vit certainement dans l’âme même si je ne le sens pas. C’est l’équivalent d’un martyre intérieur pour celui qui ne « sent » pas Dieu et expérimente cet insupportable et terrible vide: « quand je cherche d’élever mes pensées jusqu’au ciel, le vide est tellement écrasant, que ces pensées se retournent comme des poignards contre moi et blessent mon âme. On me dit que Dieu m’aime. Et pourtant l’obscurité, le froid, le vide sont si réels, que rien ne me touche. Est-ce que j’ai fait une erreur de répondre si aveuglément à son appel? »32.

En préparation au troisième millénaire chrétien, Jean-Paul II avait déjà touché le thème de la nuit obscure ou de l’épreuve de la Foi: « ( …) une aide importante peut nous être fournie par ce patrimoine de la théologie vécue  par les Saints. Ils nous donnent des indications précieuses qui nous permettent d’accueillir plus facilement l’intuition de la Foi, et ceci grâce aux lumières particulières que certains ont reçu de l’Esprit Saint, ou à travers l’expérience qu’ils ont fait de cette terrible épreuve que la tradition mystique appelle la nuit obscure. Il n’est pas rare que les Saints aient vécu quelque chose de semblable à l’expérience de Jésus sur la Croix dans cette paradoxale rencontre de la béatitude et de la douleur. Dans le Dialogue de la divine Providence, Dieu le Père montre à Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) comme dans les âmes saintes, joie et douleur peuvent cohabiter: « L’âme se sent heureuse et souffrante: souffrante pour les péchés du prochain, heureuse à cause de l’union à Dieu, et pour l’amour qu’elle a en reçu. Ceux-ci imitent l’Agneau immaculé, le Fils Unique de Dieu, qui sur la croix était bienheureux et douloureux ». De la même façon Thérèse de Lisieux vit son agonie  en communion avec celle de  Jésus, en revivant le paradoxe de Jésus bienheureux et angoissé: « Notre Seigneur, au Jardin des oliviers jouissait de toutes les joies de la Trinité, et cependant son agonie n’en était pas moins cruelle. C’est un mystère, mais je vous assure que j’en sais quelque chose à cause de ce que je vis moi-même »33. Les saints ont souvent expérimenté dans leur âme l’angoisse du Christ en croix: « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné? » (Ps. 22). Mère Teresa est unie à Jésus grâce à une foi et un amour si grands, qu’ils lui permettent de partager l’expérience de Jésus à Gethsémani et sur la Croix. Ce sont les profondes ténèbres des périodes d’aridité spirituelle, de désolation intérieure, de manque d’élan dans la prière, d’expérience d’éloignement et d’absence de Dieu: « Seigneur mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? J’étais la fille de ton amour, et je suis devenue la fille détestée, celle que tu as repoussée, que tu as rejetée comme non aimée, non désirée. J’appelle, je m’accroche, je veux, mais personne ne réponds. Personne, personne, seule…Où est ma foi? Et au plus profond de moi rien d’autre que ténèbres et obscurité. Mon Dieu, comme cette souffrance inconnue me fait souffrir… Je n’ai pas la foi. Je n’ose exprimer les paroles et les pensées qui s’agitent dans mon cœur et me font souffrir une agonie indescriptible»34.

Teresa avait sacrifié par amour des plus pauvres la conscience et la consolation de l’union à Dieu, alternant la douleur atroce de cette perte avec l’aspiration de son âme vers Dieu, une inextinguible soif de Dieu: « Si ma peine et ma souffrance, mon obscurité et la séparation de toi te donnent une goutte de consolation, ô mon Jésus, fais de moi ce que tu veux… Imprime dans mon âme et dans ma vie la souffrance de ton cœur… Je veux étancher ta soif, avec chaque goutte de sang que tu trouves en moi, ne te préoccupe pas de revenir vite, je suis prête à t’attendre toute l’éternité ». «  Je veux aimer Jésus comme il n’a jamais été aimé jusqu’ici (…). Si je deviens sainte, je serai une sainte de ' l’obscurité '. Je continuerai à être absente du Paradis, pour donner la lumière à ceux qui sont dans l’obscurité sur la terre. Je veux souffrir pour toute l’éternité si c’est possible »35. Sa solidarité va jusqu’à l’extrême conséquence de la vie avec les  plus pauvres des pauvres, surtout avec Celui qui de riche qu’il était s’est fait pauvre par amour pour nous (cf. 2 Cor. 8,9). « Je suis arrivée à aimer l’obscurité, parce que je crois qu’elle est une partie, une toute partie, de l’obscurité et de la souffrance de Jésus sur la terre… Aujourd’hui je sens une joie profonde: Jésus désormais ne peut plus souffrir au-delà de son agonie, il veut la souffrir à travers moi ».

La nuit apostolique.

En St. Jean de la Croix et S.te Thérèse de Jésus «Doctora y Maestra Mistica de la vida espiritual»36, la vie mystique est essentiellement une vie d’oraison. Nous pensons pouvoir élargir notre horizon, sans rien enlever au magistère de ces Docteurs qui font autorité, si nous ne voulons pas réduire à cette définition unique qui fait autorité, la vaste gamme des expériences mystiques; en outre, dans la direction spirituelle des fidèles, on risquerait d’être si rigides, que l’action de Dieu serait vaine ou au moins entravée, Lui qui est l’auteur et le libre donateur  de tous les charismes. Il existe aussi une autre voie dans l’Eglise outre à celle de la vie mystique faite de prière et de contemplation: celle de la mystique apostolique, comme celle de Paul de Tarse, premier idéologue de la missiologie et du lent mais irréversible processus d’inculturation de l’Eglise (cf. At. 17,22-28). François Xavier, Vincent de Paul, Marie de l’Incarnation, Paul de la Croix37, Justin de Jacobis, Rose Philippine Duchesne,… et tant d’autres encore, qui ont été de grands mystiques, malgré un itinéraire spirituel qui n’est pas exactement reconductible à l’itinéraire classique et codifié des grands docteurs et mystiques du Carmel38.

Dans la première moitié du 17ème siècle, Michel Wadding39 après avoir décrit la purification passive des contemplatifs, traite de la différence existante entre celle-ci et les dures épreuves  pâties par les missionnaires de frontière: « Pour ceux que Dieu traite autrement, quelquefois il les fait souffrir d’un abandon plein de désolation; mais les instruments les plus communs de leur purification sont les persécutions, les abominations, les ignominies, les continuelles fatigues des voyages, les périls sur  terre et sur mer40, les calomnies, les jalousies, les contradictions. Et c’est cette voie que parcoururent Paul, Athanase, Thomas, Bonaventure, Ignace, François Xavier, etc.… »41. Cette réflexion du missionnaire jésuite irlandais, mexicain par adoption, est d’importance capitale, parce que selon lui, les apôtres sont aussi mis à l’épreuve par Dieu, avec des modalités diverses, mais non moins réelles que celles employées envers ceux qui se dédient exclusivement à la prière et à la contemplation. L’aspect le plus original et intéressant de cette recherche approfondie de Michael Wadding42 est dans cette interprétation des souffrances liées à l’apostolat, comme étant l’équivalent de la purification passive pour introduire le missionnaire à la contemplation infuse43. Ecoutons ce qu’il a à nous dire: « I knew several of these missionaries upon whom God bestowed the loftiest degree of infused contemplation, pouring out upon them in their wretched hovels the abundant harvest they had sown with such generosity throughout their scattered mission stations…”44. Selon M. Wadding45 les missionnaires jouissent de grâces mystiques  qui sont un soutien dans leurs travaux et leur récompense. Dans le ministère apostolique, l’amour de Dieu brille d’une splendeur si grande, pure et intense, qu’elle peut être comparée à  la contemplation des plus grands mystiques de l’Eglise.

Les adversités que les missionnaires ont rencontré dans la prédication de l’Evangile, les ont purifiés en profondeur, en leur transmettant une vive conscience de leurs limites et en exerçant leurs vertus. Toutefois, ces dépouillements n’ont pas été suffisants; les apôtres persécutés et  mis en butte à de continuelles oppressions, sont arrivés au point de se considérer comme « la balayure du monde, comme le rebut de tous » (1 Cor. 4,13). Au cours de sa vie l’Apôtre des Gentils, fut soumis à toute sorte d’épreuve et son corps fut fragilisé par la maladie. Paul, après avoir imploré le Seigneur Jésus-Christ de le libérer de ses continuelles souffrances: « Qui me délivrera de ce corps de misère? » (Rom.7,24), comme toute réponse s’entend dire: «  Ma grâce te suffit : ma puissance se manifeste pleinement dans la faiblesse » (2 Cor. 12,9).

 Dieu le Père veut que l’Apôtre soit configuré à son Fils Unique, qui pour sauver le monde « s’est anéanti prenant la forme d’esclave » (Phi. 2,7). En fait, comme Jésus a sauvé le monde en s’abandonnant au Père sur la Croix, ceux qui se vouent au ministère apostolique doivent revivre le même mystère de douleur et de mort. Ceci est un enseignement et un encouragement pour ces missionnaires, voués à l’enseignement de l’Evangile, à continuer leur efforts dans la nuit obscure de l’esprit, sans ressentir le moindre réconfort, de la part de ce Maître qu’ils annoncent avec tant de zèle. Le missionnaire qui participe à la passion du Seigneur, fait siennes les Paroles de Paul: « En nous c’est la mort qui agit, en vous la vie » (2 Cor. 4,12). Si nous avions expérimenté, nous les chrétiens, à quel prix se paie la sainteté de l’Eglise, nous aurions   apprécié les « mirabili gesta» de ces témoins audacieux de la foi et leur confession d’appartenance inconditionnelle au Christ et à sa Sainte Eglise. 

La vie mystique marque l’action de l’apôtre de l’empreinte du Christ de telle façon que, non seulement le Christ associe l’apôtre à son plan de salut universel, mais encore  il s’unit à lui et agit à travers lui. Et c’est en vue de cette fin spécifique que Dieu continue à modeler l’apôtre à l’image du Christ, l’Apôtre du Père par excellence (cf. Hé. 3,1), pour le transformer en un instrument utile au salut de tous les peuples. L’apôtre doit nécessairement se dépouiller de toute forme de protagonisme narcissique et de visions trop individuelles dans sa conception du plan pastoral.

La purification est l’œuvre de l’Esprit Saint. Elle s’accomplit soit par la contemplation intime soit par le moyen de l’action apostolique, qui peut, par exemple, être en butte à l’opposition des hommes, mais aussi à des persécutions, et à la maladie; en même temps elle porte de copieux fruits  de Salut, dont Dieu seul peut revendiquer tout le mérite. Le Christ Jésus qui se sert de l’apôtre pour le Salut de l’humanité, se révèle alors comme étant le Bon Pasteur à suivre, et la Voie sûre à parcourir jusqu’au bout sans aucune hésitation.

Les innombrables contretemps que le missionnaire affronte ne sont pas en vue d’une contemplation plus intense et plus parfaite, comme ils sont décrits par les canons de la théologie mystique et ascétique, mais ils forment l’apôtre à une plus grande docilité, à la disponibilité à l’action missionnaire de Jésus-Christ, qui à travers sa collaboration généreuse réalisera son projet de Salut pour l’humanité tout entière.

L’exemple de Saint Daniel Comboni

Dès l’origine de son activité missionnaire (1857) Comboni ressent  très fortement l’exigence de dépouillement que Dieu lui demande avec toujours plus d’insistance. Lui, le seul survivant d’une famille nombreuse, en pensant au sacrifice  accompli par ses parents, écrivait  au curé de son pays natal: « Deux grandes difficultés me font peur, et m’empêchent de penser à la mission, et toutes les deux sont très importantes. La première est la pensée d’abandonner mes  parents qui  sur cette terre n’ont pas d’autre réconfort que celui de leur unique fils »46. Mais, dans la foi, il trouva le courage prophétique du disciple qui part à la suite du maître qui appelle: « Je suis martyr par amour des âmes les plus abandonnées et vous êtes martyrs pour l’amour de Dieu, car vous sacrifiez à l’amour des âmes votre fils unique. Courage mes chers parents! »47. Comboni eut beaucoup à souffrir de cette séparation, mais jamais il ne s’en est plaint, au contraire il ne cessa de bénir le Seigneur et de le remercier. « Béni soit le Seigneur qui m’a conduit sur le chemin de la Croix »48. Et ensuite, lorsqu’il apprit la nouvelle douloureuse de la mort de sa mère, il écrivait à son père Luigi, resté seul dans la grande maison vide à Limone sul Garda (en province de Brescia, au nord de l’Italie): « Donc, ma mère n’est plus?... La mort inexorable a tranché le fil de la vie de ma bonne mère?...Vous êtes donc resté seul, après avoir eu autour de vous l’heureuse famille de vos sept fils, caressés, aimés de celle que Dieu avait choisi pour être la compagne fidèle de vos jours?...Oui, il en est ainsi, selon la divine miséricorde. Que soit béni éternellement Dieu qui veut qu’il en soit ainsi; que sois bénie sa main miséricordieuse qui nous a visités en cette terre d’exil et de larmes »49. Dieu préparait ainsi Comboni à l’apostolat missionnaire en Afrique. En le purifiant à travers des choix difficiles et par le sacrifice des affections les plus sacrées et les plus légitimes, Dieu le forgeait pour que son action missionnaire devint celle du Christ pour les peuples oubliés d’Afrique. Devant les exigences de sa vocation missionnaire ad Gentes, Comboni avait compris depuis longtemps50 qu’il devait tout recommencer: il devait renaître (cf. Jn. 3,3), il devait redevenir petit enfant (cf. Mt. 18,3).

Et comme le dernier de tous, il devait renoncer à tout, si vraiment à tout, ses parents inclus (cf. Mt. 10,37; 16,24; Lc. 14,26; Jn. 12,24-26). Une mission qui le dépouille de lui-même, une mission d’humble service pour la venue du Royaume au milieu des hommes. Au fil des années ces convictions transformèrent Comboni, le rendirent cet homme nouveau solidement construit sur la Foi. En tout ceci, rien d’exalté ni du zèle du néophyte un peu ingénu, un peu intégraliste. Comboni savait par expérience que pour porter le Christ aux peuples d’Afrique, il avait surtout besoin de la grâce de Dieu. Jésus Christ est mort en versant son sang pour tous, mais tous ne sont pas conscients de cette réalité extraordinaire. Et c’est pourquoi la plainte des prophètes et des Apôtres se répète et se réactualise en continuation: « Seigneur, qui a crû à notre prédication? » (Is. 53,1). Les apôtres ressentent vivement le manque d’accueil et le refus de l’Evangile d’une bonne part de l’humanité: « Ils n’ont pas tous obéi à l’Evangile » (Rom.10,16) et à cette constatation  correspondent une motivation et un engagement encore plus grands, encore plus intenses à proclamer partout et à tous l’Evangile du Christ. Et c’est à cause de cette motivation pastorale, que dans les Règles de l’Institut, Comboni avait laissé en héritage sa consigne la plus précieuse et la plus importante pour les générations de missionnaires comboniens qui viendraient après lui et qui, comme lui, se seraient trouvés à combattre dans l’arène de la première évangélisation. « Ils se formeront à cette disposition essentielle de tenir les yeux toujours fixés sur Jésus en l’aimant tendrement, et en cherchant à comprendre toujours plus ce que veut dire: un Dieu mort sur la croix pour le salut des âmes »51. Ces paroles nous en rappellent d’autres beaucoup plus loin dans le temps mais qui sont en profonde harmonie entre elles: «  Celui qui veut vraiment honorer la passion de Notre Seigneur doit tenir les yeux du cœur fixés sur Jésus-Christ, de façon à reconnaître en sa chair, sa propre chair (…). La victoire de la Croix n’est refusée à personne (…). Le sang sacré du Christ a éteint le feu de l’épée qui barrait l’entrée du Royaume de Vie »52.

Cette conviction lui transperçait le cœur, l’âme, l’intelligence d’une profonde souffrance intérieure: « Si tu veux soigner une blessure, Lui est le médecin. Quand tu brûles de fièvre, Lui est la fontaine. Quand l’iniquité t’opprime, Il est ta justice. Quand tu as besoin d’aide, Il est ta force. Si tu craint la mort, Il est la Vie, quand tu désires le Ciel, Il est la voie. Si tu fuis les ténèbres, Il est la lumière, quand tu as faim, Il est nourriture.»53 Et alors, l’adhésion profonde à Dieu de Comboni le porta a consacrer sa vie à la cause des Africains, les plus pauvres d’entre les pauvres de son temps, parce qu’ils ne connaissaient pas le Christ. Au cours de sa courte vie qui dura seulement cinquante ans (1831-1881), quelques rayons de lumière ont percé l’ épaisseur de la nuit de son âme, mais ce ne sont que des rayons passagers, de courte durée et puis de nouveau la nuit retournera, pour éprouver et renforcer la foi de Comboni.  « Je me suis efforcé d’examiner sérieusement, si tenant compte de ma faiblesse et de ma nullité, je peux encore être vraiment utile à l’apostolat en Afrique, qui est sans doute le plus ardu, le plus épineux de la terre, ou si au contraire, je peux lui nuire; surtout que maintenant, à cause de tant de fatigues, de privations, de maladies, de fièvres, de luttes et de contradictions soutenues pendant de nombreuses années, surtout pendant ces années terribles de famine et de peste,  je me demande si je suis plus sensible aux coups de l’adversaire et plus réticent à porter les croix. Mais comme on doit toujours se confier uniquement à Dieu et à sa grâce,  qui se fie à lui-même se fie au plus grand âne du monde; les œuvres de Dieu naissent toujours au pied du Calvaire et doivent nécessairement être marquées du signe adorable de la Croix, j’ai pensé m’abandonner entre les bras de la Divine Providence, source d’amour pour les plus misérables, et tutrice de l’innocence et de la justice. Et par conséquent de me remettre entre les mains de mes supérieurs vrais représentants de Dieu, et du Vicaire de J. C ., et de votre Eminence et du Cardinal de Canossa de V. E. et de tous ses vénérés prédécesseurs dans le gouvernement de la S. Congrégation et je leur demande de m’aider dans ma  sainte entreprise »54. Ceci n’est pas une citation isolée dans le vaste répertoire de ses écrits; sa réflexion continue et avance, mais toujours dans la même direction. Sa nuit apostolique est désormais arrivée à son point culminant. Comboni est convaincu d’être lui-même l’obstacle majeur sur la voie de l’évangélisation de ces populations africaines que  le Pape Pie IX avait confié à son zèle pastoral. Ainsi, comme paradoxalement la contemplation finit par être l’instrument de purification du contemplatif, de la même façon l’idéal apostolique devient l’instrument de purification du missionnaire de l’Evangile. « Au cours de mon entreprise, ardue, difficile, il m’a semblé plus de cent fois d’être abandonné de Dieu, du Pape, des Supérieurs et de tous les hommes (…). Me voyant ainsi abandonné et dans la désolation, j’eus cent fois la tentation de tout abandonner, de remettre l’œuvre entre les mains de la Propagande, et de me constituer l’humble serviteur de Saint Siège ou du Cardinal Préfet, ou d’un évêque. Mais, ce qui m’a fait  tenir bon dans ma vocation (…) ce qui a soutenu mon courage à rester à mon poste jusqu’à la mort, ou jusqu’à de nouvelles directives du Saint Siège, fut la conviction d’être dans ma Vocation, fut toujours et toties quoties parce que le Père Marani m’a dit le 9 Août 1857, après un mûr examen, « votre vocation pour les missions d’Afrique, est une des plus évidentes que je n’ai jamais rencontré »55. Si c’est vrai que les paroles révèlent le cœur de l’homme56, cette lettre mous  démontre la solitude, la désolation d’un homme qui a fait la terrible expérience d’être abandonné de Dieu, des hommes, de tous. Et ainsi il s’est trouvé comme immergé dans un amour dolent et dans une douleur aimante. Si nous pouvions seulement comprendre la profondeur de sa nuit apostolique, des désolations intérieures qu’ils nous a décrites, nous pourrions nous faire une idée plus juste de ce que Comboni a du souffrir pour porter le Christ aux populations d’Afrique. Encore une fois St. Paul nous offre les motivations de la Foi pour vivre cette situation qui ne semblait déboucher sur rien: «  Je retiens que les souffrances du temps présent ne sont pas comparables à la gloire future qui se révèlera en nous. (…) Du reste, nous savons que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, et qui ont été appelés selon son dessein. Ceux que depuis toujours il a appelé, Il les a prédestinés à la conformité à son Fils, pour qu’Il soit le premier-né d’une multitude de frères; ceux qu’Il a prédestinés, Il les a appelés; ceux qu’Il a appelés, Il les a justifiés; ceux qu’Il a justifiés, Il les a glorifiés » (Rom. 8,18.28-30).

Ce qui est surprenant c’est que la mesure de l’abandon, de la solitude et de la purification soit arrivée à son point culminant, et qu’il n’y a plus de place pour d’autres épreuves et d’autres amertumes: la mesure est vraiment à son comble. Mais le cœur des amants est toujours plein de nouvelles ressources et ne finit jamais de nous émerveiller par sa capacité d’aimer encore et encore. « Je suis trop malheureux. Jésus m’aidera certainement et la Vierge Immaculée et Saint Joseph m’aideront: je remercie Jésus de ses croix; ma vie est un océan de souffrances qui me viennent de celui qui est bon et qui m’aime. Mon Dieu, mon Paradis (…). Mais nous sommes prêts pour la Croix, (…) vous priez pour moi qui suis l’homme le plus affligé et découragé du monde, (…). Vive Jésus! »57  La mission ne se réalise pas quand nous sommes forts et sûrs de nous, mais seulement quand nous sommes faibles et désorientés. Rien de ce que nous faisons est exempt du jugement exigeant de la Croix.

Comboni, était devenu apôtre et missionnaire à cause de la mort qu’il vivait chaque jour (cf. 1 Cor. 15,31 ; 2 Cor. 12,10). En acceptant de descendre dans l’abîme de la Kenosis, il savait bien que plus sa nuit apostolique était froide, plus l’aube de la résurrection était proche. La croix et la résurrection ne se contrebalancent pas, la résurrection domine et écrase la croix pour toujours. Le thème central du message missionnaire est celui de la Résurrection du Christ; cela signifie par conséquent, que l’Eglise est appelée à vivre la vie de Ressuscitée, hic et nunc, et qu’elle est appelée à être signe de contradiction  qui s’oppose aux forces de destruction et de la haine.

Conclusion

Les  mystiques chrétiens n’ont pas obtenu le privilège du martyre, mais ils ont imité en tout et de très près la passion du Seigneur. Le Christ Jésus est le modèle unique que ce soit de la contemplation ou de la mission. Ceci dit l’importance fondamentale et le caractère particulier de la mystique chrétienne qui se délimite ainsi des mystiques des autres grandes religions de l’humanité et la rendent unique, singulière et originale.

En réalité les itinéraires mystiques mettent en évidence la multiplicité, la complémentarité, mais aussi la grande diversité des charismes, dons de l’Esprit Saint à des personnes très diverses pour l’édification du Peuple Saint de Dieu. Ces dons si riches, si divers servent de support à des grâces encore plus grandes et plus élevées. L’idéal de la vie mystique est d’atteindre l’union transformante avec Dieu au moyen d’une vie de contemplation, d’« agape » et d’humble « diakonia » du prochain.

 Seuls les mystiques sont autorisés à nous introduire dans ce « secretum », « absconditum » ou dans cet « intus »58, que nous avons osé violer dans une filiale confiance en Dieu notre Père, qui voit dans le secret (cf. Mt. 6,6). Dès ici-bas nous pouvons pressentir les joies surnaturelles, voir l’invisible, écouter le murmure imperceptible de Dieu qui nous parle, mais seuls les mystiques voient l’invisible qui se différencie de  toutes les réalités crées  par sa capacité de rassasier totalement le cœur inquiet et tourmenté de l’homme. Eux seuls perçoivent la voix faible de Dieu qui n’écoute plus le vacarme et le bavardage de nos paroles vides, ni nos prières monotones et intéressées: « parce que nous ne fixons pas notre regard sur les choses visibles, mais sur les invisibles. Les visibles sont d’un moment, les invisibles sont éternelles » (2 Cor. 4,18).       

 

PRIÈRE

O Jésus notre Rédempteur,

Tu appelles des hommes et des femmes à vivre ton évangile dans le silence et dans la solitude,

d’autres, au contraire, à l’annoncer à tous les peuples de la terre.

Aide-nous à imiter les contemplatifs, les moines, les missionnaires

à te chercher et à te servir dans le silence et la solitude

ou sur les sentiers bruyants de l’évangélisation.

Fait que le feu ardent de notre amour pour toi et pour les hommes-frères

vienne à illuminer la nuit obscure et glacée du monde.

Nous te le demandons par le Christ Notre Seigneur. Amen

 

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1- Commentaire sur les six jours de la création (cf. Gn. 1,1-26) sous forme d’homélies, en six volumes, de Saint Basile le Grand (329—379).

2- « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie»  (Jn. 14,6).

3- «  Dans le synode, se leva  un pharisien, nommé Gamaliel , docteur de la Loi, et estimé de tout le peuple » (At. 5,34- 22,3).

4-« J’ai dit: tout homme est tromperie » (Ps 115,1- 2). « Un fleuve de larmes me coule des yeux, parce qu’ils n’observent pas ta loi» (Ps. 119, 136).

5 – S.TE THERESE DE JESUS, Le château intérieur, V, 2, 4-6, dans Œuvres complètes, Paoline, Milan 1998, pages 932-933.

6- Le chrétien est divisé entre l’amour de soi et l’amour de Dieu (cf. 1 Cor, 7,32-34). «  Le jour où  je me suis libéré de moi-même, j’ai commencé à goûter la prière » (ST. ALFONSO RODRIGUEZ, Traité de l’union et de la transformation de l’âme en Jésus-Christ, Desclée de Brower, Paris 1899, p.57).

7- ST. JEAN DE LA CROIX, 1. Montée du Carmel,4,1, dans Œuvres complètes, S. Paolo, Milan 2001, p.161.

8- Id., 3 Montée du Carmel, 13, dans Œuvres complètes, o.c., p. 329.

9- « (…) tu nous as fait pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (ST. AUGUSTIN, Confessions, 1.1).

10- 10 Août, Vêpres de St Laurent, antienne du Magnificat

11- «  Quand nous pêchons nous devons éprouver un déplaisir, parce que les péchés déplaisent absolument à Dieu. Et quand nous constatons que nous  ne sommes pas sans péché, au moins en cela essayons de ressembler à Dieu, dans le déplaisir de ce qui déplaît à Dieu.  De cette façon tu es uni à  la volonté de Dieu, parce tout ce que ton Créateur déteste, tu le déteste toi-même » ( ST. AUGUSTIN, Discours, 19,3 ; dans C.C.L., 41, 2 ).

12- ST. JEAN DE LA CROIX, La Montée du Mont Carmel, dans Œuvres complètes, o. c., 12,2-3.5, pp.185-186.

13. ST. AUGUSTIN, De Trinitate, XIV, 8.

14- 22 Juillet, S.TE MARIE-MAGDELEINE, Laudes, 2ème antienne. Un autre texte complémentaire dit «  Humble et joyeux t’apparaît le visage du Christ et puises-tu le contempler pour tous les siècles. » (Recommandation des mourants dans Sacrement de l’onction et soin pastoral des malades, L.E.V., Cité du Vatican 1979, cap. VII, p.112)

15 ST. JEAN DE LA CROIX, 2 Nuit obscure, II, 1.1 , dans Œuvres complètes, o.c., pp. 445-446.

16- Id., Vive flamme d’amour B, strophe 4, 17, dans Œuvres complètes, o.c., p.851.

17- Id., Nuit Obscure, III, dans Œuvres complètes, o.c., p.449.

18- Pasteur et théologien évangélique allemand, et membre de la résistance au Nazisme. Né à Breslau (l’actuelle Wroclaw en Pologne) le 4 février 1906; mort dans le camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière, le 9 avril 1945.

19- ST JEAN DE LA CROIX, Vive flamme d’amour B, strophe 2, 27, dans Œuvres complètes, o.c., p.799.

20- ST. JEAN DE LA CROIX, 1 Nuit Obscure, 9,4, dans Œuvres complètes, o.c., p. 428. On parle ici des signes qui permettent de discerner l’aridité qui dérive de la purification passive, de l’aridité qui au contraire est le fruit de la tiédeur.

21- ST. JEAN DE LA CROIX, 2 Montée du Mont Carmel, 9, 1, dans Œuvres complètes, o. c., pp. 216-223.

22- « Ta lumière brillera dans les ténèbres, ta ténèbre sera comme la lumière de midi » (Is. 58,10). « Les ténèbres pour toi ne sont plus obscures, et la nuit est claire comme le jour ; pour toi les ténèbres sont lumières » ( Ps.139,12).

23- ST. IGNACE D’ANTIOCHE, Ad Romanos, 8, 2.

24- ST. PAUL DE LA CROIX, «  La mort mystique » dans Lettres, Rome 1977, vol.5 ; sur le thème cf. C. Brovetto, Introduction à la spiritualité de St Paul de la Croix. Mort mystique et naissance divine, Teramo 1955.

25- Lettre à Monseigneur F. Périer, archevêque de Calcutta, Janvier 1947. Jésus s’est adressé avec des expressions identiques à la Bienheureuse Angèle de Foligno,(1248-1309) et à S.te Gemma Galgani (1878-1903) pour ne nommer qu’elles deux.

26-Id., 1956.

27- S. GAETA, La Foi en lutte contre la nuit obscure, dans «  Le secret de Mère Teresa », Piemme, Casale Monferrato (AL) 2002.

28- Cf. « Mother Theresa: come be my light. The private writings of the Saint of Calcutta » edited with commentary by B. KOLODIEJCHUK, Double Day books, New York 2007; dans ce livre, 60 lettres envoyées à ses directeurs spirituels et à ses confesseurs, ont été publiées. (P. Michael Van Peet, P. Joseph Neuner, etc…).

29- BENOIT XVI, réponse aux jeunes participant à la veillée de prière, de Septembre 2007; seconde réponse au Pape à Sara (cf. www.zenith.org/article11758?1=italian-18k).

30- Pour BLAISE PASCAL, Dieu reste souvent caché à l’homme (Deus absconditus): soit parce que l’homme est si plongé dans le péché qu’il ne peut le voir, soit pour humilier l’intelligence humaine qui si elle découvrait Dieu, en deviendrait orgueilleuse.

31-Lettre à son directeur spirituel P. Michael Van der Peet, Septembre 1979.

32- Supplique adressée à Jésus sur le conseil de son confesseur; sans date.

33- JEAN-PAUL II, Nuovo millennio ineunte, 6 Janvier 2001, 27.

34- Supplique adressée à Jésus sur le conseil de son confesseur; sans date.

35- Teresa de Calcutta devrait être proclamée protectrice des incrédules, de ceux qui ne croient pas mais sont à la  recherche douloureuse de Dieu (cf. Dt. 28,29; Is. 59,10; Soph. 1,17; At. 17,27). La parole « athée », à un sens actif et un sens passif, c'est-à-dire refuser Dieu mais aussi être refusé par lui. Le 1er est un athéisme conscient, le second un athéisme d’expiation.

36- Définition de M. WADDING dans: Pratique de la théologie mystique, Puebla  (Mexique), 1681, 1ère éd.

37- J .LEBRETON, Tu solus sanctus, Jésus-Christ vivant dans les saints. Etudes de théologie mystique, Beauchesne et fils, Paris 1949, pp.171-205; 215-235.

38- A Thérèse de Jésus et Jean de la Croix il convient d’ajouter Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, proclamée docteur de l’Eglise par Jean-Paul II il y a exactement 10 ans: le 9 Octobre 1997 (cf. La petite voie, dans Trenta Giorni, n° 7/8 Julilet-Août 2007, 43-58).

39-Né en 1585 à Waterford (Irlande) de Thomas et Mary Walsh. Orphelin il fut envoyé au collège irlandais de Lisbonne (1605-1607), puis au « Real colegio de San Patricio de Nobles Irlandeses » à Salamanque (1607-1609). Il entra ensuite au noviciat des Jésuites à Villagarcia où il connut le célèbre théologien Francisco Suarez S. J. (1548-1617). En 1609 il partit pour le Mexique, où il prit le nom de Michel Godìnez sous lequel il est connu encore aujourd’hui. En 1611, il fit sa 1ère profession. En 1616, il s’offrit comme volontaire pour une mission au  Japon. De 1618 à 1626 il travailla au milieu des Sinaloa, des Tepuhuan (tribu des Mayos qui vivent au nord-est du Mexique). Il se dédia aussi aux tribus des Conicaris, des Basiroas, et des Tahatas. Puis ensuite des Hios (une tribu des Chiapas), et enfin des Huvagueros et des Tehuisos. En 1626, il fit sa profession solennelle. Il passa les 18 dernières années de sa vie comme éducateur dans les collèges de Ciudad de Mexico, Puebla et Guatemala. Il mourut à la fin de 1644. Il se distingua par sa connaissance des états surnaturels et par la sagesse de sa direction spirituelle. Son œuvre « Pråctìca de la teologia mistica » fut publiée 40 ans après sa mort (1681) et connut 13 éditions en 3 langues: espagnol, italien et latin. En dehors de l’Espagne son œuvre a été diffusée par le P. Manuel-Ignacio la Reguera (2 Voll. in folio, Rome 1740-45) (cf. Mendizabal L., Godinez Michel, dans Dictionnaire de Spiritualité, Beauchesne, Paris 1966, fasc. XLI, coll. 565-570).

40- Voir les ressemblances avec St. Paul dans 2 Cor. 11, 23-27 ; At. 14, 19.

41-Praxis theologiae mysticae , trad. par De H. Watrigant, 1921, p. 81. « J’affirme que très difficilement on trouvera un contemplatif plein de consolations, si auparavant il n’est pas passé par une période de désolation; si la contemplation advient sans ces expériences, ce sera une exception à la règle ou une contemplation de brève durée » (ibid., p.91).

42- En 1681, MGR. ALFONSO DI CUEVAS Y DAVALOS, archevêque de Mexico, en donnant l’imprimatur à la 1ère édition du livre de Wadding, confirma que sa vie était conforme à ses écrits.

43-Cf. E. J. BURRUS, Michael Wadding, mystic and missionary (1586-1644), dans The month, new series, t. 11, .n. 1.

44- M. WADDING, Practice of mystical theology, vol. 3, chap. VII. On trouve ici le récit le plus complet de son travail missionnaire, là où il décrit les privations en tous genres dei missionnaires jésuites au Mexique au 17ème siècle.

45- « A man  of penetrating intellect and sound judgment, reliant upon God’s help, a doer of unselfish deeds, a man of union with God and of solid learning, one who strives through every form of apostolate to bring men to see and do good to the point of sacrificing self, courteous and courageous, patient and self-controlled, inspiring others by his example rather than trying to persuade them by words or threat » (Practice of mystical theology, vol. 3, chap. IX-X). Ceci est le portrait que W. trace de ses supérieurs mais qui décrit bien lui-même.

46- D. COMBONI, Lettre à Don Pietro Grana, Verone 4 Juillet 1857, dans Gli scritti, Rome 1991, p. 6.

47-id., Lettre à son père, de la tribu de Kich (Soudan), 5 Mars 1858, dans o. c., p. 65.

48-id., Lettre à son père, Korosco (Soudan), 9 Décembre 1857, dans o. c., p. 55.

49-id., Lettre à son père, de la tribu de Kich (Soudan), 20 Novembre 1858, dans o. c., p. 114.

50- Le 6 Janvier 1849, à genoux aux pieds de son formateur, Don Nicolas Mazza (1790 - 1865), il jura fidélité à l’idéal missionnaire. 

51- D. COMBONI, Règles de l’Institut des Missions de la Nigritie, 1871, dans o. c., p. 835.

52- ST. GREGOIRE LE GRAND, Discours , dans P. L., 54, 366.

53 - ST. AMBROISE, De virginitate, XVI, 99-106, dans P. L., 291-293.

54 - D. COMBONI, Lettre au Cardinal G. Simeoni, Verone 27 Août 1880, dans o. c., p. 1712.

55- id., Lettre au Père Joseph Sembianti, El Obeid (Soudan) 16 Juillet 1881, dans o. c., p. 1957.

56-« La bouche parle de la plénitude du cœur » (Mt.12,34); «La parole révèle les sentiments de l’homme » (Sir.27,6).

57- D. COMBONI, Lettre au Père Joseph Sembianti, 24 Juin 1881, dans o.c., p. 1931.

58- « Ambulare cum Deo intus » (De laetitia bonae conscientiae, dans De imitatione Christi, lib. II, cap. 6,4).

P. Furioli Antonio mccj