Giuseppe naquit le 19 octobre 1919 à Bagolino, province de Brescia, d’une famille de paysans à la tradition profondément religieuse. Après la 5è année du primaire, il entra au séminaire de Padoue. C’est cette année-là (1932) que les Comboniens allaient achever la construction de l’école apostolique. Après la deuxième année de gymnase il passa à Brescia. De Brescia il passa à Venegono pour le noviciat et le 29 juin 1945 il fut ordonné prêtre.
Après un an de ministère à Vérone et un autre dans la London Province pour l’étude de la langue, P. Giuseppe partit en Ouganda, en s’embarquant à Naples et en atteignant, la veille de Noël, la mission de Gulu. En Ouganda, il resta pendant 18 ans. Après deux mois à Kalongo, où il eut une “rencontre rapprochée” avec un lion, il passa au séminaire de Lacor (Gulu) “pour former des prêtres et des évêques, les colonnes à venir de l’Eglise ”. Le jour de la fête de l’Immaculée de 1950, au terme de l’année scolaire: “Je fis – raconte-t-il dans ses cahiers – la première et l’unique représentation de guignols en Ouganda. Un succès retentissant. Par la suite, nombreux séminaristes qui s’étaient tordus de rire, me l’auraient rappelé chaque fois que nous nous rencontrions”.
En 1951 P. Giuseppe fut envoyé à la mission de Kitgum, “une des toutes premières missions dans le Nord de l’Ouganda (1915), placée au milieu d’une vaste anse du torrent Pagher, avec des eaux troubles et insidieuses, peuplée de crocodiles et d’hippopotames”. L’année suivante il passa dans le West Nile, d’abord à Pakwach, “la terre du léopard et qui alors était formée d’une maisonnette couverte de chaume et d’une misérable petite église elle aussi couverte en chaume ”. Après dix ans d’Afrique, P. Giuseppe revint en Italie pour une période de repos et de vacances. Reparti en Ouganda, il fut affecté à Angal, parmi les Alur. Il dut faire des travaux de tout genre: hôpital, écoles, chapelles et trois nouvelles paroisses. Il supporta aussi des persécutions, surtout après l’indépendance, survenue en 1962, et fut convoqué au tribunal plusieurs fois. Les procès se faisaient sous un arbre de figuier, et une fois il fut condamné à six mois de prison, commués ensuite en une caution de 500 shillings ougandais. Ayant fait appel, à Kampala, il fut acquitté par des juges indiens.
Dans la tentative d’éviter que son nom ne soit mis sur la liste noire des expulsés par le président Obote, l’évêque Mgr Angelo Tarantino lui suggéra, après huit ans de travail à Angal, de rentrer en Italie pour une période de vacances. Alors qu’il se trouvait à Rome pour le Cours de Renouvellement – en 1966 – il vit arriver, expulsés d’Ouganda, 9 comboniens qui le renseignèrent que sur la liste noire les noms étaient dix et le dixième était… le sien!
En 1968 P. Giuseppe fut affecté à l’Ethiopie où il resta pendant 33 ans. Il travailla dans les missions de Fullasa, Dongora et Miqe.
Quand P. Giuseppe arriva en Ethiopie, de Dongora n’existait absolument rien, même pas le terrain qui fut acheté ensuite; de toute manière, pour des raisons de bureaucratie, deux ans passèrent avant que l’achat fût approuvé.
Le jour de son 25è d’ordination, P. Giuseppe voulut se rendre sur le lieu où serait surgie la mission pour y célébrer la première Messe. A l’aide d’un ouvrier, il réussit à amener ce qu’il fallait pour la célébration de l’Eucharistie, y comprise une table pliable et, avant d’arriver, durent traverser à pied une zone de marais et marcher sur des troncs instables. La Messe pour la mission qui devait naître fut célébrée sous un grand arbre de “podocarpe” qui semblait l’abri idéal. P. Giuseppe ne savait pas que cet arbre-là, d’après le témoignage recueilli des années après par P. Sebhatleab Ayele Tesemma, était retenu “spécial”, et même, selon une prophétie locale, “de ce podocarpe serait venu le salut pour toute la région”. Et juste là surgit et se développa la grande mission de Dongora, avec une belle église et le centre catéchétique pour la formation des ministres de la Parole.
Après sept ans consacrés à fonder et développer la mission de Dongora, P. Giuseppe rentra en Italie pour une période de repos.
Reparti en Ethiopie, tout en appartenant à la mission mère de Fullasa, où il passait les weekends, il consacra toutes ses énergies et son engagement à la mission de Miqe qui devint sa “mission du cœur”. Pendant longtemps il couvrit le trajet en voyageant avec des moyens de transport public et en faisant les derniers onze km à pieds. Au début, – il raconte – elle “existait seulement dans ma fantaisie et mes rêves. Là il y avait déjà un petit groupe de baptisés, 28 personnes en tout entre adultes et enfants, hérités des luthériens, comme la petite église”. Mais quelques années plus tard, il pouvait déjà écrire: “Pendant toutes ces années le Seigneur avait béni Miqe, qui avait grandi dans tous les sens: il y avait désormais treize bâtiments, grands et petits, tous en dur, y comprise l’église sanctuaire et le salon paroissial annexe. Il y avait une grande maison pour les sœurs et une clinique pour leur travail; une jolie maisonnette pour les hôtes, une invitation à passer quelque temps auprès de Notre Dame de Miqe si on le désirait; une grande menuiserie bien équipée, un vaste magasin pour l’assistance aux nécessiteux, garage et bureaux. Puis, fleur à sa boutonnière, avec l’église mariale, le cercle pour jeunes Saint Jean Bosco, le premier du diocèse”. En 2003, affecté à la province italienne pour raisons de santé, il exerça son ministère pendant quelques années à Bagolino, son village natal. Il se rappelait avec affection des missions où il avait travaillé et, dans la mesure du possible, il en soutenait quelques projets.
En 2006 il fut muté sur Milan pour des soins. Il écrivait dans son journal: “J’avais fini par me convaincre que tout missionnaire, pour être véritablement tel, doit avoir l’esprit de renonciation même à ses propres choix et idées: il suffit de se sentir ancré à un Amour plus grand. On part avec l’enthousiasme de la jeunesse au cœur, avec les joies de plus belles réalisations, l’on rencontre une réalité différente de celle que l’on avait rêvée et qui nous fera saigner. Mais pour moi, ici au deuxième étage de la maison de repos P. G. Ambrosoli, en plus que la pièce numéro 13, qui peut-être sera l’estrade de lancement pour un départ sans retour, il y a aussi la chapelle pour des rencontres rapprochées avec Dieu qui t’attend, ici bas et là haut. On peut s’en aller heureux même de la chambre n. 13”.
P. Giuseppe est mort à Milan le 12 mars 2011. Après l’enterrement, la dépouille est partie à Bagolino, son village natal pou y être ensevelie.
P. Tesfaye Tadesse G. qui a connu P. Giuseppe, a voulu en faire mémoire en rappelant ses 33 ans de service en Ethiopie et son généreux dévouement aux pauvres en exprimant au nom de tous les membres de la province son “merci”, dans un beau témoignage dont nous tirons ces mots “merci de l’exemple de vie en solitude et pleine de prière, de ton amitié avec la Vierge Marie, de ton zèle pastoral et de ton amour pour les pauvres”.