P. Elvio Gostoli naquit à Furlo di Acqualagna, province de Pesaro, le 1° janvier 1924. Il suivit les études supérieures, jusqu’en première année de théologie, au Séminaire Pontifical Diocésain de Fano. Au mois de septembre 1945 il fit son entrée chez les Missionnaires Comboniens dans la maison noviciat de Florence, en poursuivant ses études théologiques à Fiesole. Au terme du noviciat, il fit sa première profession. Il partit continuer les études de théologie à Vérone et à Venegono. Il fut ordonné prêtre le 11 juin 1949 dans l’église de son village natal. Tout de suite après, il fut chargé de l’animation missionnaire et vocationnelle et pendant quelques années on le vit dans nos maisons de formation, Trente, Pesaro, Rebbio et Sulmona. Il passa le reste de sa longue vie d’abord au Soudan où il travailla pendant 8 ans, c’est à dire jusqu’à l’expulsion de tous les missionnaires du sud (1964). Il partit après en Ouganda, où il resta 45 ans, apprenant plusieurs langues indigènes, en particulier le M’adi, le Bari et le Karimojong.
Revenons en arrière. En 1955, donc, P. Elvio fut affecté au Vicariat du Bahr el Gebel, province de l’Equatoria, au sud Soudan, avec comme capitale Juba. Après une courte période d’adaptation près de Juba, son vrai premier poste fut Loa, parmi les Madi, 200 km au sud de Juba, proche de la frontière avec l’Ouganda. C’est là qu’il rencontra P. Umberto Cardani, son premier maître de langue Madi. Sa mission au milieu des Madi, toutefois, fut très courte – cinq mois – car, pour remplacer un missionnaire tombé malade, il fut envoyé à Kadulè, parmi les Mundari, dans une zone qui s’étendait de l’extrême sud à l’extrême nord du Bahr el Gebel, une mission immense. Elle comprenait en effet les territoires de deux rivages du Nil et les ethnies des Mundari, Nyangwara et Pajulu: 10.000 km2, 75.000 habitants. Les missionnaires étaient deux seulement. Pour visiter tous les villages il fallait une année et demie et il fallait faire face à plusieurs problèmes: difficulté à trouver l’eau potable et la nourriture, présence des animaux féroces, moustiques et malaria. Une fois expulsé du Sud Soudan, P. Elvio passa un an à Pesaro, chargé de l’animation missionnaire.
En 1965 Mgr Sisto Mazzoldi, lui aussi expulsé de Juba, prit la charge épiscopale de la région du peuple Karimojong, en devenant l’évêque de Moroto, dans le nord-est de l’Ouganda: P. Elvio le suivit. L’évêque lui demanda de porter secours aux réfugiés soudanais dans la zone des Acholi (diocèse de Gulu) qui avaient été isolés dans deux camps de réfugiés, 10.000 à l’Agapo et 17.000 à Achol-pi (qui signifie eau sale), et n’avaient pas d’abri, ni nourriture, ni eau, ni soins de santé. Les comboniens faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour les aider et P. Elvio tous les jours visitait les camps et remplissait le Land Rover de malades qu’il accompagnait à l’hôpital de Kalongo, où le P. Giuseppe Ambrosoli et les sœurs comboniennes les accueillaient sans jamais protester un refus. Ensuite, une partie des réfugiés soudanais furent transférés dans la mission de P. Elvio et il lui fut ainsi plus aisé de se charger d’eux, même d’un point de vue spirituel. Ensuite, il passa un an à Kangole, trois ans à Nabilatuk, quinze ans à Lorengedwat, huit ans à Namalu, neuf à Naoi et, enfin, à Moroto de 2002 jusqu’à sa mort.
A Nabilatuk, il fut envoyé en 1966, pour donner un coup de main à un confrère très âgé. Là bas le grand problème était représenté par l’eau potable, insuffisante pendant la saison sèche et boueuse pendant la saison des pluies. P. Elvio creusa un premier puits. Plus tard on creusa un autre puits, en mesure de fournir d’eau toute la mission et les gens des alentours. A Lorengedwat les années 1971-1973 furent très difficiles. Après deux ans de sècheresse, éclata une grande famine et de nombreux gens mouraient de faim et de choléra, les enfants en particulier: il en mourait en moyenne une vingtaine par semaine.
Avec la chute d’Amin Dada et puis de Milton Obote, la situation se fit chaotique aussi à cause de la débandade de l’armée et du sauve-qui-peut général. P. Elvio essaya de sauver de nombreuses personnes en les accompagnant loin et en voyageant souvent la nuit. La mission de Namalu, où des affrontements armés avaient eu lieu, fut pillée et abandonnée. Plus tard, P. Elvio se chargea de cette mission. Un jour les Pokot, voisins rivaux des Karimojong, qui vivent une partie en Ouganda et l’autre au Kenya, organisèrent une grande vengeance contre les villages les plus proches de la frontière, qui servaient de base aux pillards-guerriers Karimojong. Ils parcoururent ainsi la vaste zone de Namalu en mettant le feu à tous les villages qu’ils rencontraient sur leur chemin et en tuant tous ceux qui n’avaient pas réussi à fuir. P. Elvio une fois de plus porta secours aux blessés pour les sauver.
A la fin du mois de juin 1973, il rentra en Italie pour un peu de repos et de congé. Juste à temps pour soigner une hémorragie au côlon. Au mois d’octobre on lui dit qu’il pouvait repartir en Afrique, à condition d’aller rester dans une mission pas trop éloignée d’un hôpital. La mission la plus proche de l’hôpital de Matany était Naoi; c’est ainsi que P. Elvio y arriva. Il était à présent parmi les Mathenico, les plus primitifs parmi les Karimojong. Sa paroisse comptait environ 40mille personnes de cette ethnie-là. Il dut une fois de plus recommencer à connaître les gens, chercher des catéchistes, commencer l’enseignement, des nouveaux groupes de prière et les constructions.
A Pâques 1997, P. Elvio acheva de préparer une centaine de garçons et filles au baptême. Il désirait tellement de construire un petit hôpital. En se sentant plutôt fatigué, il revint en Italie pour un peu de repos et des contrôles de santé et c’est à cette occasion là qu’il rencontra un de ses cousins, Angelo Candricci, de Fano, qui lui fit cadeau de tout le nécessaire pour la construction de l’hôpital et de l’équipement conséquent.
En 2002 P. Elvio fut affecté à Moroto, chef-lieu du Karamoja et siège épiscopal. C’est là qu’il exerça son ministère jusqu’à la mort, le 6 octobre 2011. Les Karimojong l’appelaient Ekasikout, “le vieux”, pas tellement à cause de son âge mais plutôt pour son autorité. Après l’enterrement présidé par les évêques de Kotido, Mgr Giuseppe Filippi, et de Moroto, Mgr Henry Apaloryamam Ssentongo, P. Elvio a été inhumé au cimetière de la mission, selon son désir.