Bruno est né le 26 mai 1940 à Tesido dans le Val Pusteria/Tyrol du Sud (Italie). Ses parents possédaient une modeste ferme et ont donné naissance à neuf enfants. Bruno n'a pas été le seul de ce village à devenir un missionnaire combonien. Quatre autres jeunes hommes du même village sont entrés à Milland pour devenir Frères Missionnaires, comme l'artiste, peintre et sculpteur, le Frère Johann Oberstaller. Bruno a été particulièrement impressionné par lui et par d'autres Frères qu'il a rencontrés à Milland.
Après une brève période de postulat, il a commencé son noviciat à Josefstal le 2 février 1959, à l'âge de 18 ans. Il a prononcé ses premiers vœux le 1er mai 1961. Le 18 mars 1967, il entre définitivement dans la Congrégation avec les vœux perpétuels.
Frère Bruno, avec Frère Adolf Sailer, a visité de nombreuses écoles et groupes de jeunes dans les villages de la vaste région d'Ellwangen pour leur parler de la mission et de la vocation missionnaire du Frère, non sans succès. De nombreux jeunes hommes sont entrés comme candidats et ont commencé leur formation professionnelle dans les nouveaux ateliers. Certains sont ensuite passés au noviciat, devenant des frères missionnaires.
Frère Bruno devient peu à peu le porte-parole des Frères et sa grande influence sur les événements dans l'ensemble de la province ne tarde pas à s'accroître. Il se bat pour que les Frères reçoivent une formation et aient une position comparable à celle des Pères, une formation technique ou une spécialisation au lieu de la théologie, convaincu qu'il ne doit pas y avoir " deux classes " dans l'Institut. Il a travaillé à la construction d'ateliers près de la nouvelle maison de Josefstal. Lorsque le séminaire Josefinum d'Ellwangen a été fermé en 1981, il s'est opposé à sa vente et a œuvré pour qu'il devienne le siège du supérieur provincial.
Il a rénové l'ancienne maison de Josefstal pour en faire un centre pour les jeunes. Il a pris contact avec le fondateur du KIM (Kreis Junger Missionare/Cercle des Jeunes Missionnaires), le Père Hubert Leeb OFS. Le KIM était une nouvelle forme du mouvement de jeunesse catholique de l'époque, dont l'objectif était également d'orienter les jeunes vers une vocation sacerdotale/religieuse/missionnaire. Plusieurs groupes KIM ont été formés dans la région d'Ellwangen. Josefstal est devenu un centre de jeunesse fréquenté par des groupes de tout le diocèse.
Vers la fin des années 1970, une dimension sociale et politique est apparue au sein de l'Église allemande et de sa pastorale des jeunes, également sous l'influence de la théologie de la libération venue d'Amérique latine. Ces questions étaient également discutées parmi les Comboniens, surtout au Brésil et en Equateur, et Frère Bruno lui-même y était très sensible.
Suivant cette nouvelle sensibilité, le Frère Bruno a créé en 1982 le "Centre d'information et de formation d'Ellwangen", qui a changé de nom en 1999 pour devenir le "Centre Mondial de Solidarité". Dans le séminaire Josefinum, qui a été fermé en 1981, une exposition sur les questions de justice internationale a été mise en place et une bibliothèque spécialisée sur ces sujets a été créée.
En 1990, Frère Bruno a été affecté à la mission du Brésil et a commencé son service dans le diocèse de Balsas. Il y participe à la fondation d'une organisation de fermiers, l'ACA, une association de petits fermiers qui résistent aux grands propriétaires terriens autoritaires et corrompus. De nombreux amis, notamment de la région d'Ellwangen, ont soutenu le frère Bruno.
Une dangereuse morsure de serpent l'a obligé à retourner en Europe en 2000 et il a été affecté à la communauté de Milland/Brixen. Entre-temps, le séminaire Xaverianum avait également été fermé. À l'initiative de Fr. Bruno, le bâtiment est devenu la "Maison de la solidarité", un lieu de rencontre et d'hébergement pour les migrants et les personnes en marge de la société.
Après une autre brève période au Brésil de 2006 à 2008, qu'il a dû interrompre pour des raisons de santé, il a été nommé procureur de la DSP basée à Ellwangen. En 2015, il est retourné à Milland.
Les problèmes de santé, en revanche, ont augmenté. Mais frère Bruno est resté plein de ressources et d'idées jusqu'à la fin du mois de mars, lorsque tous les membres de la communauté ont été infectés par le coronavirus. Avec trois autres confrères, le Frère Bruno a été hospitalisé ; il est mort le 7 avril 2021. Il a laissé sur son bureau des articles préparés pour "L'œuvre du Rédempteur" du 2022, de nombreuses photographies à numériser et d'autres projets.
Bien qu'il n'ait jamais été membre d'un conseil provincial et qu'il n'ait pas occupé de postes de responsabilité particulière, sauf une fois comme délégué au Chapitre général de 1979, et ces dernières années à Brixen/Bressanone comme vice-supérieur de la communauté, le Frère Bruno a été impliqué dans presque toutes les décisions importantes de la DSP au cours des 40 dernières années. Il était une source de nouvelles idées et d'inspirations, parfois de manière très directe, peu diplomatique, inconfortable, souvent même offensante, mais il n'était pas rancunier. S'il était convaincu de quelque chose, il l'obtenait et le mettait en œuvre sans crainte de conflit ou d'opposition. En cela, il ressemblait à Daniele Comboni - malgré toutes les différences - qui était lui aussi un combattant infatigable pour un monde meilleur, il se battait pour les opprimés, il se heurtait aux autorités, se trouvant parfois au milieu d'opinions contradictoires.
(P. Reinhold Baumann mccj)