Comboni, en ce jour

En ce jour (1880) il va à Turin et célèbre la fête de la Propagation de la foi.
A des Garets, 1877
Je suis touché de voir que cette Œuvre divine de la Propagation de la Foi, guidée, comme l'Eglise catholique par la sagesse du Saint-Esprit.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
271
Mgr. Lavigerie
0
Paris
15.10.1868

N° 271 (256) - A MONSEIGNEUR LAVIGERIE

APBR, B. I, 468

Paris, le 15 octobre 1868

22, rue des Saints Pères



Excellence Révérendissime,


 

[1721]
Consacré depuis 15 ans à l'apostolat de l'Afrique Centrale, pour lequel j'ai décidé de consumer toute ma vie malgré les nombreux obstacles et dangers que j'endure au milieu des tribus de l'Equateur et du désert (que j'ai traversé quatre fois), je ne peux pas être indifférent au bonheur et aux espoirs qu'il me semble voir en faveur de l'Afrique, la partie du monde la plus malheureuse et la plus délaissée à cause des affreuses souffrances provoquées par l'Islam. Je ne peux être indiffèrent aux triomphes que le courage et la constance catholique ont remportés.

Vous avez été, Monseigneur, l'objet de mon admiration et de mon plus grand étonnement lorsque j'ai appris au Caire, par les journaux catholiques, que vous aviez eu la force et le courage apostolique de défendre et de protéger les intérêts d'une grande partie de cette chère Afrique, que la Providence divine, par l'autorité du Vicaire de Jésus-Christ, a confiée à votre zèle, à votre dévouement et à votre intelligence, en un mot, à votre cœur épiscopal qui rivalise avec le grand cœur de l'illustre Evêque de Milan, Saint Ambroise.


[1722]
Vous avez triomphé, Monseigneur, contre l'hydre multiforme de l'impiété qui menaçait votre grand troupeau ; vous, Pasteur incomparable, vous avez su protéger vos chères brebis des assauts des méchants loups. La sagesse et le cœur de l'Empereur, sic volente Deo, vous ont donné la victoire. Moi, un pauvre et modeste missionnaire, qui vis cependant pour le bien et le bonheur de l'Afrique, j'ose me lever pour vous présenter mes hommages et de tout cœur me féliciter avec vous, d'autant plus que le Saint-Siège et l'Illustre Vicaire de Jésus-Christ, illuminés par l'Esprit-Saint, ont su choisir la personne la plus capable et la plus active pour entreprendre l'œuvre très difficile, mais très importante, de l'évangélisation d'une grande partie de l'Afrique Centrale qui, depuis tant de siècles, est encore assise dans les ténèbres et à l'ombre de la mort.

Le Vicariat Apostolique du Sahara est un nouveau terrain de travail pour votre grand zèle d'apôtre, il ouvrira une nouvelle ère de salut pour les malheureux Africains. C'est pour moi une des plus grandes joies de ma vie, car vos démarches et vos soins apporteront beaucoup de lumière pour trouver petit à petit la manière la plus opportune et la plus pratique d'évangéliser les indigènes et les populations nomades de l'Afrique Centrale.


[1723]
J'ai eu le bonheur de vous rencontrer plusieurs fois avec Mgr. Massaia, et de parler avec vous à Paris, à l'occasion du sacre de l'Evêque de Chalons. J'ai eu l'honneur de vous parler aussi à Rome, au sujet de votre apostolat de Nancy et Toul. Mais ne pouvant pas prévoir que vous deviendriez un apôtre de l'Afrique, je n'ai jamais recherché l'occasion de vous consulter à propos de la petite Œuvre que j'ai commencée pour la conversion de la Nigrizia.

Lorsque j'ai promu une réunion d'Evêques et surtout de Chefs des Missions Africaines l'année dernière à Rome, j'étais allé vous chercher dans votre hôtel ; tous nous avions regretté de ne pas vous avoir trouvé car vous étiez parti pour la France le jour précédent.

Cette réunion avait pour but d'établir la fondation des deux premiers Instituts selon les indications de mon Plan. Nous avons choisi le Caire où je viens de les fonder, sous la protection de Mgr. Ciurcia, Archevêque d'Irenopole, Vicaire et Délégué Apostolique d'Egypte.


[1724]
Je recommande mon Œuvre à vos prières, et je désire que soit établi un centre de communication entre nous dans le Cœur de Jésus. J'aimerais vous informer de l'évolution de mon Œuvre afin de pouvoir tirer profit dans l'avenir des lumières de votre expérience pratique, et réussir à établir la Foi catholique au centre de l'Afrique, qui se rattache à la partie orientale de votre grand Vicariat.

Maintenant je désire donner à Votre Grandeur des renseignements sur l'état actuel de mon Œuvre qui est encore dans son enfance.


[1725]
De 1848 à 1861, 39 Missionnaires ont parcouru l'Afrique Centrale entre le 23ème et le 4ème degré de L. N. Nous avons fondé 4 missions : à Schellal, au 23ème degré, à Khartoum au 15ème degré, à la Sainte Croix, au 6ème degré, et à Gondocoro, au 4ème degré. Nous avons composé un dictionnaire et une grammaire en deux langues, et appris la numérotation de plus de 20 langues.

Mais 32 Missionnaires sont morts et j'ai moi-même failli mourir 11 fois. Nous avons ensuite appelé les Franciscains, qui ont envoyé 60 personnes : laïcs et prêtres de leur Ordre, mais ils sont presque tous rentrés, sauf un qui est resté à Khartoum.


[1726]
Ne croyez pas, Monseigneur, que l'on puisse mourir si facilement. Nous étions les premiers à aller là-bas. La plupart des Missionnaires était des Allemands, des saints hommes, mais ils voulaient vivre en conservant les habitudes alimentaires de leur pays, ce qui est très dangereux en Afrique.

Je suis convaincu qu'avec la prudence et les précautions nécessaires, on peut bien vivre, surtout dans le grand désert où l'air est pur et sain. Il suffit de vivre selon l'esprit catholique, avec la modération et la sobriété que l'Eglise nous recommande et qui sont nécessaires pour vivre.

Un de nos chers compagnons, le Père Pedemonte de Naples, Jésuite âgé de 60 ans, a vécu longtemps à Khartoum, parmi les Bari au 4ème degré. Il a été rappelé à Naples où il vit encore.


[1727]
Propaganda Fide en constatant la mort de nombreux Missionnaires, a réfléchi sérieusement. Le Cardinal Barnabò m'a chargé de rédiger un rapport sur l'état de la mission en Afrique Centrale, et de lui proposer un Plan sur la façon d'établir le catholicisme parmi les tribus de l'Afrique centrale. Ce Plan est global parce que Propaganda Fide elle-même devait le faire appliquer, elle a, en effet, l'influence et le pouvoir d'inciter les Congrégations religieuses, etc...


[1728]
En tant que méthode pratique et globale, le Plan a été jugé très convenable par un grand nombre d'Evêques que j'ai consultés et par le Pape lui-même qui l'a lu en entier.

Entre autres, le Plan établit le principe que les Vicaires et les Evêques qui habitent le long des côtes, sont chargés de la direction des Missions du Centre, ce que Propaganda Fide a déjà commencé à mettre en pratique. De mon côté, avec mes modestes possibilités, après avoir prié Mgr. di Canossa, Evêque de Vérone que je connais depuis mon enfance, d'en être le Chef et le Président, j'ai établi les œuvres suivantes :

1° Un Séminaire pour les Missions de l'Afrique Centrale et l'Œuvre du Bon Pasteur pour le maintenir ont été fondés à Vérone. Si Dieu le bénit, et si nous avons la possibilité de fonder d'autres Séminaires, j'espère que nous pourrons aussi être utiles à votre grand apostolat.

2° Je viens de fonder au Caire un Institut pour Africains et un autre pour les Africaines sous la direction de Sœurs françaises. Ils fonctionnent bien, et ils ont déjà converti beaucoup d'âmes. J'ai 16 institutrices africaines qui parlent quatre langues et qui connaissent plusieurs métiers féminins. L'année dernière, nous avons présenté certaines de ces Africaines au Pape, qui dans les jardins du Vatican s'est entretenu deux heures avec elles, Mgr. Castellacci, le Comte Vimercati et moi.

Je me permets de vous envoyer une photo de cette rencontre.

J'ai constaté au Caire qu'à chaque fois que des filles païennes voient mes institutrices africaines, ou les entendent parler et chanter dans l'église, elles veulent devenir catholiques. Cette année, j'en ai fait instruire et baptiser un bon nombre.

Il en va de même pour les garçons. Toutefois, pour bien réussir avec celles qui doivent être des apôtres pour les autres, il vaux mieux les recevoir quand elles sont encore petites.


[1729]
Comme vous pouvez le constater, Monseigneur, mon œuvre est encore dans son enfance. Je la recommande à vos ferventes prières. Quant à moi, je ferai prier tous les jours pour la prospérité de Votre Excellence et pour votre grande œuvre. D'après ce que je peux juger par les démarches que votre sagesse a accomplies, je suis convaincu que vous réussirez très bien dans l'œuvre généreuse que vous avez entreprise et que le Bon Dieu vous a confiée, parce que, avec la grâce de Dieu, rien ne vous sera impossible.

Je me félicite avec vous, et je vous demande pardon pour l'audace que j'ai eue en vous adressant cette lettre, et je me sens honoré d'embrasser vos saintes mains et de vous transmettre les sentiments les plus profonds de ma vénération et de mon respect

votre humble et dévoué serviteur

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique de l'Afrique Centrale

Supérieur des Instituts pour les Noirs en Egypte



P.-S. Mille salutations de la part du Baron de Havelt, chez lequel je suis logé.

Dès qu'il sera imprimé en français, je vous enverrai mon Plan pour la Conversion...



Texte original en français, corrigé.






272
Marie Deluil Martiny
0
Paris
15.10.1868

N° 272 (257) - A MARIE DELUIL MARTINY

AFCI, Berchem Anvers

Vive+Jésus !

Paris, le 15 octobre 1868



Très vénérable Sœur,


 

[1730]
A l'occasion de mon voyage en Allemagne pour intervenir au Congrès général des Catholiques à Bamberg, j'ai pris souvent la parole pour faire connaître notre chère Garde d'Honneur. J'ai distribué toutes les brochures et les médailles que la vénérable première zélatrice m'avait données.

Dans le célèbre sanctuaire de Notre Dame d'Altötting, il y a un magnifique Couvent des Dames Anglaises, qui est la Maison Mère de huit autres Couvents dispersés en Bavière. Les Couvents reçoivent l'élite des jeunes filles d'Allemagne et d'Autriche et une infinité d'écoliers.

Je me suis accordé avec la Supérieure Générale pour fonder la Garde d'Honneur dans toutes ses institutions et dans toutes les paroisses et diocèses où elles sont présentes. Cette Supérieure Générale a un zèle admirable et un esprit éminemment religieux. Les règles de cette Congrégation sont celles des saints Pères Jésuites.

La Supérieure a à ses côtés une Sœur d'éminente sainteté et jugement. Elle connaît beaucoup de langues et pour animer une œuvre, elle est comme une Française.


[1731]
Pour bien réussir ce projet, il faut que vous envoyiez à Altötting tout le matériel que vous pouvez : médailles, tableaux, livres, etc. Envoyez-le aussi en latin pour pouvoir établir la Garde d'Honneur également chez les Rédemptoristes et le pieux clergé de Passau. Pour envoyer là-bas tous ces objets, mettez-vous en contact avec M. le Vicaire.

Vous établirez un lieu d'apostolat pour la Garde d'Honneur qui donnera beaucoup de joie à Jésus. Voici l'adresse à laquelle il faut envoyer le colis :



A la Révérende Mère Maria Saveria Koeniger

Directrice et Maîtresse des Novices

c/o les Dames Anglaises

Altötting (Bavière).



Altötting est la Lorette bavaroise, c'est un des plus importants sanctuaire d'Allemagne où arrivent plus de deux mille pèlerins par jour. Il y aura là aussi quelqu'un qui recommandera la Garde d'Honneur.


[1732]
Je vous demande de prier et de faire prier pour moi et pour notre Œuvre, car j'ai de nombreuses croix qui m'accablent et c'est un miracle si je suis encore en vie. Mais Jésus est tout-puissant et la Garde d'Honneur est pour moi une force qui me donne tellement de courage que le diable en sera écrasé, car nous travaillons pour Jésus. Ces croix sont pour moi la plus grande consolation, car Jésus aussi a souffert, il a été une victime. Jésus a choisi la croix, et il a dit : "Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans la joie..."(sic !)

Ah ! ce Cœur béni, qui ne palpite que pour les âmes, qui est une victime éternelle et qui a été transpercé par une lance, est un grand secours pour moi...

Ah ! que je suis heureux dans mes souffrances ! J'en ai de toutes sortes, en Egypte, en Afrique Centrale, à Rome, à Vérone et aussi en France. Mais je suis heureux, car le Sacré-Cœur de Jésus, dans sa Garde d'Honneur, m'assiste puissamment.


[1733]
Voici, traduit en français, ce que je viens d'écrire à mon Supérieur le Cardinal Barnabò, Préfet de la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide : "Vous devez savoir, Eminence, que depuis quelque temps la croix m'est tellement amie et si assidûment près de moi, que je l'ai choisie comme mon Epouse bien-aimée ; ainsi j'ai décidé de vivre toujours avec elle jusqu'à la mort et, si possible, pour l'éternité ! Vous savez, Eminence, que le Cœur de Jésus a été transpercé par une lance sur la Croix, alors qu'il était mort, et que ce terrible coup de lance a transpercé aussi le Cœur de notre Mère Marie : ce coup se répercutera aussi en Afrique.


[1734]
C'est en Afrique, qu'avec ma croix, j'ai porté la Garde d'Honneur du Cœur transpercé de Jésus, Votre Excellence peut-être ne la connaît pas encore, mais j'aurai la joie de vous la faire connaître. Savez-vous quelle force donne à mon esprit cette Garde d'Honneur par laquelle je vénère le Cœur de Jésus et le percement de la lance... ? Elle me donne la force de porter ma croix avec joie, comme si j'avais gagné une fortune pour les Missions, et avec la croix, mon Epouse très chère, qui m'instruit dans la prudence et la sagesse, avec la Très Sainte Vierge, ma chère Mère, et avec Jésus, mon Tout, je ne crains, Eminence, ni les tempêtes de Rome, ni les persécutions d'Egypte, ni la fureur de la Nigrizia, ni les gros nuages de Vérone, ni le diable de l'enfer, parce que je suis le plus heureux des hommes et je suis dans la condition la plus souhaitable.


[1735]
Mon Jésus a montré une sagesse tout à fait divine lorsque, après avoir créé l'univers, il a fabriqué la Croix".

Or, avec la Croix, qui est une sublime effusion de la charité du Cœur de Jésus, nous devenons puissants. J'ai une objection à faire ici : je suis vraiment convaincu d'être un grand pécheur ; je n'ai aucune honte, ma Sœur, à vous avouer ma nullité, du moment que j'ai aussi un puissant remède. Jésus est venu pour sauver les pécheurs, il est venu pour me sauver moi aussi, et puisqu'il me donne sa Croix, c'est le signe le plus sûr qu'il veut me sauver. Vous voyez quelle bonté a Jésus !

Il me donne de nombreuses croix, et en même temps il fait accomplir beaucoup de bien à mes Instituts que je viens de fonder en Egypte, près de la Grotte de la Sainte Famille.

Je viens de recevoir la nouvelle : trois filles africaines de 20 ans viennent d'être baptisées par mes Missionnaires, et trois autres attendent mon retour pour que je les baptise. Une d'entre elles est morte avec le bulletin de la Garde d'Honneur sur le cœur, juste trois jours après son baptême.


[1736]
Priez et faites prier pour la conversion des âmes les plus délaissées de la terre, les pauvres Noirs d'Afrique Centrale. Il me semble que dans une époque où tant de chrétiens conspirent contre le Seigneur et son Christ, le Cœur de Jésus doit épancher davantage son amour dans ceux qui sont encore assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort.

Je vous enverrai mon Plan pour la régénération de l'Afrique qui paraîtra dans quelques jours. C'est un Plan que j'ai conçu au Vatican le 18 septembre 1864, pendant que j'assistais à la Béatification de Marie Marguerite Alacoque.

Dans la première édition de 1864, est aussi imprimée la date du jour de la Béatification. J'attends donc que la Bienheureuse m'assiste, car elle aimait beaucoup le Sacré-Cœur de Jésus.

Priez et écrivez-moi. Dès mon retour, je viendrai à Bourg. Vive Jésus dans Son Cœur.



Abbé Daniel Comboni



P.S. J'ai passé une journée à Bamberg, près de Munich chez les Sœurs de la Visitation, qui me confieront une Africaine. La Garde d'Honneur est établie aussi chez elles. Je vous prie de présenter mes hommages à la Très Révérende Mère Supérieure.



Texte original en français, corrigé.






273
Mgr. Luigi di Canossa
0
Paris
15.10.1868

N° 273 (258) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/60

Que les noms de Jésus et de Marie soient loués pour l'éternité. Ainsi soit-il.

Paris, le 15 octobre 1868

22, rue des Saints Pères



Excellence Révérendissime,


 

[1737]
J'ai tardé à vous écrire car j'étais trop occupé. Les affaires se font lentement à Paris, et j'ai passé plusieurs nuits debout pour assister des malades illustres.

Je suis logé chez le courtois Baron de Havelt, Protecteur de Terre Sainte et Commissaire Pontifical pour l'Exposition Universelle ; pour m'appuyer, il invite à déjeuner les personnalités qui peuvent m'aider, comme Druin de Luis, le Ministre de la Marine, le Président de la Propagation de la Foi, etc. En dépit de tout, mes affaires traînent. En voici les principales :

1°. Subsides à demander aux Œuvres suivantes :

a) Propagation de la Foi

b) Sainte Enfance

c) Œuvres des Ecoles d'Orient

d) Œuvre Apostolique (pour les objets de culte)

e) Œuvres des tabernacles

2°. Lettres de Recommandation pour le Pacha d'Egypte et pour les autres Pachas particulièrement influents.

3°. Aides du Ministre des Affaires Etrangères sur les fonds destinés au Levant.

4°. Voyage et transport gratuit de provisions depuis Marseille.

5°. Sonder le terrain de l'Institut d'Afrique pour voir quels avantages nous pouvons obtenir.

6°. Recommandation spéciale du Ministre des Affaires Etrangères, M. Moustier.

7°. Sources pour obtenir des intentions de Messes pour Votre Excellence.

8°. Visites à quelques illustres bienfaiteurs. Hic et nunc, tout le monde est à la campagne. Il faut donc être patient.


[1738]
Avant de quitter la Bavière, j'ai exploré une bonne source au Ministère des Cultes pour essayer d'avoir quelque milliers de Messes de la part du sanctuaire d'Altötting : c'est la voie qui m'a été suggérée par le Ministère des Cultes.

Il me semble opportun que vous écriviez à Mgr. Enrico Hofstaetter Evêque de Passavie (Bavière) en lui exposant que vos Missionnaires et un grand nombre de Prêtres de votre Diocèse etc...tout ce que vous pouvez dire...et priez-le de vous autoriser à assumer la charge de 7 ou 8....



(Abbé Daniel Comboni)



Lettre incomplète.






274
M.me A. H. De Villeneuve
0
Paris
20.10.1868

N° 274 (259) - A MADAME A. H. DE VILLENEUVE

AFV, Versailles

Paris, le 20 octobre 1868

22, rue des Saints Pères

chez M. le Baron de Havelt



Madame,


 

[1739]
Je ne peux pas vous exprimer quelle consolation vous m'avez apportée par votre chère lettre. Je viens tout juste de la recevoir, car il y a longtemps que je ne passe plus par l'Hôtel des Missions Etrangères, parce que j'habite chez le Baron de Havelt.

Votre bonté m'incite à vous rendre visite, car je désire vraiment vous voir, ainsi que M. Auguste, mon cher ami, et vous remercier pour la grande bonté que vous avez eue pour le bon Urbansky. J'ai reçu des nouvelles de Dressa au sujet du grand bien que vous avez fait à ce garçon ; vos soins, semble-t-il, l'ont préservé de la mort. Vous me comblez de bonté et je me sens redevable envers vous.


[1740]
Bien que je sois parti tout à coup du Caire, j'ai pu rassembler certains objets de Mère Rosa, très intéressants pour notre cher Auguste. Quand je suis arrivé à Alexandrie, tout était cassé. Toutefois, j'ai pu remplir un petit sac. Pendant le voyage en Allemagne, ce dernier s'est cassé aussi et il ne reste que peu de choses. A Khartoum (à deux mois de voyage du Caire), j'ai commandé une collection d'armes africaines, mais rien n'est encore arrivé au Caire.

Aujourd'hui, j'ai écrit à Vérone pour me faire envoyer des reliques ; j'ai un petit coffret pour vous. Je suis très occupé ; dès que je serai libre, je viendrai chez vous. Nous sommes en train d'imprimer mon Plan à Paris ; j'attends qu'il soit imprimé pour vous en apporter des copies.

Toutes mes salutations à Auguste et à Désiré etc.



Votre dévoué

Abbé Daniel Comboni



Texte original en français, corrigé.






275
Augusto De Villeneuve
1
Paris
20.10.1868
N° 275 (260) - A AUGUSTE DE VILLENEUVE

AFV, Versailles



Paris, le 20 octobre 1868



Petit billet.





276
Père Stanislao Carcereri
0
Paris
20.10.1868

N° 276 (1150) - AU PERE STANISLAO CARCERERI

AGCR, 1964/54

Paris, le 20 octobre 1868


 

[1741]
Si les Camilliens ont une Mission avant le Séminaire de Vérone, peu importe ! Non quaero gloriam meam sed eius qui misit me (je ne cherche pas ma gloire, mais celle de celui qui m'a envoyé) Moi, j'ai 10.000 francs fixes par an, plus les aumônes que je récolte. Je donne 5.000 francs aux Camilliens, (à condition qu'ils en récoltent autant) pourvu que les souhaits de mon cher Stanislao soient exaucés.



Abbé Daniel Comboni






277
Mgr. Luigi di Canossa
0
Paris
21.10.1868

N° 277 (261) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 38/10

Paris, le 21 octobre 1868


 

[1742]
Je saisis cette occasion pour vous envoyer mes respectueux hommages. Notre Père Callisto est vraiment un homme qui ne cherche que la gloire de Dieu, le salut des âmes, et le véritable honneur de l'Ordre Trinitaire auquel, puisque il n'y a plus d'esclaves chrétiens, revient une partie de l'apostolat parmi les Africains.

En ce qui concerne les démarches à faire auprès de Propaganda Fide, du Vicaire Apostolique d'Egypte et des Franciscains, pour aider l'Ordre Trinitaire à participer à l'important apostolat de l'Afrique Centrale, nous étudierons et nous examinerons tout, à tête froide, à Vérone, après avoir évalué les résultats de l'actuel contentieux avec les Camilliens.


[1743]
Entre temps, nous mettons notre confiance en Dieu et en Celle que Votre Excellence a eu l'honneur de proclamer en premier la Reine de l'Afrique. Recevez les affectueux hommages de votre



dévoué fils

Abbé Daniel






278
Claude Girard
0
Paris
31.10.1868

N° 278 (262) - A CLAUDE GIRARD

AGB

Paris, le 31 octobre 1868

Mon très cher ami,


 

[1744]
J'espère que vous viendrez à Paris et que vous m'écrirez avant de vous rendre à Orléans. Je vous salue de tout mon cœur. Je vous prie de présenter mes respects à Mme Girard et à vos chers enfants. Si vous m'écrivez, adressez les lettres au 22, rue des Saints Pères où je loge actuellement.

Après demain, mon Plan sortira de l'atelier de reliure. Une moitié du texte a déjà été publiée dans "l'Apostolat ". Si vous venez, j'aurai l'impression de ressusciter.

Je n'ai plus reçu votre journal.

A bientôt mon cher, à bientôt. Notre cher Père Callisto est un ami comme M. Girard ; c'est-à-dire, il est incomparable. Il m'a rendu de nombreux services. Adieu !

J'ai reçu de bonnes nouvelles du Caire, des baptêmes... etc.

Le Père Zanoni, Dieu merci, est parti. Il a fait beaucoup de mal, mais cela ne fait rien. La caisse avec l'ostensoir est déjà arrivée au Caire.



Abbé Daniel Comboni.






279
Mgr. Luigi di Canossa
0
Paris
11.1868
N° 279 (263) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/64



Que le nom de Jésus soit loué pour l'éternité. Ainsi soit-il.



Paris, début novembre 1868



Excellence Révérendissime,



[1745]
Qui confidit in Domino non confundetur (Celui qui met sa confiance en Dieu ne sera pas troublé). La Propagation de la Foi de Lyon et de Paris m'a définitivement alloué hier soir la somme de 5.000 francs à retirer tout de suite à Lyon. C'est ce que m'ont communiqué ce matin Nicolas, M. Cochin et le Président, qui m'a lu le rapport du Conseil de Lyon et la lettre de l'Eminent Cardinal Barnabò. Ce dernier recommandait spécialement notre Œuvre et l'Abbé Comboni.

C'est une grâce extraordinaire de Dieu, et c'est le signe que c'est Lui qui agit et non pas l'homme. Dieu, avec sa grâce, porte remède à mes bêtises.

Tous les membres de Lyon et de Paris m'ont accordé une attention spéciale. Habituellement ils n'allouent jamais de sommes d'argent en dehors de la distribution générale du mois de mai, et sans délais, immédiatement, ils n'allouent de l'argent qu'aux Vicaires et aux Préfets Apostoliques.

Du moment que les subsides pour l'Afrique sont payés par le caissier de Lyon, c'est là-bas que je toucherai l'argent.

Ils m'ont aussi donné l'espoir que le chèque de l'année prochaine sera plus important. Bénissons le Seigneur et faisons grandement confiance à la Providence de Dieu, même lorsque nous croyons être abandonnés. A présent je ne crains plus le manque de moyens matériels.


[1746]
De surcroît, l'Œuvre du Saint-Sépulcre m'a alloué 500 francs. L'année prochaine, j'en aurai davantage. Je suis en train d'organiser aussi un Comité de Dames et demain, je serai reçu par la Princesse Clotilde, peut-être lui demanderai-je d'en être la Présidente. C'est le bon moment, car le Prince Napoléon est en Angleterre.

Il est fort probable que nous puissions former un Comité d'hommes sur Paris. Mais il faut d'abord tenir compte de la susceptibilité de la Propagation de la Foi, dont les Conseillers désirent être les seuls.


[1747]
J'ai chargé M. l'abbé Cloquet, directeur de "l'Apostolat ", de former un Conseil Diocésain de l'Œuvre du Bon Pasteur, il a accepté. Mais il m'a fait remarquer qu'ici, en France, ce nom ne convient pas, car il fait penser plutôt à un Comité pour l'aide aux femmes égarées.

Monsieur Girard arrivera demain à Paris. Il m'a écrit hier soir d'Orléans en me disant qu'il viendra avec le Supérieur des Grecs de Constantinople, et il a ajouté : "Tachez de nous faire admettre à votre table chez M. le Baron de Havelt où vous êtes logé". On verra.


[1748]
Ce serait bien si Votre Excellence pouvait dire au Père Callisto que, lors de ma prochaine venue à Vérone, nous discuterons pour voir comment réaliser ses souhaits, et que Votre Excellence serait contente de coopérer pour engager l'Ordre Trinitaire dans l'apostolat en Afrique. En même temps, ajoutez que vous avez su par l'Abbé Comboni qu'il lui a donné plusieurs intentions de Messes (500), et que l'Abbé vous prie de vous occuper de cette affaire, car des centaines de Prêtres sont restés sans intentions de Messes. Le Père Callisto pourra en procurer, à Votre Excellence, plusieurs milliers chez les Moniales Trinitaires en France. Je lui ai déjà recommandé cela. Mais votre recommandation est beaucoup plus puissante, car il espère que vous l'aiderez dans ses projets africains.

J'attends aussi quelques aides de la Sainte Enfance et de l'Œuvre des Ecoles d'Orient. Le Baron de Havelt me fait beaucoup de bien, et j'aimerais que Votre Excellence, en m'écrivant, puisse lui exprimer ses remerciements, parce qu'il invite chez lui des Ministres et d'autres personnalités pour moi.



Votre indigne fils

Abbé Daniel



P.S Je vous envoie l'opuscule produit par l'Apostolat. Ce soir, je recevrai des lettres d'Egypte. Au Marquis Ottavio etc.






280
Mgr. Luigi di Canossa
0
Paris
13.11.1868
N° 280 (264) - A MONSEIGNEUR LUIGI DI CANOSSA

ACR, A, c. 14/61



Paris, le 13 novembre 1868

13, rue Saint Stanislao Koska



Excellence Révérendissime,



[1749]
Je vous envoie les hommages de Mme Thérèse que j'ai vue hier, elle va très bien. Elle m'a dit de saluer la Marquise Clelia et toute la famille, elle est zélatrice de notre Œuvre auprès des Dames du Sacré-Cœur. C'est une âme qui prie beaucoup.


[1750]
Alors que nous invoquons l'aide du Ciel pour l'Œuvre de l'Afrique, le Seigneur nous demande de coopérer.

Son Eminence le Cardinal Barnabò, avec sa fameuse lettre circulaire, a rendu inefficace l'autographe du Saint Père, et a déclaré illégitime notre activité.

De plus, il s'est fondé sur le faux principe que l'Œuvre du Bon Pasteur sert à maintenir les Instituts du Caire et a dit qu'à l'origine de son interdiction il y avait la volonté des Conseillers de la Propagation de la Foi.

Sans trop d'explications et par souci de brièveté, je vous communique ce que je suis en train de mettre en place et qui sera en mesure de paralyser les efforts du Cardinal. Nous faisons cela pour le bien de l'Afrique et par respect envers le Pape, qui, avec un autographe pontifical, a indulgencié l'Œuvre.


[1751]
Je suis en train de fonder à Paris un Comité avec les personnalités catholiques les plus distinguées de France. Ce Comité aura pour but de recueillir des aumônes pour le Séminaire de Vérone et pour d'autres que nous fonderons. Parmi les membres de ce Comité, il y en a trois parmi les plus actifs du Conseil de la Propagation de la Foi de Paris. Il s'agit de :

- M. Baudon, Président des Conférences de Saint Vincent de Paul.

- M. Cochin, de l'Institut et de l'Académie Française.

- M. Auguste Nicolas, Conseiller à la Cour Impériale et auteur des Etudes philosophiques.

Ces trois ont accepté. En plus ont également accepté :

- Le Baron de Havelt, chez qui je loge actuellement, fondateur de l'Œuvre du Pèlerinage en Terre Sainte et Commissaire Pontifical pour l'Exposition Universelle.

- M. Faugère, Ministre Plénipotentiaire et Directeur du Ministère des Affaires Etrangères.

- M. le Comte de Courcelles, ancien Ambassadeur de France à Rome.

- M. le Prince de Broglie de l'Académie Française.

- M. le Comte de Mèrode, frère de Monseigneur.

- M. le Comte de Ségur, frère de Monseigneur.

- M. de Valette, chanoine de Notre Dame de Paris.

- M. de Reineval, Vicaire à la Madeleine et frère d'un ancien Ambassadeur à Rome.

- M. Edmond Lefont, Président du Denier de Saint Pierre.


[1752]
J'ai d'autres noms et d'autres membres du Clergé. Je pense ne pas souffler mot à Rome de ce Comité, même quand il sera fondé. Il est donc opportun que Votre Excellence puisse mener le combat avec les armes que vous possédez.

Si le Cardinal triomphe (chose impossible, me semble-t-il), l'existence du Comité de Paris, composé d'hommes très illustres, sera l'arme qui décidera de la victoire. Je ne vous en dis pas plus sur l'utilité d'un pareil Comité.


[1753]
J'ai reçu de Vienne une lettre affectueuse d'encouragement du Duc de Modène.

J'ai noué aussi de bons rapports avec Charles VII et son épouse, fille de la Duchesse de Parme. S'il monte, et je l'espère, sur le trône d'Espagne ce sera un grand bien pour l'Afrique. Souvent je rends visite à ces deux pieux jeunes.

J'attend votre consentement, votre bénédiction et je me déclare



votre humble et indigne fils

Abbé Daniel Comboni



P.S. Par respect pour le Cardinal je n'ai pas autorisé "l'Apostolat "à publier le Décret d'érection canonique de l'Œuvre du Bon Pasteur avant votre accord.