Comboni, en ce jour

De Khartoum (1878) dans une lettre à Jean F. des Garets, il écrit:
Quelle joie peut éprouver un cœur disposé à souffrir pour Jésus-Christ et pour le salut des âmes les plus abandonnées et les plus délaissées de la terre ! C'est la Croix qui sauvera l'Afrique.

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N° Ecrit
Destinataire
Signe (*)
Provenance
Date
361
Abbé Giovanni Bosco (saint)
0
Rome
3. 7.1870

N° 361 (339) - A DON GIOVANNI BOSCO

ASR, S. 1261

Vive le Sacré-Cœur de Jésus, vive Marie !

Rome, le 3 juillet 1870

Mon cher et vénérable Don Bosco,


 

[2315]
En comprenant tout à fait votre cœur et vos saintes intentions, sans faire de préambule, je veux vous poser une question qui exige une réponse le plus rapidement possible.

Seriez-vous disposé à mettre à ma disposition deux ou trois de vos jeunes Prêtres ainsi que quatre ou cinq de vos très habiles artisans et catéchistes pour que je puisse les emmener au Caire en Egypte dans mon Institut masculin, où il y a une maison et une église, prêtes et bien confortables ?

Ils feraient partie de mon Institut sous ma juridiction. Moi-même je prendrais en charge le voyage, la nourriture, les vêtements, l'apprentissage des langues et tout le reste. Je leur donnerais en même temps une autonomie convenable de façon que, dans le futur, aidés et augmentés en nombre, par d'autres membres de votre Institut de Turin, mon Institut du Caire leur permette, au moment opportun, de diriger une Mission particulière dans la Nigrizia Centrale, confiée exclusivement à l'Institut Bosco de Turin.


[2316]
Vous comprenez ? Je voudrais que votre saint Institut, avec une partie des moyens que Dieu m'a donnés, s'implante petit à petit en Afrique Centrale.

Si vous étiez tout seul, vous rencontreriez tout de suite des obstacles de la part du grand Ordre qui a la juridiction de l'Egypte, il est donc nécessaire que vous apparaissiez dans l'immédiat comme faisant partie de mon Institut, déjà enraciné en Egypte, et auquel, d'ici peu, sera confiée une grande Mission en Afrique Centrale.


[2317]
Si vous pouvez mettre à ma disposition ces deux ou trois Prêtres, ou même plus, avec des laïcs pour le prochain mois de septembre, écrivez-moi tout de suite. L'Evêque de Vérone (qui est un véritable ange pour l'Afrique) et moi-même nous réglerons les affaires nécessaires ici à Rome. Nous nous occuperons de tout.

Quant à vous, pensez à préparer les sujets indiqués. Je viendrai les chercher à Turin pour les accompagner en Egypte, à quelques pas de l'endroit où la Sainte Famille demeura en exil pendant sept ans sur la terre des Pharaons.

J'attends une réponse, si elle est affirmative, comme je l'espère, avec l'autorisation de l'Evêque de Vérone nous nous occuperons des papiers nécessaires et, au nom de Dieu, nous donnerons vie à l'œuvre conçue.

Mes trois Instituts d'Egypte marchent très bien ; il y a 55 membres, et de nombreuses âmes sont arrachées au paganisme, et conduites dans le bercail du Christ.

Dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, je me déclare avec toute l'affection



votre humble et affectionné ami

Abbé Comboni



P.-S. J'espère que vous avez reçu mon Postulatum au Concile Pro Nigris Africae Centralis.






362
Angelina Frigotto
0
Rome
18. 7.1870

N° 362 (340) - A MADAME ANGELINA FRIGOTTO

ACR, A, c. 15/161

Rome, le 18 juillet 1870

Respectable Madame Angelina,


 

[2318]
Votre aimable lettre m'a fait très plaisir, et je vous répondrais longuement en vous parlant des progrès de mes petites Œuvres si je n'étais pas très occupé, et si j'avais un peu de temps. Mais comme je compte venir à Lonigo le mois prochain ou au plus tard en septembre, je vous raconterai tout de vive voix, et vous verrez que même si je suis habitué à parler souvent en plusieurs langues étrangères, j'aurai la langue bien pendue pour vous déballer mes nouvelles en bon patois de Vérone. ...Je vous dis seulement que j'ai trois Instituts au Caire, un masculin et deux féminins qui, chaque semaine gagnent au Christ des âmes qui gisaient à l'ombre de la mort ; et je vous informe que l'année prochaine, j'ouvrirai deux autres maisons à 1.400 milles du Caire vers le centre de l'Afrique.

Sachez que chaque jour qui passe, 125 francs me sont indispensables, et que je dois absolument les trouver, sans compter les autres dépenses, les voyages etc.

Il faut que je vous dise aussi que le petit hôpital pour les Noirs malades que j'ai ouvert au Vieux Caire envoie au paradis de nombreuses âmes lesquelles, sinon, iraient en enfer.

J'ai dû lutter contre d'immenses obstacles, et c'est grâce à Dieu que la barque marche bon train. Comme je l'ai dit à tout le monde à Rome et ailleurs, je ne veux même pas entendre parler de difficultés ou d'impossibilité. On m'a pris pour un fou et on me prendra pour un fou à l'avenir ; tout cela m'est bien égal. Je veux aller de l'avant avec mon Œuvre, je veux implanter durablement la Foi en Afrique Centrale, quoiqu'il arrive. Priez et faites prier dans ce but, et Dieu vous récompensera.


[2319]
Je suis très heureux d'avoir entendu de si belles nouvelles de votre famille. Fichtre ! Si nous continuons à aller à ce rythme, la petite sera la mère d'une tribu. Saluez-la ainsi que mon cher Monsieur le Docteur et le mari de la petite.

Les nouvelles de votre famille m'ont beaucoup réconforté, mais j'ai été très affligé par la nouvelle du cancer de votre Mère. C'est déjà une grande chose que le docteur la maintienne en vie, et peut-être même qu'il pourra supprimer ce mal.

J'ai vu des guérisons de cette maladie. Je prierai humblement le Seigneur, et avant de quitter Rome, je demanderai au Pape une nouvelle Bénédiction spéciale pour votre maman.

Aujourd'hui il y aura la définition solennelle du dogme de l'Infaillibilité. Je vais au Vatican à 8 heures en tant que théologien Conciliaire de mon Evêque. Ce sera un grand spectacle !


[2320]
Dites à l'Abbé Luciano que je n'ai pas le temps de lui écrire mais que je pense à lui et que j'ai beaucoup d'affection pour lui.

Je suis très pauvre, mais j'envoie un modeste souvenir, une petite médaille du Concile Vatican bénie par Pie IX pour vous, pour notre chère petite, pour les deux épouses de la maison Rosa, pour Gigia de Legnago, et pour Agata Bronzini que vous saluerez de ma part. Je vous envoie aussi un petit crucifix pour votre maman, et une médaille du Concile pour l'Abbé Luciano. Le petit Frère Melotto m'a également donné deux crucifix, que j'ai fait bénir par Sa Sainteté, pour votre Père ; et j'en ajoute un autre pour le vieux Melotto, parce que le Frère m'a dit qu'aucun des deux n'était pour lui.

Saluez de ma part tous ceux que je connais à Lonigo, ceux qui fréquentent la maison Rosa et la vôtre, et faites prier pour la Conversion des Noirs, et pour moi. J'ai envoyé mon Postulatum en italien à Lonigo ; lisez-le et priez, surtout pour



le pauvre Africain et

votre très affectionné

Abbé Daniel Comboni



P.-S. J'ai assisté aujourd'hui à 2 heures de l'après-midi à la IV° Session du Concile Vatican en tant que théologien. Tous, sauf deux Evêques, un de 37 ans, Américain, l'autre de 53 ans, Napolitain, ont voté oui. 102 étaient absents, certains étaient malades et d'autres n'étaient pas venus pour ne pas voter "oui". Ce fut un grand spectacle !


[2321]
Je vous envoie la photographie de deux de mes Sœurs d'Egypte. Sœur Maddalena, l'Arménienne vient de m'écrire pour ma fête, et elle m'a prié de lui apporter la Vie de Saint Louis de Gonzague et une relique de Sainte Agnès, et elle a ajouté : " Mon Père, si vous m'apportez ces deux objets, je vous promets de faire tout mon possible pour devenir sainte avec l'aide de la Sainte Vierge ma Mère ". Cette Sœur a 25 ans, elle sera une grande missionnaire. Je vous enverrais bien le portrait de ma Supérieure, mais je ne l'ai plus.






363
Maddalena Girelli
0
Vérone
22. 9.1870

N° 363 (341) - A MADDALENA GIRELLI

ACR, A, c. 14/135

Vérone, Séminaire, le 22 septembre 1870

Chère Madame,


 

[2322]
J'ai reçu votre lettre du 8 septembre pendant les Exercices Spirituels, et je l'ai lue après les avoir finis, c'est-à-dire le 18. Je vous suis infiniment reconnaissant ainsi qu'à votre très pieuse sœur Elisa pour les sentiments pleins de charité et d'esprit divin que contient cette lettre à mon égard et aussi en ce qui concerne le salut des âmes ; nos désirs se rejoignent dans ce sujet.

Je vous confesse candidement que j'ai été très heureux de vous avoir rendu visite à Brescia, et j'ai été très édifié par vous deux. D'après ce que j'ai entendu et lu à Brescia, à propos de la Règle de Sainte Angela, je me suis fait une opinion sublime de la pieuse Œuvre éminemment catholique à laquelle vous êtes consacrées, qui répandra certainement le saint feu de notre célèbre concitoyenne, l'honneur de notre patrie, dans les régions enflammées de l'Afrique Centrale où règnent encore la superstition et l'erreur, et où domine Satan.


[2323]
Il serait bon que nous fassions un pacte sacré de prières, et que le Sacré-Cœur de Jésus soit le centre de communication entre nous, entre Brescia et la Nigrizia. Nous prierons incessamment en commun dans les Instituts d'Afrique pour vous toutes. Que les généreuses filles de Sainte Angela Merici, dirigées par les deux sœurs, élèvent de ferventes prières au Très-Haut pour la conversion des Noirs. Cette union de prières sera comme si on mettait le siège devant l'empire des ténèbres qui oppriment la malheureuse descendance de Cham.

La bienfaisante lumière qui partira de la patrie de Sainte Angela brillera sur les tribus égarées dans les ténèbres de la Nigrizia pour les attirer au Christ. .....Aujourd'hui j'ai reçu du Caire des lettres qui m'ont beaucoup consolé.

Cette semaine aussi, de nombreuses âmes ont été gagnées à Dieu ; parmi celles-ci une Africaine âgée de 25 ans, qui mourut une heure après avoir été baptisée.


[2324]
Pour que notre prière soit efficace, cherchons le trésor de la Croix.

La sagesse de Dieu ne s'est jamais dévoilée avec plus de splendeur qu'en créant la Croix.


[2325]
Le Fils de Dieu ne pouvait nous révéler de façon plus lumineuse son infinie sagesse qu'en fabriquant la Croix. Les grandes Œuvres de Dieu ne naissent qu'au pied du Calvaire. Je vous serai très obligé si vous priez le Cœur de Jésus de m'envoyer un grand nombre de croix ; ce sera le signe qu'elles seront suivies par un grand nombre d'âmes conquises à la Foi.


[2326]
Je prierai moi aussi Jésus pour qu'il vous envoie un bon nombre de petites croix. Au Paradis nous connaîtrons en profondeur la philosophie de la Croix. Donc, aux armes ! Parcourons à pas de géant le chemin de la charité et de la Croix, et ne nous arrêtons qu'au paradis !

Je souhaite que vous m'envoyiez souvent de vos nouvelles, moi aussi je ferai de même. J'espère vous voir bientôt à Brescia. Entre temps, prions pour notre Saint- Père Pie IX. C'est maintenant l'heure de l'empire des ténèbres.

La lumière viendra après les ténèbres, et le triomphe de l'Eglise commencera.


[2327]
Je vous envoie une photographie. Dans le groupe, la première jeune fille c'est Faustina Stampais, la seconde c'est Sœur Marie Bertholon de Lyon, la troisième c'est Caterina Zenab, fille d'un roi africain. Je l'ai habillée pour la première fois dans la tribu des Kichs près du Fleuve Blanc en Afrique Centrale, et je l'ai conduite en Europe et puis accompagnée en Egypte. C'est une grande missionnaire, très adroite.

Je vous confie toutes les deux aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. Souvenez-vous de ce pauvre serviteur des Noirs et votre



dévoué serviteur

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique






364
Père Luigi Artini
0
Vérone
9.1870

N° 364 (342) - AU PERE LUIGI ARTINI

APCV, 1458/273

Vérone, septembre 1870

Cher Père Artini,


 

[2328]
J'aurais dû tout abandonner pour venir vous voir et vous parler longuement de l'importante affaire qui se discute entre le Père Stanislao et moi-même ; mais je n'en ai pas eu le temps avant d'avoir fini les Saints Exercices.

Les Pères Stanislao et Franceschini m'ont écrit du Caire en disant qu'ils se portent bien, surtout le Père Franceschini, qui est bien guéri grâce aux bains d'Alexandrie. Le Père Bernardo Girelli m'a également écrit et il vous salue bien.


[2329]
Voici l'affaire : le Père Stanislao veut que je cède complètement à l'Ordre de Saint Camille l'Institut masculin et l'Institut féminin des Sœurs, et il veut que mes Missionnaires soient comme des pensionnaires au Caire. Moi, au contraire, je suis prêt à céder une des maisons du Couvent Maronite et la moitié des jeunes, et à fonder une maison Camillienne en supprimant la mienne. Si je ne cède pas définitivement l'Institut masculin aux Camilliens, Beppi et Stanislao quittent immédiatement l'Egypte et partent en Europe, j'espère qu'il plaisante ! C'est une idée farfelue de mon cher Stanislao, que j'aime plus que moi-même et que j'estime beaucoup. J'offre une des deux maisons masculines que nous avons aux deux Camilliens tant qu'ils restent à deux ; je ne donnerai un ou deux autres bâtiments que quand d'autres Camilliens viendront.

Le Père Stanislao veut que je fasse comme s'il y avait 15 Pères Camilliens au Caire. C'est un poète. Beppi m'a écrit sur le même ton.

Bref, je vous envoie confidentiellement la lettre, dont vous devez garder le secret absolu, et je vous prie de me la remettre demain soir par l'intermédiaire de Bertoli. Je veux qu'il y ait non seulement une maison mais aussi une grande Mission Camillienne en Afrique et je me chargerai moi de la faire vivre, mais je ne veux pas l'implanter en me détruisant moi-même, ainsi que mon Institut de Missionnaires séculiers.

Je viendrai vous voir quand j'aurai terminé les Exercices Spirituels pour avoir votre avis et votre conseil, et soyez sûr que je les apprécierai beaucoup. Mais gardons le silence.



votre affectionnée fils

Abbé Daniel Comboni






365
Père Luigi Artini
0
Vérone
9.1870

N° 365 (343) - AU PERE LUIGI ARTINI

APCV, 1458/274

Vérone, septembre 1870

Révérend Père,


 

[2330]
Vous trouverez ci-joint les deux dernières lettres du Père Stanislao pour que vous puissiez porter le jugement complet que mérite cette affaire avec ce très cher fils de Saint Camille. Votre avis est très important pour moi. Vous êtes intelligent et vous avez un bon cœur, et vous pouvez donner des conseils au Père Stanislao et à moi-même.

Ce que je ne peux pas avaler c'est que le Père Stanislao croit, ou veut croire, que j'ai empêché à Rome l'accord que le Père Guardi était prêt à souscrire.

Les Pères Guardi et Tezza savent tout et connaissent parfaitement l'affaire. J'ai toujours eu confiance en vous et je vous ai toujours apprécié, faites donc en sorte que le Père Stanislao reste dans la mission et attende des temps meilleurs pour l'Eglise et pour les ressources de la mission parce que Stanislao, en dépit de ses défauts, a de très grandes qualités. De tout cœur



votre affectionné

Abbé Daniel Comboni



P.-S. Gardez chez vous les deux lettres du Père Stanislao ; je les prendrai quand je viendrai vous voir.






366
Card. Alessandro Barnabò
0
Vérone
12.10.1870

N° 366 (344) - AU CARDINAL ALESSANDRO BARNABO

AP SC Afr. C. ; v. 7, f. 1409v

Vive Jésus et Marie !

Séminaire de Vérone, le 12 octobre 1870

Eminent Prince,


 

[2331]
Suivant le sage conseil et le souhait de Votre Eminence, j'ai entrepris d'établir, en total accord avec Monseigneur Canossa, le Collège des Missions Africaines à Vérone. J'ai pris pour cela une grande maison, annexée au Séminaire du Diocèse, qui sera entièrement payée d'ici six mois. A tous points de vue cette maison convient à mon but.

Grâce à l'aide du très sage Recteur du Séminaire Diocésain, Dieu m'a concédé un excellent ecclésiastique de Vérone à mettre à la tête du dudit Collège.

Et comme je désire que celui-ci soit solidement formé selon les principes qui inspirent les meilleurs Etablissements pour les Missions Etrangères et selon l'esprit de Propaganda Fide dont le Collège de Vérone doit être l'enfant et la propriété, ainsi ce serait très bien que le nouveau Recteur puisse passer un an ou davantage entre les murs du Collège Urbain de Propaganda Fide. Là il apprendrait les principes et les plus convenables méthodes de formation à l'apostolat, pour en apporter ensuite les trésors dans l'Institut de Vérone ; ce stage lui serait, en même temps, très utile pour ses futurs rapports avec la Sacrée-Congrégation de la Propagation de la Foi. Tout ceci, bien entendu, avec notre contribution économique. Il me semble que le cœur magnanime de Votre Eminence pourrait accorder cette grâce au moment le plus opportun.

Pour l'instant, j'ai avec moi deux excellents ecclésiastiques, dont l'un a 30 ans et est Chanoine. Iil a dirigé avec beaucoup de succès, pendant quatre ans, une paroisse de plus de 20.000 âmes, et il a été gagné à la cause de la Nigrizia, par Dieu et par mon Postulatum au Concile. Trois autres jeunes Prêtres demandent instamment la même grâce, mais nous n'en avons pas encore acquis toutes les informations.


[2332]
Je ne peux pas exprimer ma douleur pour l'énorme crime qui a été perpétré par les ennemis les plus féroces de la Papauté contre notre vénérable Saint-Père et contre le Siège Apostolique. Je dépose aux pieds de Votre Eminence mes condoléances les plus profondes, pour que, si vous le croyez opportun, vous en fassiez part aussi à Sa Sainteté au nom de mes petits Instituts d'Egypte, et je prie afin que Celui qui a entre ses mains le cœur des Rois et de toutes les créatures puisse libérer le plus vite possible des mains des ennemis du Christ, notre Saint Père et la Ville Eternelle, et fasse surgir l'ère désirée du grand triomphe de l'Eglise. Je serais heureux si m'était donnée la possibilité d'alléger, par le sacrifice de ma vie, les peines de notre Saint Pontife et Roi et d'essuyer une seule de ses larmes ; je m'offre corps et âme à Votre Eminence dans ce but, heureux de pouvoir souffrir et mourir pour le Vicaire de Jésus-Christ.

En voyant le mouvement catholique qui débute et l'ensemble des événements actuels, je nourris le plus vif espoir qu'approche le moment où, après un nuage de tribulations passagères, le cœur du Saint-Père sera réconforté, la Providence marquera la fin des terribles luttes entre la Révolution et la Papauté, et la voix de l'Eternel fera résonner dans le monde sa parole "feci iudicium meum et causam meam... et periit impius... Vicit Leo de tribu Juda".

Recevez les hommages de Monseigneur l'Evêque de Vérone, et daignez recevoir les signes de ma parfaite obéissance, de ma profonde vénération et de ma reconnaissance, avec lesquels je me déclare pour toujours



votre obéissant, humble et dévoué fils

Abbé Daniel Comboni






367
Jean François des Garets
0
Vérone
23.10.1870

N° 367 (345) - A JEAN FRANCOIS DES GARETS

APFL

Séminaire de Vérone, le 23 octobre 1870

Monsieur le Président,


 

[2333]
Dès que j'ai lu dans les journaux qu'en France les timbres seront changés à partir du premier novembre prochain, je me suis permis de vous envoyer un bon nombre de timbres que je possède pour qu'ils puissent être utiles pour la correspondance de la Propagation de la Foi pendant les quelques jours d'octobre.

J'annoncerai dans quelques jours le départ de 5 missionnaires pour mes Instituts d'Egypte.

Que Dieu garde la France, cette noble nation qui a créé l'Œuvre admirable de la Propagation de la Foi.


[2334]
Présentez, M. le Président, mes hommages les plus respectueux à votre pieuse famille, à Monsieur l'Abbé Des Georges, à Monsieur l'Abbé Laverrière, à Monsieur Maynis, et priez pour les pauvres Noirs et pour votre



dévoué serviteur

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique



P.-S. Mon départ est fixé pour samedi prochain.

Il y a 108 timbres de 4 sous.

J'exprime les souhaits les plus ardents pour l'Œuvre de mes missions, l'Œuvre par excellence de la Propagation de la Foi ; que Dieu vous garde pendant longtemps.



Texte original français corrigé.






368
Rosa Fiore
1
Limone
23.10.1870
N° 368 (346) - A MADAME ROSA FIORE

ASC, c. 1869-1871



Limone, le 23 octobre 1870

Dédicace.





369
Mgr. Luigi Ciurcia
0
Vérone
18.11.1870

N° 369 (346) - A MONSEIGNEUR LUIGI CIURCIA

AVAE, c. 23

Vive Jésus, Marie et Joseph !

Séminaire de Vérone, le 18 novembre 1870

Excellence Révérendissime,


 

[2335]
J'ai finalement pu savoir que Votre Excellence se trouve sur le terrain de son sublime apostolat. J'espère que vous avez totalement recouvré votre précieuse santé et que l'Egypte et la Nigrizia pourront profiter pendant de longues années de leur très vénérable Père. Bien que je sois votre fils indigne, j'en suis très heureux.

Je veux maintenant vous présenter rapidement un résumé de mes affaires depuis votre départ de Rome jusqu'à aujourd'hui, en me soumettant entièrement à Votre Excellence et vous déclarant en tout une fidèle obéissance.

Le Postulatum signé par une centaine de Prélats a généralement été accueilli avec un grand intérêt non seulement par les Evêques mais aussi par les Eminents Cardinaux et par Sa Sainteté ; et après avoir obtenu l'approbation de la commission chargée de l'examen des propositions des Pères, il a été signé par le Saint-Père le 18 juillet au soir. Quelques Evêques en glissèrent un très cours aperçu dans le Schema Constitutionis super Missionibus Apostolicis, à la page 19, 3ème ligne.

Il est inutile de vous dire que presque tous les Evêques ont eu la bonté de me recevoir, et j'ai été très heureux de leur recommander le Postulatum et de demander leur coopération pour fournir quelques bons sujets à la Nigrizia.


[2336]
Lors des longs et fréquents entretiens que j'ai eus avec Son Eminence le Cardinal Préfet, il m'a été vivement recommandé de bien mettre en place le Collège des Missions Africaines de Vérone ; recommandation qui a été aussitôt répétée à juste raison à Monseigneur Canossa par Son Eminence sinon en Afrique on bâtirait sur du sable s'il n'y avait pas l'appui d'un Institut en Europe.

Notre Cardinal avec son sens de l'humour a fait résonner plus d'une fois à mes oreilles ces phrases : "Ou bien tu me présentes une attestation comme quoi tu vivras encore 35 ans, ou bien tu établis solidement le Collège à Vérone ; dans les deux cas je te donnerai une mission en Afrique Centrale ; autrement, si tu ne mets pas en place le Collège et qu'un accident te porte dans l'autre monde, je crains que ton Œuvre ne finisse avec toi".


[2337]
Or, comme je n'ai trouvé aucun Saint qui assure ma vie du jour au lendemain, il est nécessaire de bien établir le Collège. Puisque je suis profondément convaincu du servus inutilis sum, parce que je ne suis capable que de faire du gâchis, je trouve fort juste l'opinion de Son Eminence.

Je suis donc retourné à Vérone le 12 août avec Monseigneur l'Evêque, et nous avons acheté une grande Maison adjacente au Séminaire de Vérone qui, pour mille raisons, convient parfaitement à notre but. Pour la payer il ne manque actuellement que 13.600 francs. Avec l'aide du très estimable Recteur du Séminaire nous avons pu trouver un excellent Prêtre de Vérone pour qu'il soit le Directeur du Collège, et il occupera son poste au mois de mars prochain pour se consacrer entièrement à l'éducation des candidats africains.

Pendant ce temps le Postulatum produit de si bons fruits que, de nombreux diocèses, parviennent des demandes de bons Prêtres qui souhaitent se consacrer à l'Œuvre ; pour l'instant nous en avons accepté quatre, qui entreront au Collège au mois de mars, quand les locataires auront quitté la maison. J'espère ainsi faire démarrer en peu de temps le Collège. J'aurais voulu placer notre Directeur pendant quelque temps au Collège de Propaganda Fide, mais Son Eminence le Cardinal Barnabò n'a pas jugé cette mesure utile hic et nunc comme il me l'a écrit le 11 de Rome :


[2338]
"Je suis heureux que vous ayez réussi à faire démarrer l'Œuvre des Missions Africaines en plaçant quelques jeunes sous la direction du bon Prêtre que vous nommez. Vous pouvez cependant comprendre vous-même qu'en cette période de tribulations et de deuil, il n'est pas possible de faire venir à Rome le Prêtre comme vous le proposez, mais qu'il vaut mieux se contenter de ce qu'il est possible de faire sur place chez vous. Cependant ne vous découragez pas et mettez la cause des Missions Africaines, pour lesquelles vous vous êtes engagé depuis si longtemps, entre les mains de Dieu. En attendant, je vous souhaite etc... Barnabò."


[2339]
J'espère que l'Institut du Vieux Caire n'aura pas besoin de moi pendant ce temps, car Monseigneur de Canossa me retient à Vérone où je rendrai des visites ici et là pour des raisons pécuniaires.

Cependant si Votre Excellence juge opportun que je me rende en Egypte, un signe de votre part me suffira, car je sais que l'Œuvre, à laquelle je me suis consacré, tient à cœur à Votre Excellence et que dans votre sagesse vous comprenez et voyez mieux que moi la manière et les chemins à prendre pour mieux la servir.

M. Des Georges m'a écrit avec beaucoup d'anxiété à propos du futur de la Propagation de la Foi, étant donné les funestes événements qui se passent en France. Je suis infiniment reconnaissant à Votre Excellence pour l'aide généreuse que vous m'avez donnée cette année.


[2340]
Je veux maintenant soumettre à Votre Excellence une affaire plus que sérieuse en suspens entre le Père Carcereri et moi, qui me cause une profonde affliction.

Chaque jour je demande au Seigneur :

1°. des croix, qui sont nécessaires pour bien implanter et féconder les œuvres de Dieu ;

2°. du personnel masculin et féminin investi de l'esprit de Jésus-Christ ;

3°. des moyens pécuniaires et matériels pour maintenir son Œuvre. La bonté divine est immensément affectueuse en m'accordant spécialement la première grâce.


[2341]
Depuis que ces deux Camilliens sont venus en Egypte munis du Rescrit Pontifical, ils m'ont exprimé leur désir de voir fonder dans le futur une Maison Camillienne en Afrique pour aider les Missions de la Nigrizia et pour être au service de mon Œuvre. Dès le début j'ai toujours souhaité pouvoir répondre à leur désir, et cela pour le véritable bien des pauvres Noirs ; mais j'ai toujours désiré aussi que cela se réalise après que mon Institut de missionnaires séculiers se sera bien implanté et emménagé, et aussi quand je pourrai disposer de moyens suffisants pour fonder la Maison Camillienne, avec, bien entendu, le consentement préalable de Propaganda Fide, du Vicaire Apostolique d'Egypte, de l'Evêque de Vérone et du Père Général des Camilliens.


[2342]
Si, avec le temps, une Mission dans la Nigrizia avait été accordée à mon Institut, mon intention aurait été de confier une ou plusieurs tribus aux Camilliens qui auraient fait partie de mon Institut en Egypte, même si, à ce moment là, le nombre des sujets de Saint Camille ayant augmenté, ils eussent souhaité avoir une mission pour eux seuls, sans dépendre de nous. J'ai toujours tenu ce langage, car je désirais sincèrement contribuer ainsi au bien de ces âmes, mais toujours à condition que l'autorité supérieure approuve le projet.


[2343]
Pendant mon séjour à Rome le bon Père Carcereri m'a harcelé de lettres pour que je supplie son Général de donner son accord à la fondation d'une maison Camillienne au Caire, et il insistait pour que mon Institut masculin du Vieux Caire, ainsi que la direction de l'Institut féminin soient cédés aux Camilliens, et que mes Prêtres séculiers restent en pension chez les Camilliens et soumis aux Règles et au Supérieur Camillien.

J'ai bien compris ce que visait le Père Carcereri ; mais comme cette affaire dépendait plus de Votre Excellence et de Propaganda Fide que de moi, je me suis borné à demander au Père Guardi de bénir les deux Camilliens d'Egypte et de leur permettre de rester dans mon Institut jusqu'à ce que je puisse disposer des moyens nécessaires pour ouvrir une maison Camillienne au profit des Noirs.


[2344]
Le Père Guardi m'a toujours répété qu'il lui était impossible de disposer de Missionnaires, car le personnel lui faisait cruellement défaut. J'ai interrogé plusieurs fois le Père Artini, Provincial des Camilliens de la Vénétie, et il m'a toujours répondu qu'il n'avait même pas une personne disponible pour l'Afrique. Je me suis donc rendu compte que les Camilliens dont l'Ordre pourrait disposer se limitait aux seuls Carcereri et Franceschini. Pourquoi devrais-je m'engager dans un projet de fondation d'une maison pour deux seuls Camilliens, dont l'un des deux, le Père Franceschini, d'après ce que Carcereri m'a écrit, serait tuberculeux ?

Cependant, pour ne pas contrarier l'insistance toujours croissante de ce dernier, craignant, par ailleurs, de perdre un si bon sujet pour la Nigrizia, j'ai offert au Père Général pour les deux Camilliens d'Egypte 3.000 francs par an et une des deux petites maisons des Maronites au Vieux Caire avec l'église en commun, cela avec l'accord préalable de Votre Excellence, bien qu'en moi-même je sois convaincu que cette décision est prématurée. J'ai prié le Père Guardi d'écrire à ses deux fils du Caire et de les consoler affectueusement et paternellement.


[2345]
Je ne sais pas ce que le Père Général a écrit au Caire ; je sais seulement que vingt jours après le Père Carcereri m'ait adressé à Vérone une lettre virulente et menaçante, qui me reprochait de façon acerbe de ne pas avoir voulu conclure quoi que ce soit avec le Père Guardi, d'avoir trahi ses espérances, et de l'avoir trompé ; et si je ne lui envoyais pas, par retour de courrier, un Document confirmant que je cédais mon Institut masculin aux Camilliens, il menaçait d'abandonner immédiatement le Caire avec Franceschini et de retourner en Europe.


[2346]
Une telle attitude si peu humble et sans respect religieux envers son Supérieur immédiat a apporté dans mon âme une douloureuse sensation.

J'ai accepté calmement cette croix, et j'ai invité le Père Stanislao à m'envoyer les noms et les prénoms des Prêtres Camilliens dont il pouvait disposer, et à mettre par écrit le contenu et les conditions de la cession de mon Institut masculin qu'il proposait, je voulais ainsi gagner du temps et mûrir une décision concernant les propositions qui m'ont été offertes, pour les soumettre ensuite à Votre Excellence et à l'Evêque de Vérone si elles étaient raisonnables.

Voici la copie ad litteram du Contrat que le Père Carcereri a eu le courage de me présenter sous la menace d'abandonner immédiatement l'Egypte si je ne donnais pas mon accord formel. Je lui ai répondu qu'en cette période fort douloureuse pour l'Europe et pour la Propaganda Fide il était impossible de consentir à ses demandes. Il a alors pris congé de moi par une lettre datée du 21 Septembre, et c'est la dernière qu'il m'a écrite, excepté deux lignes, qu'il m'a envoyées par le dernier vapeur, pleines de mécontentement et reflétant un très mauvais esprit. Voici le texte du Contrat :




[2347]
Schéma

du Contrat de concession de la part de l'Abbé Daniel Comboni de l'Institut masculin pour les Noirs au Vieux Caire à l'Ordre des Camilliens Ministres des Infirmes.

Le Très Révérend Daniel Comboni, en tant que Fondateur de l'Institut, ainsi que ses successeurs à la direction de la Mission Centrale que la Sacrée-Congrégation de Propaganda Fide confiera au dit Institut, et le Révérend Père Camillo Guardi en tant qu'actuel Vicaire Général de l'Ordre religieux énoncé et ses successeurs au poste de Général de ce même Ordre, s'engagent réciproquement aux conditions suivantes constituant ce contrat de concession :


[2348]
1°. L'Ordre des Ministres des Infirmes assume : a) toute la responsabilité, b) l'obligation d'éduquer les jeunes Noirs conformément aux normes établies par le Plan pour la Régénération de l'Afrique, c) l'administration libre, d) et fait sien le but de l'Institut masculin des Noirs au Caire.


[2349]
2°. Il prend aussi en charge la direction spirituelle et religieuse de l'Institut féminin des filles africaines, seulement en ce qui concerne les aspects religieux et spirituels, il assure la célébration ou l'administration des Saints Mystères dans l'Institut ainsi que pour les malades et les défuntes.


[2350]
3°. Monsieur l'Abbé Daniel Comboni se réserve le droit de disposer des Pères Carcereri et Franceschini pour le bien général de la Mission jusqu'à la fin du quinquennat établi par le Rescrit Pontifical du 5 juillet 1867.


[2351]
4°. Il se réserve aussi le droit de pouvoir disposer librement des jeunes élèves africains de l'Institut selon les besoins particuliers et généraux de la Mission. Mais l'Ordre n'accepte la responsabilité de l'éducation que de ceux auxquels il remettra un certificat en ce sens, tant pour les études accomplies que pour les travaux manuels appris. Cette clause concerne les élèves qui seraient retirés de l'Institut avant d'avoir passé le temps nécessaire, qui sera déterminé, pour recevoir une formation complète.


[2352]
5°. Il se réserve enfin le droit de pouvoir placer, ad tempus, dans l'Institut les élèves séculiers de son Séminaire pour qu'ils puissent s'acclimater, s'initier à la Mission centrale et apprendre les langues. Mais pendant leur séjour dans l'Institut du Caire, ils seront soumis en tout aux Règles générales de cet Institut, ils devront considérer le Directeur comme leur propre Supérieur et, si on le leur demande, ils serviront l'Institut comme les autres religieux, avec lesquels ils vivront en communauté.


[2353]
6°. L'Ordre s'engage à ne donner, ni à permettre aux élèves une destination différente de celle du Plan général de l'Œuvre sans le concours et l'accord de l'Abbé Comboni. Il se réserve toutefois le droit d'accepter et de disposer de ceux qu'il maintient à ses propres frais.


[2354]
7°. M. Daniel Comboni s'engage à pourvoir les religieux et les élèves d'une habitation convenable avec une église et une chapelle privée, et il fera en sorte que, si possible, la maison soit proche de la capitale, avec un jardin potager ou des terrains cultivables pour apprendre l'agriculture aux élèves.


[2355]
8°. Tout ce qui se trouve actuellement dans l'Institut : meubles, linge, nourriture et combustible est pour l'usage exclusif des mêmes religieux et des élèves.


[2356]
9°. Les réparations et les modifications de l'habitation, considérées comme nécessaires seront aussi à la charge de Daniel Comboni et de ses successeurs, celle-ci restant toujours la propriété de la Mission.


[2357]
10°. M Daniel Comboni est aussi obligé, avec les aumônes qu'il reçoit, de donner, pour les vivres et les vêtements, la somme de 6.000 francs par an pour le fonds de maintien de douze religieux, qui est le nombre requis par les lois canoniques. La moitié de cette somme sera payée d'avance en janvier, et l'autre moitié sera payée, aussi d'avance, en juillet. S'il y a plus de 12 religieux, ils seront pris en charge par l'Ordre Religieux.


[2358]
11°. La Société des pauvres Noirs établie à Cologne se porte garante de cette somme pour dix ans ; entre temps, M. Daniel Comboni s'engage à réaliser le capital correspondant en biens immobiliers (et si, comme le dit Son Eminence, un accident porte Daniel Comboni dans l'autre monde ? !), les Religieux continuent cependant à percevoir les intérêts du capital dans les proportions établies dans l'article 1er., et à la mission reste la propriété du capital, sauf conventions ultérieures.


[2359]
12°. Il contribue également aux frais pour les vivres, les vêtements et la formation avec 300 francs par an, pour chaque élève qu'il fait éduquer dans l'Institut, à savoir : les missionnaires séculiers, les Africains, les abandonnés ou les malades recueillis. Les prêtres pensionnaires célébreront aussi la Messe pour l'Institut selon les intentions du Directeur Camillien. Les frais de pension seront calculés tous les quatre mois. Celui qui arrive ou part quand le quadrimestre est commencé, payera la note de cette période dans sa totalité.


[2360]
13°. Ces pensions se payent tous les six mois, d'avance, c'est-à-dire en janvier et en juillet.


[2361]
14°. Avec ces contributions l'Ordre s'engage à prendre en charge la nourriture, les vêtements, le linge, les médicaments, les livres et tous les outils nécessaires, pour les religieux, les élèves et les pensionnaires, et à pourvoir à tout ce qui est nécessaire pour l'église et pour la maison.

L'Ordre reste toujours libre de chercher des aumônes là où il veut et d'en accepter.


[2362]
15°. Les élèves font trois repas par jour avec un plat en plus de la soupe à midi, sans le droit d'avoir du vin et des fruits. La nourriture des missionnaires sera la même que celle des Religieux in omnibus.


[2363]
16°. Ce contrat sera obligatoire et indissoluble pour les deux parties à partir du jour de sa signature. Toutefois, il devra être formellement approuvé auparavant par la Sacrée-Congrégation de la Propagation de la Foi, par Son Excellence le Vicaire Apostolique et par la bien méritante Société de Cologne, pour tout ce qui est de la compétence de chacun dans le présent contrat.


[2364]
17°. Enfin le Contrat commencera définitivement le premier janvier 1871 autant pour les contributions que pour son exécution.



Stanislao Carcereri

Le Caire, le 15 septembre 1870




[2365]
Voici donc le Contrat qui m'a été proposé par le Père Carcereri.

Comme Votre Excellence peut le voir si, hic et nunc dans les funestes circonstances qui affectent la France, l'Europe et Rome, je présentais à l'Eminent Cardinal Barnabò un tel contrat pour qu'il l'approuve, il nous rirait au nez, et il m'enverrait à l'hospice des fous à San Servolo à Venise, attaché avec vingt-huit chaînes ! Ce sera une Providence spéciale de Dieu si l'on réussit à faire vivre convenablement cette année les petites maisons du Caire et le nouveau Collège de Vérone. Il est clair que je dois d'abord penser à consolider mon Institut masculin avec de bons et véritables Missionnaires qui partent du Collège de Vérone.

Alors que ledit Collège a un bel avenir, que de nombreux Prêtres, bons et capables, demandent à y entrer et, qu'il y en aura de plus en plus après le Concile.

De son côté, le pauvre Ordre Camillien a bien du mal à survivre (Votre Excellence peut se renseigner auprès du Père Bernardino Girelli). En effet parmi les 4 ou 5 Provinces que l'Ordre compte en Italie, d'après ce que dit aussi le Père Carcereri, seules les Provinces de Vénétie et de Rome qui auraient une certaine vitalité. Le Père Artini, Provincial de la Vénétie vient de m'assurer que dans sa Province, il n'y a même pas un Camillien qui ait l'intention de se consacrer à l'Afrique ; et le Père Guardi m'a répété plusieurs fois la même chose pour la Province Romaine.


[2366]
D'après ce que je sais, seul le Père Tezza à Rome avec ses trois ou quatre novices seraient en mesure de venir.

Compte tenu de tout cela et étant donné la situation actuelle de l'Europe, de Rome, de l'Ordre Camillien et de mon Institut il me semble clair qu'il vaut mieux garder le statu quo, et tenir le coup pendant quelques années jusqu'à ce que la conjoncture se dénoue et s'ajuste, et que l'on puisse y voir plus clair.


[2367]
Que le Père Stanislao ne vienne pas me raconter que les cinq ans du Rescrit se terminent dans vingt mois : le Père Guardi et l'Evêque de Vérone sont deux personnes raisonnables. Pendant les vingt mois qui restent avant d'arriver au terme du Rescrit on pourra voir si le projet d'implanter une maison Camillienne est faisable ; dans l'affirmative, comme je l'espère, le Rescrit sera prolongé, et tout se fera calmement et sérieusement.

Mais, que l'on cède hic et nunc les Instituts masculin et féminin aux deux Camilliens, et que je m'expose au risque d'être abandonné par mes Prêtres séculiers, avec le danger de voir la source se tarir, je ne crois pas que ce soit utile ou avantageux pour l'Œuvre, ni pour les intérêts de mon Institut et encore moins une bonne affaire pour l'Ordre Camillien. Je souhaiterais vraiment voir une Maison Camillienne fondée pour aider les Noirs, mais je ne veux pas qu'elle détruise la mienne. Je souhaite faire prospérer mon Institut masculin du Caire avec mes Prêtres séculiers, et avoir, en même temps dans la mission le Père Stanislao. Il a certains défauts mais aussi de très belles qualités, et j'aimerais y voir aussi une et même plusieurs maisons Camilliennes.


[2368]
Je viens de donner mon avis et mon point de vue, mais je suis prêt à les changer complètement conformément au sage et perspicace jugement de Votre Excellence, car vous êtes le Chef de mon Œuvre en Egypte et le Père de mes pauvres Instituts.

Je ne saurais rien faire contre mon jugement et ma conscience sauf dans le cas où il devrait en être autrement pour mes Supérieurs, et surtout pour Votre Excellence car vous voyez en profondeur et vous êtes en mesure de prévoir les conséquences de certaines décisions.

Ce qui me tient vraiment à cœur c'est de garder le Père Stanislao en mission.

Il a ses défauts, et il faut user de précautions et d'une très grande prudence pour ne pas le contrarier car il s'irrite facilement. Il manque souvent de respect envers ses Supérieurs, il voudrait leur imposer sa volonté, comme il vient de le faire avec Monseigneur l'Evêque de Vérone auquel, même si ce dernier était Visiteur Apostolique de son Ordre en Vénétie et son Supérieur indirect, selon le Rescrit Pontifical et à d'autres titres, il a eu l'impudence d'écrire, il y a quinze jours, en ces termes : " Si Votre Excellence ne me promet pas par écrit que l'Institut des Noirs sera rapidement confié aux Camilliens, et si mon Général le Père Guardi ne m'écrit pas que Votre Excellence lui a fait une telle promesse, je rentre immédiatement en Europe avec Franceschini ".


[2369]
Voilà le résumé de la longue lettre à l'Evêque, qui en est désolé.

Le Père Carcereri a des défauts qui sont, je crois, la conséquence de la péricardite ou du mal physique qui l'affecte. Mais il a de si belles qualités, de la vertu, de la constance, du réalisme et de l'abnégation, que ce serait pour moi une grande douleur si je le perdais pour la Nigrizia.

Je m'adresse donc instamment au cœur magnanime de Votre Excellence, qui êtes notre Père, et je vous prie de faire en sorte que je puisse garder le Père Stanislao et le faire patienter encore pendant quelque temps, car Dieu, admirable dans sa Providence, accomplira certainement ses vœux ainsi que les miens. Jusqu'au mois dernier, personne ne connaissait ce différend entre lui et moi sauf Franceschini et Rolleri ; mais comme j'en avais informé le Père Pietro (ne sachant pas où Votre Excellence se trouvait), aujourd'hui-même le Père Pietro est au courant de tout. Le Père Pietro et l'Abbé Rolleri trouvent même que les exigences de Carcereri sont justes ; mais je suis sûr que s'ils pouvaient entendre mon son de cloche, il trouveraient justes mes raisons, comme les ont trouvées justes les deux nouveaux venus : le Chanoine Fiore et Ravignani, aussi bien que Pietro Bertoli qui a été Camillien pendant 10 ans.

Je m'en remets à mon Supérieur légitime, c'est-à-dire Votre Excellence, qui est inspiré par Dieu en vertu de sa mission.


[2370]
Enfin, je vous ouvre mon cœur à propos de mon actuel séjour, de courte durée, en Europe.

Le Père Pietro, les Supérieures des Instituts féminins et d'autres personnes m'ont assuré qu'au Vieux Caire, les Instituts marchent bien ; les lettres personnelles des membres de l'Institut me font savoir que, quand l'argent ne manque pas, tout se passe bien dans mes maisons.

D'autre part, il est nécessaire de bien mettre en place le Collège des Missions Africaines de Vérone et le pourvoir de moyens et de bons sujets.

Le Cardinal Préfet a reconnu que ce Collège est très important pour mon Œuvre, et il a raison parce qu'il en est le pivot principal. Puisque mon aide est donc davantage nécessaire pour le Collège de Vérone que pour le Caire, qui a assez de personnel, j'ai pensé, suivant aussi le conseil de Monseigneur Canossa, rester ici.

Mais le premier qui commande ma personne, et le premier qui a le droit de diriger mes pas c'est vous, car vous êtes le premier Supérieur de mes Instituts du Caire qui n'existent et n'ont la possibilité d'exister que grâce à la volonté et ad nutum de Votre Excellence


[2371]
C'est donc vous qui devez décider si je peux rester ici ou retourner en Egypte. Pour les raisons que je viens d'expliquer, je souhaiterais rester jusqu'à Pâques, entre-temps j'irais à Vienne et à Prague pour des questions financières.

Je voudrais mettre en place l'Œuvre du Bon Pasteur en Vénétie et ensuite faire démarrer le Collège.

Mais si Votre Excellence n'estime pas suffisantes ces raisons (même Son Eminence le Cardinal Barnabò m'a vivement recommandé le Collège de Vérone), et si vous trouvez opportun ou souhaitez que je regagne mon poste au Caire, en ne tenant compte que de la volonté de Dieu, je viendrai au Caire, et je ferai votre volonté, qui est, j'en suis sûr, celle de Dieu.

L'Evêque de Vérone est en mauvaise santé, submergé par les tribulations et les épines, il présente ses hommages à Votre Excellence et il vous recommande vivement l'Institut du Vieux Caire.

A présent cela suffit. Excusez-moi, donnez-moi votre bénédiction ; et présentez mes hommages au Père Elia, à Giulio et à Belga. J'embrasse votre main droite avec un respect filial et affectueux et je me déclare



votre humble, obéissant et indigne fils

Abbé Daniel Comboni








370
Elisabetta Girelli
0
Vérone
22.11.1870

N° 370 (348) - A ELISABETTA GIRELLI

AAB

Séminaire de Vérone, le 22 novembre 1870

Très chère Madame,


 

[2372]
Mes nombreuses occupations m'ont empêché de faire un tour à Brescia et à Guzzago, mais j'espère que nous nous reverrons à Brescia avant mon départ pour l'Allemagne.

Le 29 dernier j'ai fait embarquer pour l'Egypte quatre Missionnaires à bord du Saturno à Trieste et ils sont arrivés sains et saufs au Grand Caire. Parmi eux il y a un excellent Chanoine de l'Archidiocèse de Trani âgé de 30 ans qui a déjà été Curé pour plus de 32.000 âmes, et qui a fait des prodiges lors de deux terribles épidémies de choléra qui faisaient plus de 150 victimes par jour dans sa vaste paroisse de Corato. C'est une conquête faite cette année pendant la Messe Pontificale à Saint Pierre de Rome. Pendant que le Saint-Père récitait le Pater Noster, le-dit Chanoine qui était entre quelques Evêques Orientaux et moi, à dix pas du Souverain Pontife, s'est offert à moi pour aller en Afrique. Au même instant, l'Archevêque de Trani l'offrait à l'Evêque de Vérone pour l'Afrique..

C'était la première fois que je le voyais et que j'entendais son nom.

Je vous raconterai de vive voix l'anecdote intéressante sur la façon dont nous nous sommes rencontrés la première fois hors de cette Messe Pontificale.

Je l'ai invité à venir chez moi à Vérone le jour du Rosaire, il se jeta à mes pieds en renonçant au Canonicat et il me dit : "je vous jure une éternelle obéissance dès maintenant jusqu'à ma mort ; utilisez-moi comme un bout de bois".

C'est un petit saint qui sauvera des milliers d'âmes.


[2373]
Je n'ai jamais manqué de prier chaque jour, et même à la Messe, pour vous, pour votre sœur et pour votre fille. Mais je désire que vous priiez toujours pour moi et pour l'Afrique. Nous sommes unis dans le Sacré-Cœur de Jésus sur la terre pour être unis ensuite au Paradis pour toujours.


[2374]
Priez le Divin Cœur à ces trois intentions :

1°. Pour qu'il m'accorde une grande quantité de croix et d'épines à pouvoir à peine respirer, parce que sans les croix les œuvres de Dieu ne peuvent êtres implantées. 2°. Pour qu'il m'accorde, pour l'Œuvre, du personnel masculin et féminin, qui soit revêtu de l'esprit de Jésus-Christ et animé de sa charité.

3°. Pour qu'il m'accorde une grande quantité de moyens financiers et matériels, afin que nos Œuvres puissent subsister.


[2375]
Il faut courir à grands pas sur les chemins de Dieu et de la sainteté, pour ne s'arrêter qu'au Paradis.

Transmettez mes salutations à mon très cher Père Marino Rodolfi à qui j'écrirai bientôt. Ci-joint, au lieu d'une lettre, je lui envoie la photographie de mon Chanoine que j'ai dû faire pour sa mère, qui me l'avait vivement demandée. Présentez aussi mes hommages aux Sœurs de Sainte Angela Merici, et à votre sœur. Je suis dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie votre



humble et dévoué serviteur

Abbé Daniel Comboni

Missionnaire Apostolique



P.-S. Je vous prie de saluer de ma part le Père Marino Confortola.